Gilles Legardinier

 



Gilles Legardinier


Bonjour Gilles Legardinier, vous êtes maintenant un habitué de l’interview Plume Libre, entrons donc directement dans le vif du sujet, c'est-à-dire « Demain j’arrête ! », votre nouveau roman. Pourriez-vous nous en dire plus à son sujet ?
Après « Nous étions les hommes », qui m’avait demandé beaucoup de recherches et traitait d’un sujet extrêmement sérieux, j’ai eu envie de quelque chose de plus léger. Mes proches me demandaient souvent pourquoi je n’écrivais pas quelque chose de drôle, étant donné que je suis moi-même un garçon assez joyeux... Alors voilà, je me suis interrogé sur ce qui me touchait le plus et ce qui me faisait le plus rire. Je n’ai pas eu à chercher longtemps et « Demain j’arrête ! » est né. Tout s’est cristallisé autour d’une question qui trouve un écho en beaucoup d’entre nous : quel est le truc le plus idiot que nous ayons jamais fait ? La réponse révèle beaucoup, surtout si on se demande pourquoi ou pour qui on l’a fait…


Demain j'arrête ! - Gilles LegardinierAprès deux « thrillers », vous vous lancez dans la comédie. Pourquoi ce changement ?
À mon sens, ce n’est pas un changement. Je vais continuer à écrire des thrillers et j’en ai vraiment envie. La comédie correspond simplement à un autre aspect de ce que je suis. C’est une autre émotion, un autre ton. Je ne crois pas qu’il existe des gens uniquement sérieux ou uniquement drôles, alors pourquoi se limiter à une seule partie de ce que l’on est ? Les restaurants qui servent toujours la même recette sont – sauf exception – rarement les meilleurs. Modestement, j’espère mettre tout ce que je peux de moi-même au service des lecteurs, et j’irai au bout de ce que la vie m’apprend de plus fort et de meilleur pour cela.



En tant qu’homme, nous imaginons que l'écriture de certaines scènes concernant Julie a dû être, comment dire, jubilatoire (ce qui est sûr, c'est que ça l'est à la lecture). Est-ce facile pour un homme de se transposer dans la tête d'une femme ?
J’espère que la plupart de mes confrères qui mettent en scène des meurtriers sanguinaires psychopathes n’en sont pas... Le propre d’un auteur, comme d’un acteur d’ailleurs, est de se glisser dans la peau de ses personnages. Pour moi, écrire à la première personne un personnage de jeune femme n’a pas été compliqué. Depuis que je suis gamin, j’observe ceux qui m’entourent. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les femmes de ma vie, et du coup nous avons beaucoup échangé et elles se sont beaucoup confiées. Même si aucune des anecdotes de mes proches n’est dans ce livre, j’en ai tiré une matière, une connaissance, que j’avais envie de restituer sous une forme affectueuse et si possible, joyeuse. Depuis toujours, j’ai eu la réputation d’être un garçon pudique, voire coincé, parce que je trouve vulgaire d’étaler ce qui est intime, parce que je trouve stupide de tuer l’innocence. Je crois à la courtoisie, au charme, au coup de foudre, et ce que je vois de ceux qui sont heureux me pousse à y croire encore plus fort. « Demain j’arrête ! » me permettait de traiter, à ma façon, le parfum des premières fois, ces sentiments aussi délicieux que redoutables qui font que parfois, votre cœur ne bat plus pour vous-même, mais pour celui – ou celle – que vous aimez. Quel bonheur d’être plus que des animaux…

 

Julie, votre héroïne, va prendre tous les « risques » pour l’homme de sa vie. Pensez-vous qu’en amour tout est permis ?
Je ne sais pas si tout est permis, mais je suis certain que tout est nécessaire. Une fois que l’on a trouvé celui ou celle pour qui on éprouve ce qui n’a jamais été ressenti avant, alors il faut lâcher prise, donner, être prêt, se battre. Quitte à se faire rembarrer, quitte à ne plus voir personne d’autre, quitte à oser devenir ce que l’on est, quitte à ignorer ses peurs. C’est ensuite, une fois que l’on ne se trahit plus, une fois que l’on sait pour qui on existe, que commence la vraie vie. C’est un effort, c’est un risque, mais c’est sans doute le seul qui vaille la peine dans nos vies. De cette fragilité, de ce danger surgit ce qu’il y a de plus beau et, paradoxalement, de plus fort. Le plus difficile, ce n’est pas de savoir ce qui est permis ou non, c’est de ne pas louper les rencontres qui font une vie.


D'où tenez-vous que tous les mauvais garçons ont de belles fesses ?
Lorsque j’avais dix-huit ans et que pour la première fois, j’ai eu des responsabilités au sein d’un grand studio de cinéma, il m’arrivait d’être obligé d’aller au pool des secrétaires, une salle assez grande où étaient réunies toutes les demoiselles, souvent très jolies, qui attendaient les travaux de secrétariat des différents services. Cet endroit faisait peur à tous les mecs, même les plus aguerris, parce que dès que vous franchissiez le seuil, vous étiez épluché, évalué de la tête aux pieds par une bonne vingtaine de jeunes femmes qui y allaient toutes de leur commentaire une fois que vous étiez ressorti. Une épreuve… Les seuls à s’en tirer haut la main étaient certains coursiers… Étant considéré comme plutôt chaleureux, les filles se sont toujours montrées bienveillantes à mon égard, et parfois elles se sont lâchées devant moi. Un vrai cadeau pour qui veut comprendre ce monde ! C’est là que j’ai pris conscience de l’importance qu’ont nos fesses aux yeux d’une bonne part de la gent féminine. Depuis, beaucoup me l’ont confirmé, et quelques-unes m’ont même parlé des miennes !


Enfant, avez-vous été traumatisé par des chats faisant des petits derrière les buissons ?
J’ai toujours été fasciné par les chats, j’en ai eu moi-même un lorsque j’étais adolescent. Ils sont beaux, racés, ils font ce qu’ils veulent. Les chatons sont craquants. Mais il ne faut pas s’y tromper : malgré les apparences, nous sommes leurs animaux de compagnie ! Une fois que vous avez découvert cela, vous prenez un malin plaisir à les voir basculer du canapé, à les surprendre pendant qu’ils se lèchent l’arrière-train dans des positions ridicules. Et que dire de leurs feulements la nuit, au printemps, quand ils se flanquent des peignées avant d’aller convoler ? Qui n’a jamais jeté une chaussure, en pleine nuit, pour les faire taire, quitte à ce que le matin, comme un abruti, on se retrouve à chercher sa pompe ? Il peut même arriver qu’on la découvre dans le fameux buisson empuanti par le vilain chat qui s’est bien vengé. Je sais de quoi je parle, je l’ai vécu… Je n’ai jamais pu sauver ma chaussure, elle puait trop.

Quels sont vos projets ?
Écrire, partager, rencontrer, aimer. Écrire encore, en partageant, en rencontrant et en aimant de plus en plus. Le prochain thriller est terminé mais c’est sans doute une comédie qui sortira avant. Je vais me jeter dedans d’ici quelques jours.

 

Merci beaucoup, Gilles Legardinier, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci à vous et à toute votre équipe. Vous représentez la meilleure part de mon travail, le moment où ce que je fais prend tout son sens. J’espère que vous passerez un bon moment avec cette histoire, vous faites désormais partie de la mienne.

 Du même auteur Biographie, chronique, interview

 

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