Bonjour Claire Favan, commençons par le rituel de la première interview sur Plume Libre. Pouvez-vous vous présenter ?
Employée dans la finance, mère de famille banlieusarde, j'ai toujours aimé lire des romans policiers. J'ai toujours écrit aussi, mais en dilettante. En créant mes propres histoires, je prolongeais le plaisir, je le modelais à mes attentes et à mes goûts. Un jour, j'ai entremêlé ces deux passions et écrit un roman policier. Poussée par mon entourage, j'ai tenté l'expérience de l'édition. Essai qui s'est révélé concluant.
L’écriture a-t-elle été toujours présente dans votre vie ? Quel a été le déclic pour vous lancer dans l’aventure du roman ?
J'ai toujours eu une imagination débordante. J'ai donc commencé des tas de nouvelles et de romans dès mon plus jeune âge. Ces récits ont toujours été tournés vers le surnaturel, les enquêtes policières et la science-fiction. Depuis que j'écris de façon régulière, c'est à dire depuis une dizaine d'années, je n'ai jamais tenté autre chose que du roman.
Pourriez-vous nous présenter votre nouveau roman, Apnée noire, qui vient de sortir aux Editions du Toucan?
Megan Halliwell est une jeune agent spécial du FBI. Inflexible, carriériste et sûre d'elle, elle pense avoir résolu une affaire qui lui tient particulièrement à cœur et qui a fait d'elle une enquêtrice reconnue. Grâce à sa ténacité, Vernon Chester a, en effet, été arrêté et condamné à mort. Cependant, quelques mois plus tard, des meurtres portant la même signature sont commis. Alors que la réputation de Megan est en jeu et que la pression qu'elle porte sur les épaules est à son comble, elle doit collaborer sur l'enquête avec un flic brisé, aux états de service déplorables et pour qui la dérision est un art de vivre.
D’où vous est venue l’idée d’Apnée noire ?
Mon mari et moi, nous délirions à propos d'une idée de roman. Comme souvent chez moi, c'est ce petit rien (pensée, image, discussion...) qui a fini par germer.
Vos personnages sont particulièrement développés avec un psychisme complexe. Comment naissent-ils ?
J'aime créer des personnalités complexes, torturées. Je trouve que les personnages à peine brossés ne donnent aucune prise ni à l'auteur, ni au lecteur qui a du mal à se reconnaître ou à s'identifier à lui. Ce n'est que mon avis, mais un personnage avec des failles souffre, évolue, se trompe, tombe et se relève comme chacun de nous le fait.
Mes intrigues sont indissociables de mes personnages. Ils naissent par conséquent en même temps que l'idée de base du roman.
Jusqu’à présent, les tueurs en série sont au cœur de vos romans. Qu’est-ce qui vous attire dans cet univers ?
Je suis attirée par la dimension psychologique qui les entoure. Proposer un pourquoi et un comment, version romancée, bien sûr, répond à mes propres interrogations de lectrice.
L’action de vos romans se déroule aux États-Unis. Pourquoi ce choix ? Envisagez-vous d’établir un de vos futurs livres en France ?
Vu le thème des tueurs en série, la question « France » ne se pose pas pour moi. Comme pour le nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté à la frontière, notre pays a une façon bien à lui de traiter le sujet. Je n'ai par conséquent aucune idée de la manière dont serait ou est traitée une enquête concernant un tueur en série qui se déplacerait d'un département à un autre ici. D'où mon choix.
Par contre, les nouvelles que j'ai pu écrire pour Santé ! ou d'autres recueils se passent ici. C'est déjà ça !
Vos deux premiers romans qui forment un dyptique, Le tueur de l’ombre et Le tueur intime, comportent de nombreuses scènes particulièrement violentes et éprouvantes. Apnée noire est beaucoup plus soft de ce côté-là, était-ce une volonté établie dès le départ ?
La surenchère pour la surenchère ne m'intéresse pas. Cependant, je raconte une histoire de tueur en série. Mon histoire s'ajuste donc à la méthode du tueur. S'il est violent et pervers, mon roman le sera. Si comme pour Apnée noire, la signature du tueur n'est pas sanglante, le texte sera plus « soft ». Il ne s'agit pas d'une marche arrière définitive, juste d'une autre histoire.
En parlant de scènes violentes avec des descriptions détaillées, est-ce difficile pour un auteur de travailler ce genre de scènes ?
Pour chaque roman, je n'ai travaillé mes scènes de crime qu'après avoir bâti le traumatisme de mon tueur. Une fois ce point établi, je travaille en miroir sur les victimes. Alors, difficile ? Non. Il s'agit d'un simple travail d'imagination.
En commençant l’écriture d’un roman, avez-vous déjà en tête les différents rebondissements, y compris la fin, ou vous laissez-vous porter par l’écriture au fur et à mesure ?
Quand les premières idées prennent forme et que l'ensemble commence à avoir de la cohésion, j'écris un plan partant de la scène d'introduction, passant par chaque rebondissement et allant jusqu'à la conclusion. Pour Apnée noire, j'ai beaucoup retravaillé le roman sur la forme, mais le fond est resté sensiblement le même.
Une fois que cette base est fixée, je commence à écrire.
Etes-vous vous-même lectrice et quels sont vos livres de chevet et vos derniers coups de cœur ?
J'ai beaucoup aimé Criminaloft d'Armelle Carbonel, L'apparence de la chair de Gilles Caillot, Quatre racines blanches de mon complice Jacques Saussey et Juste une ombre de Karine Giebel. Côté anglo-saxon, j'ai eu un coup de cœur pour Je te vois de Gregg Hurwitz, Je ne suis pas un serial killer de Dan Wells, Comme ton ombre d'Elizabeth Haynes et j'arrête là sinon, je vais remplir des pages entières !
Quels sont vos projets ?
Mon quatrième roman est en cours d'écriture et une idée pour le cinquième murit tranquillement dans ma tête.
Merci beaucoup Claire Favan, nous vous laissons le mot de la fin.
J'ai toujours été très entourée, soutenue et aidée par mes proches, mais aussi par des gens adorables rencontrés grâce à l'écriture et par mes lecteurs. Ils ont patienté, j'espère donc qu'Apnée noire les comblera tous.
Bonne lecture !
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