Jean-Luc Bizien - Collection Vivez l'aventure.







Présentation de la collection.





 

Jean-Luc Bizien (Directeur de la collection) nous présente la collection VIVEZ L'AVENTURE, une collection qui depuis quelques années fait peau neuve et ravis des milliers de jeunes lecteurs (+ de 2 millions d'exemplaires vendus).

 

Bonjour Jean-Luc Bizien, pourriez-vous nous présenter la collection « Vivez l’aventure »?
Vivez l’aventure est l’une des plus anciennes collections de livres pour enfants. Elle a fêté cette année ses vingt-cinq ans d’existence ce qui, à l’heure où les collections naissent et disparaissent le temps d’un clic sur Internet, est un véritable record de longévité…
Il s’agit de livres-jeux, qui sont un peu les cousins – en version « junior » – des Livres dont vous êtes le héros. Ces albums s’adressent à de jeunes lecteurs et leur proposent de s’amuser dans des univers chaque fois différents, en s’identifiant au personnage principal et en l’animant au fil du récit.
À chaque double page, un défi, un jeu, un choix… Car ces livres ne se lisent pas comme les autres : le lecteur choisit lui même son parcours, il vit l’aventure.
Vous êtes prévenus : trouver la solution des jeux, effectuer les bons choix, c’est arriver à une fin heureuse, à la victoire. Dans le cas contraire, le héros est voué à une fin terrible… et le lecteur invité à commencer une nouvelle quête, en repartant au début.
Je crois que la force de cette collection, c’est de permettre aux jeunes lecteurs de « prendre le pouvoir » sur l’aventure, de découvrir une forme de lecture active.

Comment a commencé cette collection ?
À l’origine création de deux anglais – Patrick Burston et Alastair Graham – elle a vu quelques auteurs tenter leur chance par la suite. J’ai écrit La Forêt aux 100 sortilèges pour Didier Graffet en 1995 – ce qui ne me rajeunit pas ! – et le succès a été immédiatement au rendez-vous (plus de 150 000 exemplaires de ce titre ont été vendus).
Peu à peu, j’ai étoffé l’équipe d’illustrateurs avec lesquels j’aimais travailler. On m’a confié aujourd’hui la collection et je l’anime avec grand bonheur en compagnie de mes camarades. J’ai la chance, depuis le début, de ne travailler qu’avec des gens que je respecte et j’apprécie.
On peut parler d’une famille Vivez l’Aventure.


Comment êtes-vous arrivé dans cette aventure ?
Ma carrière chez Gründ démarre grâce à une forte envie d’aller aux toilettes… Énoncée comme ça, l’histoire prête à sourire, mais c’est pourtant la stricte vérité.
Didier Graffet sortait tout juste de son école d’art. Il a illustré Chimères, mon second jeu de rôles, en 1994 et c’était son premier job professionnel. Il s’est ensuite rendu au salon de Bologne et a enchaîné rendez-vous sur rendez-vous. À chaque fois, le même discours : « J’aime BEAUCOUP ce que vous faites, mais je n’ai pas de projet qui blablabla… » Le dernier rendez-vous avant retour en France s’effectue chez Gründ, où Graffet croise la directrice éditoriale.
Laquelle le plante là sans autre forme de procès parce qu’elle a « besoin d’aller aux toilettes ».
Didier hésite. Repartir ? Attendre ? Apparaît alors un homme en costume trois pièces, qui accepte de regarder son travail et s’enthousiasme à la découverte des planches. Au point qu’il lui donne sa carte et lui assure qu’ils travailleront ensemble sous peu. Cet homme, c’est Alain Gründ en personne. Qui ne regarde JAMAIS  le moindre book d’illustrateurs, puisque ce n’est pas son job.
Voilà toute l’affaire. Je ne suis pas convaincu que la directrice éditoriale – partie pisser au meilleur moment, louée soit sa vessie défaillante ! –ce serait enthousiasmée de la même manière…
De retour à Paris, Didier se présente aux éditions Gründ, qui lui annoncent, catastrophées que la collection s’arrête parce que le scénariste, Patrick Burston, a décidé de raccrocher…
— À moins que vous ne connaissiez un spécialiste des jeux, capable d’écrire ce type d’albums…
Tadaaaaam ! Didier Graffet peut me sortir de son chapeau et nous nous mettons au travail.
Vous le voyez : ma carrière chez Gründ ne tient qu’à une envie d’aller aux toilettes.
Ça n’est pas glorieux, mais on s’en satisfera !

Comment choisissiez-vous les thèmes abordés dans chaque volume ?
Je fonctionne à l’envie – qu’elle émane d’un des illustrateurs, ou de moi. J’essaie, dans la mesure du possible, de travailler avec les dessinateurs en fonction de leurs univers personnels, pour qu’ils se sentent à l’aise et éprouve le maximum de plaisir. Je sais, pour avoir fait un peu de dessin il y a fort longtemps, qu’un de ces albums réclame un travail acharné. On n’imagine pas le nombre de contraintes liées aux livres-jeux. Les illustrations doivent être belles, attractives, on doit y réserver la place pour le dessin, le jeu doit être à la fois complexe mais faisable même par les plus jeunes lecteurs… Autant, dans ces conditions, que le sujet plaise au dessinateur.
Quand le scénario vient de moi, je le propose à celui ou celle dont la sensibilité me paraît la plus proche, et j’attends son verdict. Quand au contraire, c’est un illustrateur qui me fait part d’une envie particulière, je m’attache avec jubilation à un scénario.

 Comment sélectionnez-vous les illustrateurs ?
Par affinité – ceux qui travaillent aujourd’hui dans cette collection sont tous des amis. La vie est courte, autant ne pas perdre de temps et profiter des bons moments. Il se trouve que je suis extrêmement gâté : mes amis illustrateurs sont tous talentueux.
De plus, connaître son partenaire a un double avantage : on évite les faux pas, tout en s’autorisant un véritable dialogue. Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais chacun donne le meilleur, pour qu’à l’arrivée l’album nous ressemble à tous les deux et que nous en soyons fiers.

Pourquoi le nombre « 100 » dans les titres ?
C’est une idée, à l’origine, de l’équipe éditoriale. Sans être certain qu’elle soit lumineuse, je suis tenu de perpétuer la tradition. En effet, nombre de lecteurs nous en ont fait la remarque lors de séances de dédicaces, ce nombre ne correspond à rien de concret (il n’y a jamais « 100 défis », au fil des 48 pages de l’album…)
En revanche, ces mêmes lecteurs, interrogés, avouent ne pas connaître le titre de la collection (« Vivez l’aventure » ne leur parle pas), ni l’éditeur (« Gründ ? Ah bon ? »). Quant aux noms des Mais qu’on évoque en leur présence la collection des « machins aux 100 trucs » et leurs yeux s’illuminent.
Me voilà condamné à trouver des titres avec ce maudit « 100 » bien en évidence !

Quelles sont les différences entre l’écriture d’un livre jeu et un roman ?
Ce sont deux métiers différents. C’est toujours de l’écriture, bien entendu, mais les approches sont radicalement différentes. Un peu comme un musicien qui composerait du rock et passerait de temps à autre à l’opéra : cela reste de la musique, mais les partitions ne sont pas les mêmes.
Et puis le lectorat est différent, ma démarche n’est pas la même. Les « Vivez l’Aventure » sont des objets littéraires (j’allais dire « OVNI ») purement ludiques. S’ils sont documentés, ils ne sont jamais didactiques et je me refuse d’y inviter à la réflexion. Les enfants de sept à douze ans ont assez des livres scolaires pour travailler, les albums que je leur propose ne sont là que pour une récréation de l’esprit (ce qui ne signifie nullement qu’ils demeurent passifs et que leurs neurones ne sont pas mis à contribution !)
Prenons un exemple : quand j’écris des titres dont l’action se déroule dans l’Empire romain, je me documente. Je fais en sorte que tout soit exact, rigoureux… mais je ne cherche pas à leur apprendre quelque chose de gré ou de force. Certains lecteurs s’amuseront, sans chercher à voir plus loin, d’autres iront se documenter à leur tour, en creusant des pistes que l’album leur aura juste suggérées.
La seule notion que je garde à l’esprit en écrivant un album, c’est celle de PLAISIR DE LECTURE.
Quand je m’atèle à un roman, parce que mon lectorat n’est pas le même, la démarche est presque inverse. J’invite à la réflexion, sous couvert de divertissement.

Comment trouvez-vous les énigmes ?
C’est une… énigme à laquelle je n’ai pas de réponse. J’ai souvent évoqué l’écriture de ces albums avec d’autres auteurs, qui éprouvaient de grandes difficultés à trouver les jeux, qui viennent naturellement chez moi. Ils s’imposent en fonction de la situation, sans que j’ai à suer sang et eau pour les trouver. Sans doute mon passé dans le Jeu de Rôle y est-il pour beaucoup. J’ai cette culture du « tout ludique » qui me facilite la tâche.

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Comment passe-t-on du statut d’auteur à celui de directeur de collection ?

Après 15 ans de bons et loyaux services ! Parce que les autres se sont épuisés en chemin, ou n’ont pas su se renouveler. Parce que l’éditeur accorde sa confiance… et aussi parce qu’on a su tisser des liens forts et sincères avec les illustrateurs. Quand je parle de la « famille » Vivez l’Aventure, j’y crois aujourd’hui. Et j’ai d’autant plus de bonheur à en animer les assemblées.


Quels sont les prochains titres ?

Les titres ne sont pour le moment que des titres de travail, mais les sujets sont :
• le monde de la télé réalité et des télés crochets musicaux
• un manoir et des vampires
• la coupe du monde de rugby
• une aventure au pays des lutins
Et bien d’autres encore, sur lesquelles je travaille. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises… et nous non plus !

Merci, Jean-Luc Bizien, nous vous laissons le mot de la fin ?
Merci à vous pour l’intérêt que vous portez à cette collection. J’espère vous avoir donné l’envie de la découvrir, et je serais ravi de vous croiser lors d’un salon, pour en parler de vive voix – avec vous… et avec vos enfants !
Le plus beau compliment nous a été fait par cette dame, à Brive, qui nous a juré que ses enfants ne lisaient pas… jusqu’à la découverte de Vivez l’Aventure. Si cette notion de PLAISIR demeure présente, alors nous avons fait notre travail. Et nous en sommes récompensés quand des étoiles s’allument dans les pupilles de nos lecteurs.


 Du même auteur : Biographie, chronique, interview
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