Stephan Ghreener


Interview de Stephan Ghreener
Bonjour Stephan Ghreener, pouvez-vous nous faire un petit autoportrait pour les lecteurs de plume-libre.com ?
Je suis quelqu'un qui pense à l'écriture tous les matins en se rasant. Même quand il ne se rase pas d'ailleurs… Un auteur donc. Souvent romancier parfois scénariste. J'ai eu plusieurs vies, plusieurs métiers, avant de me jeter à l'eau.  J'ai pas mal bourlingué, j'ai vécu à l'étranger, très peu de diplômes à accrocher au-dessus de mon bureau. A part un permis de conduire et un MBA en débrouille avec option "aventurier moderne"…


Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la plume pour vous exprimer ? Pourquoi la plume et pas un autre média ?
Enfant, j'écrivais déjà des histoires. Je pense que j'avais certaines dispositions. Cela ne veut pas dire que j'étais le Mozart de l'écriture pour autant mais j'avais un sens du rythme, j'étais déjà sensible à la musique de l'écrit et le voyage que l'on pouvait y faire. J'ai longtemps tourné autour du pot. J'ai fait de la photographie, j'ai travaillé sur des tournages de cinéma, j'ai eu une société d'art de la table et de décoration. Et un matin, je me suis mis à écrire le premier chapitre d'un roman noir "Saisie". Un an plus tard, il était publié. J'ai eu la chance de faire quelques rencontres. Ces personnes m'ont encouragé à continuer dans cette voie.


Pour les lecteurs qui ne connaissent pas encore votre roman, pouvez-vous nous le présenter ?
L'été des deux pôles est le premier tome d'une série intitulée "French Bricolo".
C'est l'histoire de Greg Vadim, un homme qui fait en quelque sorte sa crise de la quarantaine. Il a décidé de reprendre contact avec sa fille Camille et de changer de vie. C'est l'occasion pour lui de changer de métier. Mais ce n'est pas si simple que ça quand on est un tueur à gages, l'un des meilleurs de sa génération.


Votre personnage, Greg Vadim, a des manies un peu particulières, comment donne-t-on naissance à un tueur à gages qui a la passion du bricolage ?
C'est vrai, Greg Vadim a des manies très spéciales ! Pour les outils, on pourrait presque parler de toc ! C'est aussi un amateur de champagne.  
Greg Vadim est né alors que j'étais en week-end chez des amis à la campagne. Je me suis chargé de tondre la pelouse, seul sport que l'on peut pratiquer après un bon repas.  Mais avant ça, il a fallu bricoler un peu la vieille tondeuse. Cela a été une vraie révélation pour moi ! Et comme je m'intéresse beaucoup aux héros qui sont du mauvais côté de la barrière, c'était un point de départ intéressant. Du pain béni. J'avais les ingrédients de base pour mon tueur à gages. Ensuite, je voulais y insuffler une dose d'humour sans virer à la caricature pour autant. La deuxième vague est arrivée quand je me suis aperçu que je venais de passer deux ans à voyager pour des raisons professionnelles comme un dingue. On croise beaucoup de gens dans les aéroports, pas seulement des touristes. Il y a beaucoup de voyageurs qui se déplacent pour leur métier.
Pour moi Greg Vadim, au-delà de son activité très spéciale, est presque une métaphore à lui tout seul. Changer de vie, s'épanouir à tout prix, c'est le leitmotiv de notre époque.  Il n'est ni plus ni moins qu'un cadre d'entreprise voire un commercial international qui, un jour, décide de se raccrocher à une vie plus concrète. Quand il s'aperçoit qu'il veut arrêter de courir tout le temps.


Votre personnage a une furieuse envie de changer de vie, de passer d’une vie de folie (je sais, le mot est faible) à une vie plus authentique. Et vous, avez-vous envie de changer quelque chose à votre vie ?
On ne peut pas changer les autres donc j'ai pour philosophie quand ça ne va pas, d'essayer de me remettre en question ! C'est un peu le propre de l'écrivain d'ailleurs, à chaque fois qu'il est devant une page blanche. Je viens de changer quelque chose dans ma vie et pas qu'un peu. Je suis devenu éditeur.


Le second volet des aventures du French Bricolo est paru début juillet, sans vraiment dévoiler l’intrigue, pouvez-vous nous donner quelques informations sur ce qui va lui arriver ?
Oui, "Vadim Royal" vient de sortir ! Que puis-je vous dire ? C'est un peu le tome du retour à la réalité pour Greg Vadim. Une vraie rencontre avec sa fille, avec son univers. Il y a aussi l'effet boomerang du passé. Pour devenir un homme libre, il faut toujours se battre.


Cette série est publiée dans la collection SG chez Stephan Ghreener production, comment passe-t-on d’auteur à éditeur ?
Avant d'être auteur, j'étais un entrepreneur. J'ai monté ma première société j'avais à peine 22 ans. A l'époque, même si je ne suis pas bien vieux, ce n'était pas très glam' pour être pris au sérieux. Mais j'y suis arrivé. J'ai donc toujours gardé cet esprit de faire les choses. Je suis devenu éditeur car je trouve souvent les livres grand format trop chers. C'est curieux de lancer des auteurs inconnus à 20 euros ou plus. C'est pour ça que je voulais créer une collection semi-poche. Un bel objet à plus ou moins 10 euros.
Cela étant dit, l'auteur ne passe pas dans la peau de l'éditeur tout seul dans sa cave ! Je travaille avec une correctrice indépendante (qui est d'ailleurs éditrice de beaux livres et d'ouvrages de philosophie), un graphiste et un imprimeur. Et depuis Février, pour la collection SG, j'ai un distributeur.


Que vous apporte le fait de vous autoéditer, les bons côtés comme les moins bons ?
Le bon côté de cette aventure éditoriale tient d'abord en un mot : les rencontres. Des libraires, des partenaires, des organisateurs de salons, des blogueurs, des journalistes. L'auteur est souvent seul contrairement à un chanteur ou à un acteur de théâtre. Le retour émotionnel sur son travail est aléatoire. Là je suis impliqué à 100 % pour faire grandir mes livres. Si cela marche, ensuite, je pourrai peut-être publier d'autres auteurs mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs.
Les mauvais côtés ? Il y en a peu. Mais soyons honnêtes : c'est d'abord un risque financier. C'est ensuite un à priori parfois (heureusement cela change) de certains interlocuteurs qui ont du mal à passer le barrage psychologique de "l'auto-édition". J'essaye de leur dire avec humour que je ne pédale pas dans un sous-sol pour actionner la photocopieuse. Cette collection, c'est un choix. Enfin, c'est encore plus de travail. Il ne faut surtout pas compter ses heures.


Quels sont vos projets ?
Des projets d'écriture il y en a ! Le tome 3 (et dernier tome de la série French Bricolo) sortira en 2014. En ce moment, je travaille sur un roman plus intimiste. Côté édition, j'aimerais lancer une nouvelle collection, je vous en dirai plus en temps voulu, promis ! Et côté image et son, je peaufine plusieurs scénarios. Ah oui, dernière chose, French Bricolo a été optionné par Mandarin Télévision (du groupe Mandarin Cinéma), j'espère que nous arriverons à en faire une belle série.


Merci beaucoup Stephan Ghreener, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci beaucoup pour cette interview et votre intérêt pour mon travail d'auteur. J'espère que nous aurons tous encore longtemps le plaisir de toucher les livres et de tourner des pages. Les livres sont des respirations, un temps pour soi, loin de la technologie et du stress de l'urgence. Alors continuons à lire !



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