Sylvain Cordurié


Interview de Sylvain Cordurié

Bonjour Sylvain Cordurié, afin de mieux vous connaitre, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et sur votre parcours ?
J’ai travaillé quelques années dans le monde du Jeu de Rôles après cinq ans aux Beaux-Arts d’Angers. En 2000, je me suis mis à la BD. Deux ans plus tard, je rencontrais Stéphane Créty par l’intermédiaire de mon épouse. Nous avons créé Sälem la Noire à nous trois. Et nous voici en 2013. ;)


Vous êtes le scénariste de plusieurs titres dans des univers très différents parus aux éditions Soleil, comment passe-t-on d’un univers à l’autre ?
En fait, je ne procède pas de cette manière. Je suis tous mes tomes frontalement. Donc, je ne sors jamais vraiment d’un récit pour me plonger dans un autre.
Ce détail mis à part, développer plusieurs univers, c’est très commun dans la profession. Au bout d’un moment, l’exercice devient naturel.


Sherlock Holmes et le Nécronomicon - Cordurié/Laci/Axel GonzalboLe second volet des aventures de Sherlock Holmes & le Necromicon vient de sortir. C’est la troisième fois que vous mettez en scène ce célèbre détective. Comment êtes-vous arrivé dans ce(s) projet(s) ?
C’est Jean-Luc Istin, le directeur de collection de 1800, qui m’a proposé de me saisir du personnage. Au tout début, j’ai hésité. Puis très vite, j’ai vu ce que je pourrais faire avec. Surtout, je me suis laissé séduire par le Londres victorien.
Initialement, Jean-Luc voulait composer la collection de one-shots. Mais j’avais besoin de davantage d’espace. Le diptyque s’est imposé rapidement.
J’ai monté Sherlock Holmes et les Vampires de Londres comme un récit complet. J’espérais toutefois pouvoir enchaîner sur deux autres diptyques et écrire un arc couvrant la période du Grand Hiatus. Nous venons d’entamer le troisième diptyque.
Crime Alleys est venu plus tard. Je voulais raconter les origines du personnage dans le contexte donné de la série-mère.


Sherlock Holmes est un personnage qui a été repris maintes et maintes fois,  comment fait-on pour reprendre un personnage légendaire sans « dénaturer » l’original ?
C’est un travail d’équilibriste. :)
Il faut en quelque sorte se l’approprier. Si on aborde la chose sous l’angle du pastiche, il y a peu de chances d’en proposer une version vraiment attractive. Du moins, c’est ainsi que je le ressens.
Je me suis imposé de respecter la définition première du détective - quel intérêt sinon ? - mais avec la volonté de le sortir de sa zone de confort.


Des vampires, le Necronomicon, on peut dire que vous ne lui épargnez pas grand-chose, comment est venue l’idée de croiser tous ces mythes ?
Pour être honnête, ces idées ne viennent pas de moi, mais de Jean-Luc. C’est lui qui a pensé à opposer Holmes aux vampires. Il souhaitait une approche à la Buffy, je crois. Mais avec un dessinateur comme Laci, j’ai opté pour un ton plus sombre et réaliste.
Pour le second diptyque, j’avais prévu de donner le rôle du « grand méchant » à Moriarty. Après les vampires, je pensais passer aux zombies. Mais Jean-Luc trouvait plus intéressant de mettre en avant un concept fort. Comme pour le premier diptyque, il m’a soumis le titre : Sherlock Holmes et le Necronomicon. C’était indiscutablement parlant. Je suis donc parti dans cette direction, tout en conservant Moriarty.
Pour le troisième diptyque, j’ai exposé mes idées et un titre à Jean-Luc qui m’a donné son aval. Mais je ne peux pas vous en parler pour l’instant. C’est trop tôt.


Dans Sherlock Holmes Crime Alley, vous abordez les jeunes années de Holmes, comment vous est venue l’idée du scénario ?
Difficile à dire. Il m’a fallu longtemps pour aborder de manière satisfaisante les origines du personnage. Plusieurs pistes se sont succédées, jusqu’à ce que je décide de mettre en parallèle les destins de Sherlock Holmes et James Moriarty. Ensuite, il me fallait une intrigue qui fasse le lien avec la série-mère, sans part fantastique, car à ce moment de l’histoire du héros, il ne s’est pas encore frotté aux créatures de la nuit.


Quelles ont été vos influences et vos sources d’inspiration?
Les nouvelles, bien évidemment. La série interprétée par Jeremy Brett. Plus généralement, la littérature et le cinéma de genre.


Vous êtes également le scénariste de « La Mandragore », pouvez-vous nous parler de cette série ?
Elle correspond à une double envie : élargir ce que j’appelle le Sherlockverse de la collection 1800 en créant des personnages originaux et créer une série davantage orienté action, tel qu’on l’entend dans les comics books.
Dans La Mandragore, ce sont les démons qui consituent la menace de fond.
Lynn Redstone est le bras armé d’une société occulte qui lutte contre la vente d’attributs démoniaques. Mais elle va se découvrir des origines pour le moins troublantes...


Lynn Redstone est un personnage que vous avez créé, comment est née cette jeune fille aux pouvoirs assez exceptionnels ?
Sans doute de mon goût pour les comics où les figures féminines héroïques sont nombreuses. Le choix de Marco Santucci pour dessiner la série n’est pas étranger à cette logique puisqu’il a œuvré sur des titres comme Spiderman et Captain America.



Comment choisissez-vous les illustrateurs avec qui vous collaborez sur les différents projets ?
Au coup de cœur la plupart du temps. C’est très plaisant de voir un scénario « traduit » par un auteur dont on aime l’univers graphique. L’apparition d’une case - à plus forte raison d’une page - a quelque chose de magique.
Que le dessinateur soit expérimenté ou débutant m’importe peu. Si ses qualités me parlent, je le contacte pour savoir si la collaboration est possible.


Comment travaillez-vous eux : leur donnez-vous un script précis ou les laissez-vous faire leurs découpages ?
Je fournis un découpage très précis. On m’a dit plus d’une fois que j’étais un peu trop généreux. J
Je considère normal de fournir une matière raisonnablement détaillée aux dessinateurs. Certains en ont besoin, d’autres peuvent s’en affranchir. Mais invariablement, mon travail consiste à leur rendre les choses faciles et agréables.


Quels sont vos projets ?
Concernant Holmes, après le troisième diptyque, j’ai un autre scénario en tête. Un triptyque cette fois. Je suis également sur une série donnant le premier rôle à Moriarty.
Je suis en train de conclure des titres, comme Ravermoon et Cyber. Et j’en commence d’autres. Mais là encore, je ne peux pas en parler pour l’instant.


Merci beaucoup Sylvain Cordurié, nous vous laissons le mot de la fin.
Je ne suis pas trekkie pour un sou, mais longue vie et prospérité. :)



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