Éric Giacometti

 



Eric Giacometti

 

 

Bonjour Éric Giacometti, notre dernière interview avec vous date de février 2009, que s’est-il passé dans votre vie professionnelle depuis tout ce temps ?
Avec Jacques Ravenne nous avons publié, chez Fleuve Noir, deux autres aventures d'Antoine Marcas, « Apocalypse » en juin 2009 et « Lux Tenebrae » en juin 2010, ainsi que « Le Symbole retrouvé », en décembre 2009, une enquête maçonnique sur le livre de Dan Brown, « Le Symbole Perdu », qui reparait en poche chez Pocket aujourd'hui. Par ailleurs, nous travaillons, en tant que scénaristes, sur l'adaptation du « Rituel de l'Ombre » en BD, chez  Delcourt. Il sortira en deux tomes, le premier est en finalisation de dessin et le second en cours d'écriture. C'est assez excitant de voir son héros prendre apparence et écrire une BD était un rêve d'enfant. Le contact est tout de suite passé avec Guy Delcourt, l'éditeur, et Grégoire Seguin, qui pilote le projet.


Lors de l’écriture du premier volet des aventures d’Antoine Marcas (Le rituel de l’ombre), aviez-vous prévu d’en faire un personnage récurrent ?
Absolument pas. On en revient d'ailleurs toujours pas du succès d'Antoine auprès des lecteurs (trices). Ca nous a un peu dépassé au début mais maintenant il fait partie de la famille. On a eu la chance de venir juste après le Da Vinci Code qui a re-popularisé le genre thriller ésotérique. 7 ans plus tard, Antoine continue de traquer secrets et infâmes criminels avec autant de bonheur pour nous. Le plus dur dans ce métier d'écrivain, ce n'est pas de faire un best seller mais de tenir sur la durée et de garder ses lecteurs. Et ce n'est jamais gagné d'avance.


Comment est né le personnage d’Antoine Marcas ?
De réflexions entre Jacques et moi, nous voulions un héros franc-maçon sympathique, à contre courant de l'image négative des frères souvent véhiculée par les médias. Un flic intègre, qui croit en son idéal maçonnique, qui ne trempe pas dans des affaires louches. Mais ce n'était pas suffisant, nous ne voulions pas écrire de polar traditionnel. Quand nous étions plus jeunes, nous avions une véritable passion pour tout ce qui touchait à l'ésotérisme, à 17 ans, on allait faire des fouilles dans le château cathare de Montsegur pour trouver le Graal et à Rennes-le-Château pour découvrir le trésor de l'abbé Saunières. L'idée de faire un thriller ésotérique s'est imposée naturellement, mais avec le souci de faire découvrir au lecteur la réalité dans les loges, loin des fantasmes. La formule s'est lentement décantée, une véracité dans la description des rituels maçonniques mais une ouverture totale sur les grands thèmes ésotériques traditionnels (alchimie, templiers, Rennes-le-Château, etc). La France a la chance de posséder un patrimoine légendaire unique dans ce domaine, les sujets ne manquent pas.

 

Comment choisissez-vous les différentes périodes historiques que vous abordez dans vos romans ?
Ils sont choisis en fonction de la thématique abordée. Pour le Rituel de l'Ombre, le premier, nous avions des neo-nazis, il fallait donc faire des retours sur l'occupation. Pour le Frère de Sang, c'était l'alchimie donc une partie historique sur Nicolas Flamel. Pour le Septième Templier, la période avec Philippe le Bel et la chute de l'Ordre du Temple. Mais ce canevas historique ne se construit que si l'on sait exactement ce qui se passe dans la partie contemporaine avec Marcas.


Giacometti & Ravenne - Le septième TemplierQuand vous commencez un nouveau roman, avez-vous déjà en tête l’intégralité de l’histoire ou vous laissez-vous portez par votre intrigue, vos personnages ?
Nous nous réunissons tous les deux pendant quelques jours, seuls, souvent en Espagne, du côté de Gérone, pour trouver la thématique, puis ça se décante et on essaye de bâtir un plan et des profils de personnages. Pour le Septième Templier, nous voulions partir sur le trésor légendaire, supposé perdu de l'Ordre, avec une interprétation maçonnique naturellement. Le livre est construit, pour la partie contemporaine comme un grand jeu de piste dans Paris, avec des énigmes à découvrir, plus une autre ligne de narration à Rome au Vatican avec la figure du pape. Pour la partie templière, il fallait être au plus près de cette période tragique de l'arrestation des chevaliers. Mais ça n'était pas encore suffisant, et au bout d'un mois nous avons ajouté un élément transversal fort : Et si le Vatican avait été ruiné par Madoff. J'avais suivi cette affaire dans le cadre de mon travail de journaliste économie au Parisien/Aujourd'hui et j'avais été fasciné par ce type, à ce jour le plus grand escroc que la terre ait porté. Du coup, nous avons bâti cette transversalité entre deux univers, économique et ésotérique, pour surprendre le lecteur. Je crois d'ailleurs beaucoup à cette transversalité, et que je retrouve d'ailleurs chez d'autres auteurs de thrillers, comme mes potes de la Ligue de l'Imaginaire. Deux exemples récents, prenez Thilliez, qui dans Gataca mélange le polar traditionnel et la génétique ou Chattam dans Le Requiem des Abysses qui mixte thriller fantastique et historique.  Ou hors Ligue, Maud Tabachnik que j'ai découvert sur le tard, et qui pour moi est presque un auteur américain (lol), et c'est un compliment. C'est pour ça que le polar traditionnel, à la française, m'ennuie un peu. Un meurtre, un flic, un pseudo message social à deux balles, le tout en deux cent cinquante pages vite torchées, bof bof. Les lecteurs ne s'y trompent pas, il suffit de voir les ventes à la fin de l'année, largement dominées par les auteurs de polar étrangers. Ce qui est drôle c'est que les auteurs de  polar à la papa détestent généralement les auteurs français de thrillers qu'ils  traitent de « commerciaux ». Ils sont persuadés qu'on leur prend des places sur les rayonnages à cause du marketing. Ils se sont trompés d'ennemis. Ils se sont fait bouffés tout cru, dans leur catégorie,  le noir, par les auteurs scandinaves.  Il suffit d'aller faire un tour dans un rayon polar d'une grande librairie, mieux vaut prendre des moufles, c'est rempli de pavés norvégiens, suédois, finlandais et autres danois ! C'est dommage et je plains les nouveaux auteurs français dans le noir, il y en a de très bons, ça doit pas être évident de faire son trou. Mais bon, je ne désespère pas un jour de faire un débat sur ce sujet et de proposer une alliance sacrée (rires)...

 

Votre héros, le commissaire Marcas, est souvent mis à rude épreuve dans ses aventures.  Que lui réservez-vous pour le prochain ? Un écartèlement sur la place publique ? Le soumettre à la question ? Lui badigeonner les pieds de miel et les faire lécher par une chèvre ???
Vous faîtes allusion au supplice assez particulier que lui inflige la Louve dans le Septième Templier ? Ceux qui ont lu le premier James Bond Casino Royal de Ian Fleming ou vu le film avec cet imposteur de Daniel Craig comprendront...

 

Peut-on espérer bénéficier pendant encore longtemps des aventures du commissaire Marcas ?
Tant qu'il y aura des lecteurs et des lectrices ayant de la sympathie pour ce personnage, oui ! En tout cas, trois autres sont prévus chez Fleuve Noir.

 

Pensez-vous un jour créer une série avec de nouveaux personnages ?
Oui. Avec Jacques, nous avons quelques idées... Il faut laisser murir.

 

Le septième templier (éditions Fleuve Noir) vient de paraitre, pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
Nous vous révélons où se trouve le trésor des Templiers et nous assassinons le pape en place Saint Pierre....


Quels sont vos rapports avec les francs-maçons depuis que vous mettez en scène un personnage appartenant à leur confrérie ?
J'ai beaucoup de sympathie, au point que certains sont persuadés que j'en suis. Il paraît qu'on appelle ça des « maçons sans tablier ». Je trouve qu'ils sont une cible un peu trop facile pour les médias. J'ai rencontré des gens de très grande qualité, morale et intellectuelle, mais ceux là n'intéressent pas beaucoup les confrères journalistes qui préfèrent les brebis galeuses. Il y en a, mais réduire la franc-maçonnerie à un réseau d'influence, et méconnaître son histoire et ses idées me semble un peu primaire. Et puis, quand on prend un peu de hauteur historique on s'aperçoit qu'ils ont été porteurs de grands principes démocratiques et sur le plan symbolique la maçonnerie est d'une richesse incroyable.

 

Qu’auriez-vous envie de dire aux lecteurs qui ne connaissent pas encore vos romans ?
Lisez-en un, le Septième Templier par exemple, sans à priori sur le genre Thriller ésotérique. Et si vous n'aimez pas et bien allez au diable.


Internet joue un rôle de plus en plus important dans notre vie quotidienne. Qu'en pensez-vous ? Avez-vous réussi à conquérir des lecteurs grâce à ce média ?
Facebook est un réseau prodigieux. Nous pouvons discuter en temps réel avec nos lecteurs. Notre ami, Carlino, a créé un groupe Antoine Marcas qui rassemble un peu plus d'un millier d'accros. C'est formidable. Les sites comme le vôtre aussi, des lecteurs et lectrices prennent la place et l'influence de critiques de polar moins ouverts que vous sur d'autres genres. Les éditeurs l'ont très bien compris et vous envoient les livres en service de presse, c'était inimaginable il y a quelques années. Pour dire les choses clairement, à de rares exceptions, la plupart des critiques, polar en particulier, zappent totalement Antoine Marcas depuis des années, en dépit des 800 000 exemplaires vendus depuis sept ans. Je n'ai pas vu un seul numéro de dossiers Polar de grands hebdos où le nom de Marcas était cité. Ils pensent que le thriller ésotérique c'est de la daube et que les lecteurs qui aiment ça sont des gens un peu curieux (pour être poli, j'ai entendu d'autres qualificatifs). Au début c'était rageant et puis on s'y fait. Du coup, internet permet de se faire connaître auprès des lecteurs par des sites comme Plume libre.


Quels sont vos projets ?
90 80 38 3 38 10 15 84 15 3 83 85 38 10 15 84 85 15 3 80 86 90 15 83 85 86 83 15. Le code est dans le Septième  Templier.



Merci Eric Giacometti, nous vous laissons le mot de la fin.
Il paraît que Randy Orton est un petit rigolo, c'est vrai Raven ?

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