Edouard et Stéphanie Brasey

 



Edouard et Stéphanie Brasey

 

Edouard Brasey, notre dernière interview avec vous date de mai 2009, que s’est-il passé dans votre vie professionnelle depuis tout ce temps ?
Deux événements importants ont changé le cours de mon activité littéraire depuis 2009. Tout d’abord, mon épouse Stéphanie Brasey a commencé à collaborer régulièrement avec moi, tout d’abord en « guest star » sur mes ouvrages en cours pour le Pré aux Clercs, comme le « Traité des anges », « le Grimoire des loups-garous » ou « La Grande Bible des fées », pour laquelle elle a rédigé de larges parties, notamment les « Livres poétiques » et les « Evangiles des fées », puis en co-auteur pour les « Agendas du merveilleux » illustrés par Sandrine Gestin, « Histoires vraies de maisons hantées » et « Le Traité de sorcellerie » qui viennent d’être publiés, et un « Traité des arts divinatoires » qui sera publié en février 2012.
L’autre événement important est mon retour au roman. Après la publication de la trilogie romanesque « La Malédiction de l’anneau » chez Belfond, en 2010, j’ai écrit deux romans qui seront publiés en 2012. Un roman de légendes et de terroir, « Les Lavandières de Brocéliande », qui sortira chez Calmann-Lévy en juin 2012, et un thriller ésotérique qui intéresse déjà plusieurs éditeurs.



Stéphanie Brasey, un petit rituel sur Plume Libre lors de la première interview. Pouvez-vous nous dire qui est Stéphanie Brasey?
Je me définirais volontiers comme une artiste polyvalente. Je collabore avec Edouard pour les livres liés au merveilleux et au surnaturel publiés par le Pré aux Clercs, mais j’ai également mon écriture propre : poèmes, textes de chansons, un roman fantastique en cours. Je suis par ailleurs comédienne et modèle photo, musicienne, chanteuse, danseuse. Je suis également artiste peintre. En réalité, tous ces arts contribuent pour moi à créer un univers qui m’est propre, mélange de fantastique, d’ésotérisme et d’érotisme. J’ai ainsi déposé un concept original, « éromantique », que j’applique aussi bien à mes toiles (nus féminins inspirés par l’art antique, peinture à l’huile sur toiles de lin avec feuilles d’or), mes poèmes (cantiques éromantiques), etc.

 

Pour commencer, d'où vous vient cet amour commun pour l’univers « féérique » ?
Nous aimons enquêter sur l’invisible, le surnaturel, ce qui « a priori » n’existe que dans l’imaginaire. Cela peut concerner le monde féerique ou bien celui des créatures de l’ombre, comme les fantômes ou les vampires, mais au fond il s’agit du même univers. Un univers parallèle, fantasmatique, onirique, nourri depuis toujours des idéaux, des espérances ou des craintes des hommes. Ce monde étrange alimente les contes, le folklore, les croyances, mais également les romans de Fantasy, le cinéma. Notre but, à travers les multiples livres que nous publions sur le sujet, est de donner aux lecteurs des occasions de s’évader dans d’autres mondes, mais également des pistes de recherches. Nous avons plusieurs amis romanciers qui nous ont dit s’être inspirés de créatures que nous répertorions dans nos ouvrages. Nous sommes donc, pour ces ouvrages encyclopédiques et ces traités en tout cas, des sortes de passeurs, des passeurs d’une mémoire ancestrale qui risquerait sinon de disparaître…



Vos passions sont entières et multiples, vos activités nombreuses... Comment réussissez-vous à organiser votre travail ?
Les fées et les lutins nous donnent un coup de main  de temps en temps ! En réalité, pour les livres faits en commun, nous en parlons ensemble, nous explorons des pistes, nous nous documentons. La phase d’écriture est déjà longuement nourrie par nos réflexions. Puis nous nous relisons l’un l’autre, nous gagnons ainsi beaucoup de temps.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler ensemble ?
Un intérêt commun pour ces sujets, et un désir de partager ce travail ensemble. Le travail à deux permet une meilleure émulation, car l’activité littéraire est très solitaire.

 

Sorcières, contes et légendes de nos régions, maisons hantées, fantômes, vous explorez toutes les facettes des mondes magiques, quel est celui que vous préférez et pourquoi ?
Stéphanie a un petit (ou plutôt un gros…) faible pour les vampires. Edouard préfère les fées et les lutins. L’ombre et la lumière font bon ménage, et chacun partage avec l’autre sa propre conception de ces univers. Nos références littéraires sont également différentes, ce qui ajoute à la richesse de notre collaboration. Stéphanie a longtemps baigné dans les romans d’horreur de Stephen King. Edouard préfère les ambiances de mystères à la Gustav Meyrink.

 

A chaque nouvelle parution, vous arrivez encore à nous surprendre par l’écrit bien sûr, mais également sur le choix des illustrations et la qualité de présentation du livre qui devient un véritable objet, comment tout cela est-il décidé ?
Pour les encyclopédies du merveilleux, la Grande Bible des fées et les agendas, les illustrateurs sont le plus souvent Sandrine Gestin, Didier Graffet, Amandine Labarre, David Thierrée… Pour les traités, il s’agit de gravures anciennes que nous trouvons souvent dans nos livres anciens. L’accord entre texte et images est l’œuvre de la maquettiste. Le plus souvent il s’agit de Elodie Saracco, qui adore également cet univers.

 

A la lecture de vos écrits, on se rend compte du colossal travail de recherches que vous avez dû effectuer au préalable et qui vous permet de restituer parfaitement dans vos écrits l’atmosphère féerique, mystique… qui convient à chaque livre. Comment travaillez-vous vos sujets ?
Une lente accumulation de documents, de livres, de textes anciens. Des recherches sur Gallica. Aujourd’hui, il est plus facile de trouver les sources authentiques qu’il y a 15 ans. Mais le vrai travail consiste à trier, comparer, écarter les sources fumeuses, ne conserver que les plus sérieuses, puis réécrire le tout de façon fluide et lisible.

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Les folkloristes anglo-saxons comme Katherine Briggs, les colporteurs de légendes comme Claude Seignolle, les auteurs fantastiques classiques ou contemporains, mais également le cinéma ou les (bonnes) séries américaines comme Fringe, True Blood, Dexter…

Histoires vraies de maisons hantées (septembre 2011 éditions Le pré aux Clercs) revient sur plusieurs « cas » de lieux qui ont étés marqués par leurs anciens occupants, comment vous est  venue l’idée de vous lancer sur ce sujet ?
Nous avions eu l’idée de faire un recueil de récits d’histoires surnaturelles, un peu à la façon d’Alain Decaux pour l’Histoire ou Pierre Bellemare pour les faits divers. Le thème des maisons hantées nous a semblé le plus intéressant à aborder en premier lieu, car il permet de conjuguer le mystère, la poésie et l’horreur. Certaines histoires, comme celle d’Amityville, font peur, d’autres, comme celle des amants fantômes, sont romantiques. Nous aimons ces décalages, ces ruptures de ton qui évitent la lassitude.

 

Avec-vous déjà rencontré un fantôme, et si oui, dans quelles conditions ?
Eh bien… Disons que c’est une question un peu indiscrète. Les relations avec l’au-delà sont étranges et complexes, et sont souvent liées à des expériences personnelles qu’il vaut mieux ne pas ébruiter. Nous préférons raconter ce qui est arrivé aux autres !

 

Avec le traité de Sorcellerie, vous explorez les côtés les plus inquiétants des sorcières, sortilèges, maléfices et malédictions, le Sabbat sous toutes ses coutures, l’antre de la sorcière, la chasse aux sorcières, et bien d’autres sujets encore tout aussi intéressants, comment avez-vous organisé votre travail pour arriver à ce résultat ?
Nous avons une énorme documentation sur le sujet, il s’agissait là encore d’être les plus exhaustifs possibles sur le sujet et d’ouvrir des pistes. En outre, cette collection de traités offre l’occasion, en annexe à nos textes, de republier des traités anciens injustement oubliés, comme en l’occurrence l’excellente histoire de la sorcellerie de Walter Scott.

 

Quelles sont vos références, vos maîtres ?
Pêle-mêle, Jean Ray, Gustav Meyrink, Claude Seignolle, Stephen King, Guy Breton et Louis Pauwels, mais aussi Anatole France, Alexandre Dumas, Balzac, Lautréamont, Edgar Poe et tant d’autres.

 

De tous les livres que vous ayez écrits, quel est le livre pour lequel vous avez le plus de tendresse ?
Les prochains ! Notamment les deux romans à venir. Pour les plus anciens, « Le Vœu d’étoile », un roman initiatique paru en 1996, épuisé aujourd’hui.

Et pour vous Stéphanie ?
« La Grande Bible des fées », dans laquelle j’ai rédigé des textes poétiques liés aux Évangiles ou à la Genèse des fées.

 

Quels sont vos projets, ensemble ou séparément ?
Ensemble : la parution prochaine du « Traité des arts divinatoires » en février 2012. Séparément : Stéphanie : poursuite de l’écriture d’un roman « vampirique ». Edouard : écritures de romans et thrillers.

 

Merci Beaucoup Edouard et Stéphanie Brasey, nous vous laissons le mot de la fin.
« Rien n’existe qui n’ait au préalable été rêvé », comme le disait notre vieux complice Ismaël Mérindol dans son « Traité de Faërie » de 1466, réédité au Pré aux Clercs.


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