Kennedy Douglas






L'Homme qui voulait vivre sa vie

 

Coup de coeur




Il est des gens dont on dit volontiers : celui-là, il a réussi. Et Ben Bradford en est le parfait exemple. La trentaine épanouie, avocat associé dans un cabinet de Wall Street (département gestion de patrimoine et testaments, que du bonheur), une magnifique maison dans le Connecticut meublée avec gout (pensez donc, Ralph Waldo Emerson lui-même a posé ses fesses sur son divan) , une épouse charmante (qui dépense des fortunes pour lesdits meubles) , et deux enfants tout droit sortis d'une pub pour Gap Junior (enfin, quand le petit dernier voudra bien faire ses nuits).

Sauf que (et oui, chez Mister Kennedy, il y a toujours un "sauf que" qui vous attend au tournant), Ben deteste sa vie, à bien y reflechir, lui aurait voulu être photographe. De plus, son couple ne va pas très fort il faut bien le dire. Aussi quand il découvre que sa femme le trompe (et vlan) avec son voisin detesté (re-vlan), qui exerce le métier de photographe (re-re vlan), Ben craque. Un coup de folie, un coup de bouteille et le voilà avec le cadavre de son rival sur les bras. Et là jaillit l'idée de génie : il va endosser son identité et partir vivre sa vie rêvée à l'autre bout des Etat-Unis. Mais peut-on vraiment fuir le passé et recommencer à zéro ?

Je ne sais pas si il existe un fan-club de Douglas Kennedy quelquepart, mais si c'est le cas, je prends ma carte tout de suite.  Sur le thème d'un homme qui se remet brutalement en question, des regrets et des occasions manquées, Kennedy brosse le portrait de son héros sans doute le plus attachant, prêt à tout pour vivre enfin la vie qu'il a choisi. S'y ajoutent un fond de polar, une bonne dose d'humour (le passage ou Ben décrit sa maison en précisant le prix de chaque chose, tout simplement génial), des personnages secondaires savoureux sans jamais tomber dans la caricature, et une reflexion sur le conflit entre les désirs personnels et la vie en société.

L'Homme qui voulait vivre sa vie, parution janvier 2000. Éditions Belfond
Parution Novembre 2008. Éditions Pocket



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