Watts Peter






Starfish

 




Lenie Clarke est chef d'équipe dans une station des abysses sur la côte pacifique, chargée d'exploiter et de contrôler l'énergie géothermique. Comme ses compagnons, elle a d'abord suivi des tests et un entraînement rigoureux puis subi des altérations génétiques qui lui permettent d'accoutumer sa vision à l'obscurité et de respirer dans l'eau lors des sorties obligatoires.

Stop, arrêtons ici le résumé pour ne pas gâcher le livre. Les quatrièmes de couverture étant parfois un peu trop bavards. Il s’agit de mon premier roman de Peter Watts cité outre-Atlantique comme le nouveau pape de la SF. N’ayant pas lu "Vision aveugle" je ne pourrais me prononcer sur l’évolution de son style.

« Starfish » se déroule pratiquement qu’au fond de l’océan au sein des grands rifts. L’auteur se prête donc ici au jeu du huis-clos où paradoxe il n’y a justement pas de clôture. C’est l’une des premières remarques qui viennent à l’esprit quand on commence ce livre. La manière dont l’auteur arrive à dépeindre l’ambiance qui règne au fond de l’océan est absolument glaciale et parfaitement rendue. Il nous plonge, sans mauvais jeu de mot, au fond de l’abysse et propose de découvrir les impacts psychologiques qu’une telle vie a sur les habitants de la station. L’ambiance est étouffante et l’auteur ne fait rien pour désengager la situation.
Luxe scénaristique, il se permet de dégager des personnages importants au bout de 60, 70 pages sans autre forme de procès pour recommencer avec d’autres. Il s’agit là d’un pari audacieux car cela désarçonne en général le lecteur. Les personnages sont assez bien rendus surtout au niveau de leurs névroses. On pourrait regretter que les personnages secondaires ne soient pas un peu plus en avant, Lenie Clarke ayant tendance à vampiriser la scène.
Le début du roman est assez long à se mettre en place et souffre de certaines répétitions mais participe à nous faire rentrer dans le quotidien de ces mécaniciens de l’extrême. On se rend d’ailleurs vite compte que les fonds marins ont une grande influence sur les habitants de la station sous-marine de maintenance. La deuxième partie du roman commence à nous présenter les enjeux du roman et devient du même coup plus attractive notamment à travers le personnage du docteur qui est là comme le candide du roman dont le rôle explicatif nous délivre de l’obscurité de certaines situations.
Watts nous livre à travers ce roman une mine d’informations sur des sujets aussi divers que la géologie, la biologie ou bien encore la psychologie humaine. Mais cette éducation est parsemée au gré des pages et oublie complètement d’être trop explicative, pour notre plus grande joie.
La fin du roman s’accélère comme il se doit et finit presque en queue de poisson avant de savoir que Starfish est le premier volet d’une trilogie consacré aux « rifteur ».
« Starfish » est un roman ambigu, remarquable par certains cotés, il énerve à force de répétitions par moment. On ne peut cependant nier l’excellence de l’écriture du romancier. Un livre dur à lire qui ne m’a pas complètement convaincu mais qui mérite largement d’être lu notamment par la magnificence des descriptions des fonds des océans. J’attends la suite de la trilogie pour me faire une opinion définitive.

A noter que les deux premiers chapitres sont issus de nouvelles rédigées par l’auteur il y a de cela quelques années.

Starfish, parution novembre 2010, éditions Fleuve Noir.
Parution septembre 2012, éditions Pocket

Le site de Peter Watts




 
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