Ingrid Desjours







Juin 2010

 





Bonjour Ingrid Desjours, une petite tradition chez Plume Libre ; pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour ! Il me semble que la dernière fois j’avais répondu que j’étais « une trentenaire plutôt bien dans ses baskets quand elle arrive à mettre d'accord toutes ses personnalités »… Je persiste, signe, et ajouterai qu’écrire me permet de toutes les explorer !


Votre roman fait partie de la nouvelle collection "Nuit Blanche" chez PLON. Comment avez-vous été contacté pour participer à ce projet ?
J’écrivais Potens quand mon éditeur m’a parlé de cette collection et m’a proposé d’en faire partie. J’ai immédiatement accepté.


 Comment vous est venue l'idée d'écrire ce livre ?
Pour ce qui est de l’idée… sait-on jamais vraiment d’où vient l’inspiration ? Elle est faite d’un patchwork d’inventions et de choses qu’on observe, entend, glane ici et là, d’impressions, de regards, de tranches de vie qu’on croise et qui s’exposent… D’interrogations aussi, pour ce qui est de Potens, sur la notion d’intelligence supérieure, qu’elle devienne handicap ou se fasse arme redoutable.
Quant à l’envie de l’écrire… Potens est un livre très personnel, sombre comme une ombre qui collerait à des morceaux de ma vie, difficiles à oublier et que je n’ai pas eu envie de réprimer, de contenir. De toute façon, l’écriture n’est-elle pas un exutoire, une thérapie ?


Avez-vous fait beaucoup de recherches ?
Oui, parce que je détesterais énoncer des choses erronées. Un peu d’humilité ne fait de mal à personne, alors je me replonge toujours dans les notions de psychologie que je développe dans mes livres et je fais aussi des recherches sur internet, en quête de témoignages… Je m’entoure également de « conseillers techniques » qui me renseignent dans des domaines qui ne sont pas les miens, comme la médecine légale, le droit, les procédures policières…


Avez-vous des petits rituels quand vous écrivez ?
Police noire, Arial 12, texte justifié, 1.5 interligne, format de page à 150%. Une feuille A4 pliée en deux à ma droite pour prendre des notes à rendre chèvre Champollion ou faire des schémas cabalistiques… A gauche de l’ordinateur, mon chat avec qui je me bats pour garder un peu d’espace de travail. Enfin le silence. Un instant de flottement béat où je me mets en transe. Et les vannes qui s’ouvrent avec plus rien d’autre qui compte, pas de temps, pas de corps, plus de limite, juste l’acte de création.


Comment créez-vous vos personnages ? Vous inspirez-vous de vos proches et/ou de vous-même ?
C’est un peu tout ça, oui.
Il y a de pures créations qui sortent de mon inconscient, ma foi très prolifique et torturé… Et puis il y a des métissages. Je joue les apprenties alchimistes en mixant, dans un même personnage, les traits de caractère de différentes personnes que j’ai croisées une minute ou des années. Ça donne des mélanges détonants, des chimères que je m’applique à rendre cohérentes et vraisemblables, ce qui fait que le lecteur peut parfois y reconnaître son collègue de travail, son pire ennemi, ou même s’y projeter lui-même.
Enfin, bien sûr, dans certains personnages, il y a un peu de moi : le vrai moi, l’anti moi, le moi fantasmé… mais seuls mes « très proches » savent dans quelles proportions !



Vous écrivez des thrillers / polars, pourquoi avoir choisi ce genre en particulier ?
Le policier m’a semblé idéal pour une rencontre ludique avec les lecteurs. J’aime bien l’idée de créer une énigme et de les mettre au défi de la résoudre avant mes enquêteurs ! Mais je me dirige de plus en plus vers le thriller « pur »… parce que ça reste, avec le fantastique, mon genre préféré, celui qui me happe lorsque je lis, et me prend aux tripes quand j’écris.


Avez-vous lu les livres de vos petits camarades ? Un avis sur chacun d'eux ?
J'ai lu Surhumain et Le fils des brûlés. J’aime les styles et les rythmes très différents de mes deux copains de collec’ ! Et bien sûr, j’attends Usurpé. Ces trois loustics sont aussi des potes dont je découvre la sensibilité et l’intelligence en filigrane de leur roman, ainsi que lors de nos nombreux échanges sur le net ou de visu. On est une équipe de solitaires. J’aime bien.


Avez-vous rencontré les autres auteurs de cette collection et avez-vous un truc super moche à nous raconter sur chacun d'eux ainsi que sur votre tortionnaire... Heu, éditeur... C'est le moment de vider votre sac et de vous lâcher grave ! Mouhahaha...

Puisqu’il le faut… mais notez que c’est, bien sûr, à mon corps défendant !
Thierry Brun n’a pas encore découvert le principe du smiley, ce qui fait qu’en tchat il écrit « sourire » en toutes lettres au lieu de :o)
Laurent Brard réceptionne systématiquement les bouchons de champagne avec ses yeux (il présente la discipline aux prochains JO).
Laurent Terry n’a pas son pareil pour resquiller dans une file d’attente, l’air de rien !
Quant à mon éditeur… je crains que ce ne soit plutôt moi, la tortionnaire !

Vos derniers coups de cœur littéraires, cinéma et musique ?
Littéraire : Seul le silence de R.J Ellory… une belle réflexion sur les notions de responsabilité et de culpabilité servie par une plume magnifique.
Cinéma : Avatar, pour le dépaysement, la créativité…
Musique : La Superbe, de Benjamin Biolay. J’aime les textes, la voix, la musique. Je l’ai vu en concert et l’ai trouvé à la fois très pro et généreux.


Quels sont vos projets ?
M’immerger virtuellement dans le Grand Froid lapon, pour écrire mon troisième roman dont l’intrigue se passera là-bas… et attaquer le 4e qui bouillonne déjà dans ma tête. J’ai aussi des envies de voyages qui me chatouillent et viendront sûrement colorer ce que j’écris.


Merci beaucoup Ingrid Desjours, vous avez le mot de la fin.
Du fond du cœur, parce qu’il ne bat jamais aussi bien que lorsque j’écris, un grand merci aux lecteurs qui font vivre nos personnages, aux libraires qui transmettent leur passion des livres jour après jour, et enfin aux blogueurs et autres chroniqueurs littéraires sans qui nous autres, nouveaux auteurs, passerions complètement inaperçu. Vous nous aidez à écrire, vous nous donnez la foi et l’envie de continuer, malgré les doutes.
Alors MERCI.



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