Caroline Vermalle

 

 

 

Caroline Vermalle

 

 

Bonjour Caroline Vermalle, afin de mieux vous connaitre, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et sur votre parcours ?
    Ca tombe bien que vous me posiez la question aujourd’hui : c’est le jour de mes 40 ans ! Et je ne peux m’empêcher de contempler la route qui m’a amenée jusqu’ici. Côté CV, il y a eu un bac littéraire/arts/philo (anciennement “A3 Cinéma”) en province, des études de cinéma à Paris (ESEC) et une carrière à la télévision en Angleterre (BBC) - de ces expériences professionnelles je garde l’habitude de “voir” mes histoires en images. Côté perso, une vie de famille au bord de l’Atlantique avec des voyages le plus souvent possible. Au final, le plus important, ce sont les gens que je rencontre ici et ailleurs, qui me montrent le monde différemment. Je n’ai aucun goût pour l’autobiographie, mais c’est ce patchwork d’expériences passé au filtre de la fiction qui nourrit mes livres - 4 romans et 3 nouvelles.
Et pour finir, le compas qui me guide sur ce chemin que j’espère encore très long - ces mots d’Oscar Wilde :
“Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris.”


Comment vous est venue l'envie d'écrire ?
    Je suis sûre que beaucoup de vos lecteurs se reconnaîtront quand je dis que l’expression créative est non pas un choix, mais une nécessité - si pressante qu’elle est forcément innée. Ma tête est une machine à idées qui tourne à 200 à l’heure et qui a besoin d’avoir des « projets » pour ne pas exploser comme une cocotte minute. Si je savais danser, je danserais, mais il se trouve que j’ai deux pieds gauches. J’aurais adoré pouvoir dessiner et jouer de la musique, mais le jour de la distribution, c’est mon frère (l’artiste électro JanskiBeeeats) qui a pris tout le talent. C’est au fil de mes années adolescentes que j’ai découvert le plaisir d’écrire - qui ne m’a jamais quitté.

 

Sixtine de Caroline VermalleVotre nouveau roman Sixtine sort chez Black Moon, pouvez-vous nous le présenter ?
    C’est l’histoire d’une jeune femme qui perd tout pour avoir cru à un conte de fées. Après son mariage, elle se retrouve enterrée vivante dans la pyramide de Khéops, aux côtés de son prince mort. Elle est immensément riche et pourtant elle n’a plus rien, même pas ses souvenirs. Elle devient une sorte d’anti-héroïne, qui cherche la vérité par tous les moyens - quitte à en perdre son âme.
Sa quête nous emmène en Egypte, à New York, à Paris, à Mexico City - et dans les coulisses du trafic d’antiquités, en compagnie de faussaires, de pilleurs de tombes et de riches collectionneurs. Et en filigrane, les croyances enfouies des civilisations disparues et l’odeur de mort de la momie de Néfertiti...

 

Une partie de l’action se passe en Égypte, pourquoi ce choix ?
    Il fallait que ce soit l’Egypte, parce que la Grande Pyramide a fait partie de mon histoire dès le début. Mais ce qui s’est révélé être intéressant d’un point de vue créatif, c’est qu’au lieu de faire oublier le reste du pays dans un rôle de figurant idéalisé et unidimensionnel, j’ai essayé d’utiliser la richesse de cette Egypte d’aujourd’hui, avec les paradoxes du printemps arabe, les questions délicates que pose le trafic d’antiquités, et puis cette tension sous-jacente qui augmente encore la pression sur mes personnages.
L’Egypte pharaonique enflamme toujours notre imagination, mais finalement, dans ce livre, l’actualité de l’Egypte moderne a aussi déclenché une bonne partie du suspense.

 

Votre roman a un côté très mystérieux presque sombre, comment vous est venue l’idée de ce scénario ?
    Le scénario est assez épique, donc il a fallu un certain nombre d’idées fondatrices, mais je vais partager avec vous cette anecdote réelle qui a directement contribué à la genèse de Sixtine : il se trouve que j’ai toujours eu peur du noir et il y a une dizaine d’années, je travaillais sur un documentaire de la BBC qui avait pour thème la représentation de la mort dans les civilisations anciennes. Le tournage avait lieu, de nuit, au Museo Nacional de Antropología de Mexico City, et nous filmions une sculpture massive de Coatlicue. Coatlicue est une déesse qui représente ce qu’il y a de plus violent dans la culture aztèque, entre sa double tête de serpent (qui signifie le sang qui jaillit quand on lui a tranché le cou), son collier de coeurs humains et sa manie de manger ses propres enfants. Vers les 2 heures du matin, nous avons soudain été plongés dans le noir total, à cause d’une coupure de courant dans tout le quartier. Mais le pire, ce fut quand l’un des techniciens a allumé sa minuscule lampe de poche : on n’y voyait pas beaucoup mieux, en revanche on devinait très bien les ombres terrifiantes de Coatlicue !
Je reconnais que je suis plutôt du genre poule mouillée mais je défie n’importe qui de se balader, seul(e), la nuit, entre les sarcophages et les statues géantes, au Louvre ou au British Museum... et de ne pas commencer à imaginer des scènarios très, très, très sombres.

 

À la lecture de Sixtine, on se rend compte du travail de recherches que vous avez dû effectuer au préalable et qui vous permet de restituer parfaitement le mystère que dégage l’Égypte. Comment travaillez-vous à ce sujet ?
    Les recherches, c’est la moitié du fun de l’écriture ! L’histoire de Sixtine s’aventure sur des terrains que mon expérience dans les documentaires a rendus plus ou moins familiers, comme l’archéologie et les civilisations anciennes en général, le trafic d’antiquités, et une grande partie des décors. Mais tout a demandé du travail, surtout que j’ai préféré imaginer l’intégralité de la série d’un coup avant de rédiger le Tome 1. D’habitude je fais toutes les recherches moi-même car elles sont une source d’inspiration, mais cette fois, j’ai demandé un coup de patte à une amie avec qui j’avais travaillé sur le film de la BBC mentionné plus haut. Elle a entre autres interviewé des mineurs qui se sont retrouvés coincés, témoignages qu’on a utilisés pour imaginer ce que Sixtine a pu vivre, physiquement et psychologiquement, dans la mystérieuse Chambre X de Khéops.
Sinon, depuis Sixtine, je suis incollable sur des sujets vraiment importants, comme la momification des musaraignes.

 

Comment est né le personnage de Sixtine ?
    L’idée de base était de prendre une « princesse » style Cendrillon, de tourner son « ever after » en cauchemar impensable et de voir comment elle s’en sort. Ca, c’est la fausse bonne idée si on en reste aux clichés des contes de fée... Mais mon intention était au contraire de rentrer véritablement dans la psychologie de ces personnages en brouillant les pistes du bien et du mal et de les faire évoluer dans un monde contemporain lui aussi complexe.
D’autre part, Sixtine est fascinante parce qu’après cette expérience, elle devient double : elle est le spectre de celle qu’elle était jadis, Jessica. A moins que ce ne soit le contraire ? Autant vous dire qu’alors que je l’écrivais, Sixtine m’a surprise maintes fois...

 

Il faut pas mal d’imagination pour inventer une histoire, où puisez-vous vos idées ?
    Les idées viennent toutes seules, tout le temps, de partout : d’une musique, d’un endroit, d’une conversation. Le plus difficile est de les organiser si bien qu’elles créent quelque chose qui a du sens. Si je bloque, de deux choses l’unes : soit je n’ai pas assez bossé mon sujet, et il faut retourner à la bibliothèque ; soit j’essaie de dire quelque chose que tout au fond de moi, je ne crois pas - dans ce cas, il faut changer de direction, même si c’est très pénible.

 

Qu’auriez-vous envie de dire aux lecteurs qui n’ont pas encore lu vos livres ?
    Les lire, c’est bien, les dévorer, c’est encore mieux. Faites-vous plaisir, je les ai écrits pour ça !

 

Quels sont vos projets ?
    Je vais vous dire ce qu’il y a sur mon bureau encombré, à l’heure où je vous écris :
- le manuscrit du reste de la trilogie SIXTINE, déjà très avancé. Le prochain livre devrait sortir au printemps et le dernier à l’automne 2014 - BlackMoon ne manquera pas de vous le confirmer.
- la maquette de la couverture de mon nouveau roman adulte « Une collection de trésors minuscules », qui lui est fini depuis belle lurette et qui sortira chez Belfond en mars 2014.
- des articles pour le blog « I am Sixtine » (http://i-am-sixtine.tumblr.com), que j’inaugure le 1er novembre, et où les lecteurs pourront découvrir les choses qui m’ont inspirées, des infos sur les faits réels derrière la fiction et un journal de bord qui suit la sortie du T1 et l’écriture des deux autres tomes.
- et enfin, un ticket d’avion pour Berlin : un chapitre de la suite de Sixtine s’y passe et je ne connais pas encore cette ville, donc j’ai hâte de la découvrir - particulièrement le Neues Museum où se trouve le célèbre buste de Nefertiti, un personnage capital dans l’histoire.

 

Merci beaucoup Caroline Vermalle, nous vous laissons le mot de la fin.
    Laissez-vous emmener par Sixtine et dites-moi ce que vous pensez du voyage... sur Facebook, Twitter ou Tumblr. Je vous attends.

  Du même auteur : Biographie, chronique, interview

 

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