Laurent Scalese

Laurent Scalese




Mars 2015

 

 
 
 
Laurent Scalese





Bonjour Laurent, vous avez mis plusieurs années pour écrire La voie des âmes, pourquoi une telle attente pour ce roman ?
Bonjour. D’abord, merci à toute l’équipe de Plume Libre de m’accueillir si chaleureusement. Mon avant-dernier roman publié, La cicatrice du diable, a paru en 2009, toujours aux Éditions Belfond. À cette époque, je réfléchissais déjà au livre suivant, La voie des âmes. J’ai commencé la rédaction du premier chapitre en janvier 2010, le 1er janvier précisément. Je m’installais confortablement dans cette histoire que je rêvais de raconter depuis des mois, quand un producteur m’a demandé de réfléchir à une idée de série policière fun, qui prendrait le contre-pied de ce qu’on voit habituellement dans le genre en France. Le défi était de taille, suffisamment intéressant à relever pour que je me lance, avec mon coauteur. Quelques semaines plus tard, la bible et la première mouture du pilote de « Cherif » étaient écrites. Il a fallu ensuite proposer le projet à la chaîne, en l’occurrence France 2, la convaincre, lui vendre le concept. Et puis apporter des corrections, à plusieurs reprises, jusqu’à ce que la direction de la fiction donne le feu vert et signe la convention d’écriture. À partir de là, nous avons écrit les épisodes suivants, avançant pas à pas, au rythme de la chaîne, car dans le milieu de l’audiovisuel, les choses se font mais lentement, parfois très lentement. On se voit, on discute, on se voit encore, on discute encore, etc. C’est la raison pour laquelle il a fallu près de quatre ans pour mettre la série sur les rails et la lancer. Lorsque j’avais un peu de temps, je me penchais sur le manuscrit de La voie des âmes, qui à ce moment-là s’appelait Le baiser des âmes. Ceux qui ont déjà lu le roman comprendront pourquoi.



La voie des âmes se distingue de vos autres romans par son côté fantastique. Qu’est-ce qui vous a donné envie de partir dans cette voie ?
Depuis longtemps, je voulais aborder le thème de la seconde chance, une idée, un fantasme qui nous a tous effleurés à un moment ou à un autre de notre vie. Que ferions-nous si nous avions le pouvoir de modifier certains événements de notre existence, d’empêcher un drame, une catastrophe ? Hésiterions-nous ? La plupart d’entre nous le feraient, il n’y a pas l’ombre d’un doute. Partant de ce postulat, je n’ai pas eu d’autre choix que d’intégrer des éléments surnaturels à l’histoire. Mais j’ai veillé à ce que l’ensemble reste réaliste, cohérent, et surtout pétri d’humanité, car plus que jamais j’ai fait la part belle aux personnages. Plus j’avançais, plus je me rendais compte que le côté fantastique apportait une dimension supplémentaire à l’histoire et me permettait de jouer à fond la carte du mystère. En résumé, La voie des âmes est un thriller où se mêlent suspense, frissons, émotions, sentiments, énigmes.


Est-ce plus difficile d'écrire un roman à l'univers fantastique?
Maintenant que j’ai fait l’expérience des deux, le thriller et le fantastique, je pense que oui. Autant le thriller, le roman policier, le polar, peu importe comment on l’appelle, est tenu par des codes – qu’on peut détourner, à condition de toujours coller à la réalité -, autant le fantastique ouvre un champ de possibilités. C’est à la fois excitant et angoissant, car on peut vite emprunter de multiples directions et se perdre en cours de route. Le plus difficile est de canaliser son imagination, pour que le tout soit logique, compréhensible, il faut que le lecteur croie à l’histoire même si elle est a priori incroyable. Parce que s’il n’y croit pas, il décrochera avant la fin. D’une manière générale, dans une histoire, ce qui est inaccessible à la raison humaine permet d’installer une atmosphère particulière et d’explorer toute la gamme des peurs. Le but est d’y aller par petites touches, de faire monter la tension, d’instiller progressivement l’angoisse et la peur dans l’esprit du lecteur. Un exercice ardu, délicat, qui nécessite qu’on s’y reprenne à plusieurs fois.



La voie des âmes - Laurent ScaleseDans La voie des âmes, les personnages sont vraiment au centre du roman. Comment les créez-vous et les travaillez-vous ?
Vous avez raison, ils portent véritablement le roman. Les enjeux humains sont le cœur du récit, d’où l’importance de bien les caractériser, qu’il s’agisse des protagonistes ou des personnages secondaires. Camper un personnage, lui donner de la chair, de la profondeur, de telle sorte que le lecteur ait l’impression de le connaître, est à mon avis le plus difficile. Paradoxalement, ce travail de caractérisation, je l’ai appris en travaillant dans le milieu de l’audiovisuel, au cours des séances de brainstorming. C’est le moment où les auteurs parlent en toute liberté, où ils se racontent l’histoire et les personnages qu’ils aimeraient voir à l’écran. Les idées fusent, certaines sont tout simplement géniales. Parfois, on a l’impression d’être dans la peau du chercheur d’or qui vient de découvrir une grosse pépite. Malheureusement, la plupart de ces idées restent lettre morte. Elles ne figurent que très rarement dans le scénario, elles sont absentes à l’image. C’est frustrant. Alors que dans un roman, on a le temps de développer les personnages, de creuser l’histoire, d’aller le plus loin possible. Concrètement, quand il s’agit d’un livre, je construis les personnages au fur et à mesure. J’ai presque envie de dire qu’ils se construisent tout seuls. Lorsqu’ils sont caractérisés, lorsque leur rôle est parfaitement défini, ils finissent par devenir autonomes et me guident dans les dédales de l’histoire.


Comment réagiriez-vous si, à l’instar de Mike et Richard, vous vous retrouviez confronté à « la méchante » de votre roman ?
Si je perdais un être cher et qu’une femme mystérieuse venait me proposer de le sauver, à condition que je lui rende un service, je lui demanderais d’abord de me prouver qu’elle dit la vérité. Si tel était le cas, je me poserais forcément la question de savoir si ce qu’elle attend de moi ne risque pas de nuire à d’autres personnes, voire de provoquer un drame, une catastrophe. Mais il est évident que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour revoir la personne aimée, parce que nous ne sommes rien sans ceux que nous aimons, la vie n’a pas de sens sans eux. S’il existait ne serait-ce qu’une chance infime de revoir un proche disparu, beaucoup d’entre nous la saisiraient. Moi le premier. Maintenant, si cette femme mystérieuse existait et qu’elle avait tous ces pouvoirs, j’aurais peur, pour les miens, pour le monde, pour l’humanité tout entière.


Et d'ailleurs pourquoi avoir choisi une femme dans ce rôle ?
Parce que d’une manière générale, je pense que les femmes sont le sel de la vie. Elles sont beaucoup plus profondes, plus fonceuses, plus subtiles que les hommes. Personnellement, j’adore travailler avec des femmes car elles savent faire preuve d’initiative. Elles n’ont pas peur d’innover, de tenter des choses, de bousculer les règles établies, elles sont opiniâtres, elles s’accrochent, elles se battent, elles osent. Je suis parti de ce constat, de ce point de vue, pour caractériser la « méchante » et la « gentille » du roman. Dans le contexte du roman, il m’a paru logique, cohérent, que des femmes président au destin de l’humanité.


Quel pouvoir prendriez-vous à un de vos personnages si vous le pouviez et pourquoi ?
Comme je le dis dans le livre, le don de Richard peut être perçu comme une bénédiction ou une malédiction. Personnellement, je n’aimerais pas avoir le pouvoir de voir les derniers instants des morts à travers leurs yeux. Quand on y réfléchit bien, c’est proprement terrifiant, cela doit être perturbant, angoissant, de quoi donner des cauchemars. Concernant l’immortalité, qui n’en a jamais rêvé ? Le problème, c’est qu’il y a toujours un prix à payer. Et puis, sommes-nous préparés à voir nos proches vieillir puis mourir, à les enterrer et à poursuivre le chemin sans eux ? Combien d’entre nous pourraient se satisfaire de leur propre compagnie ? La téléportation, dans l’espace, me tenterait bien. Plus de longs trajets en voiture, en train ou en avion. Aller n’importe où en un claquement de doigts. Le voyage dans le temps m’attire aussi, forcément, pour avoir la possibilité de modifier certains événements de ma vie, même si j’aurais peur d’aggraver les choses au lieu de les améliorer.


On dit souvent qu’une partie de l’auteur transparaît dans ses personnages. Est-ce votre cas et de quel personnage vous sentez-vous le plus proche ?
Il y a un peu de moi dans chaque personnage. Un écrivain puise dans son vécu, dans son parcours, dans ses douleurs et dans ses joies pour donner vie à ses « créatures ». Cela implique un travail d’introspection, pas toujours évident ni agréable, mais nécessaire. Parfois, il faut plonger tout au fond de soi, pour y chercher de quoi caractériser tel ou tel personnage. Maintenant, je m’inspire aussi d’autres personnes, certaines que je connais bien, d’autres que j’ai seulement croisées mais qui m’ont marqué. D’une manière générale, l’écrivain se doit d’observer ses semblables, de les écouter. C’est de cette façon qu’il apprend à les connaître et à parler d’eux dans ses livres. Concernant les personnages de La voie des âmes, j’ai un faible pour Mike Rosener. J’adore ce type, bourru mais très humain, très attachant. Les aléas de la vie l’ont amené à perdre la foi et à se replier sur lui-même, d’autant plus qu’il ne communique plus vraiment avec sa femme, Kate, qu’il ne fait que croiser dans leur appartement de Brooklyn. Seul son job de flic lui apporte pleinement satisfaction. Rationnel, cartésien jusqu’au bout des ongles, il est confronté à des phénomènes inexplicables qui vont l’inciter à repenser sa façon de voir le monde, mais aussi sa façon de voir son propre monde. L’aventure qu’il va vivre avec Richard va le changer, elle aura un effet positif sur lui. Ce sont parfois les événements qui contraignent les gens à changer, c’est le cas pour Mike Rosener.


La ville de New York est un personnage à part entière de votre roman, pourquoi le choix de cette ville?
Dès le début, je souhaitais que chaque lieu du livre soit un personnage à part entière. Souvent, dans les romans que je lis, et notamment dans les thrillers, les lieux sont à peine décrits, effleurés. Pour La voie des âmes, je voulais à tout prix éviter le piège du guide touristique et rendre chaque endroit vivant, bouillonnant le cas échéant, je voulais qu’à la lecture les gens aient l’impression d’y être, à travers les couleurs, les saveurs, les odeurs. Mon souci était de restituer, le plus fidèlement et le plus littérairement possible, le gigantisme, l’agitation permanente et le mouvement perpétuel de New York, la beauté sauvage de la Normandie, les paysages spectaculaires des îles écossaises, l’extrême chaleur et l’aridité du bush australien, un endroit si reculé que les voyageurs ont l’impression d’avoir atteint les confins des terres habitées, les confins du monde. Tout cela m’a demandé beaucoup de travail.


L'amour est aussi au cœur de ce roman. Pourquoi ce choix ? Est-ce votre côté fleur bleue qui s'est exprimé ?

La voie des âmes est un thriller, mais pas que. Il était important pour moi que le roman soit vecteur d’émotions, car ce sont avant tout les émotions qui touchent le lecteur. En fait, il y a une double histoire d’amour, non que je sois fleur bleue, mais l’amour est le moteur de cette histoire. Le comportement des deux héros est conditionné par les sentiments qu’ils éprouvent pour leurs proches. D’une part, il y a l’histoire d’amour de Clara et Richard Neville. Richard va-t-il réussir à sauver et à revoir sa femme ? D’autre part, il y a la relation entre Kate et Mike Rosener, un couple à la dérive, qui a laissé l’amertume et l’incommunicabilité s’installer entre eux. Les Rosener vont-ils se réconcilier et finir leur vie ensemble ? Mais, comme le dit la phrase qui a circulé sur les réseaux sociaux, si l’amour est partout, le mal aussi. Richard et Mike vont devoir affronter le mal absolu avant de pouvoir régler leurs problèmes personnels. Une sorte de parcours initiatique puisqu’au final ils auront appris beaucoup de choses sur eux, sur leurs croyances, sur leurs familles respectives.


Sans rien dévoiler, l’intrigue s’avère assez complexe. Aviez-vous fait un plan bien établi avant de passer à la rédaction du roman ? De manière plus générale, comment travaillez-vous ?
Quand j’ai commencé à réfléchir à l’intrigue, je pensais qu’elle serait simple à mettre en place. Que nenni ! J’ai vite compris que raconter cette histoire serait plus compliqué et plus long que prévu. J’ai beaucoup travaillé, relu et corrigé le texte afin de le rendre le plus lisible possible, pour que le lecteur suive l’histoire sans jamais se perdre. Comme d’habitude, je n’ai pas fait de plan. Le plan fige les éléments du récit, j’ai l’impression de ne plus avoir de liberté, de marge de manœuvre. Je connaissais juste les grandes lignes de l’histoire, je savais où j’allais et comment y aller. Pour écrire dans de bonnes conditions et donner le meilleur de moi-même, j’ai besoin de raconter l’histoire au fil de la plume, ceci afin de garder l’excitation intacte et de me surprendre moi-même.


Un détail nous a intrigué tout au long du roman : la date… Pourquoi avoir choisi de situer votre roman en février – mars 2015, soit à quelque chose près au moment de la sortie du roman en librairie ?
Comme je l’ai dit, j’ai commencé à rédiger le premier chapitre du roman le 1er janvier 2010. La création de la série « Cherif » m’a obligé à souvent interrompre l’écriture du livre. C’est la raison pour laquelle la rédaction a pris autant de temps. D’année en année, je changeais la date, car ce qui était vrai en 2010 ne l’était plus forcément en 2011, ou en 2012, etc. En toute sincérité, je ne savais pas que le roman sortirait en mars 2015. On peut appeler cela un concours de circonstance.


  La couverture de votre nouveau roman est très belle et très mystérieuse, avez-vous participé à sa création ?

Céline Thoulouze, mon éditrice, m’a rapidement mis dans la boucle. Axel Mahé, le graphiste, nous envoyait des projets de couverture. Nous en discutions. Au final, nous avons choisi ensemble. Cela n’a pas été trop compliqué car Céline et moi sommes sur la même longueur d’onde, nous sommes artistiquement en phase. La femme de dos sur la couverture est bien évidemment la « méchante » de l’histoire. Elle surplombe la ville de New York car elle ambitionne de la conquérir – ainsi que le monde. La traînée de fumée évanescente, sur le côté, a bien entendu quelque chose à voir avec les âmes du récit.


La fin est assez ouverte. Pourquoi ce choix et avez-vous prévu une suite à cette histoire ?
J’ai toujours soigné les fins de mes livres. Une fin percutante, surprenante, marque les esprits. J’évite les épilogues conformistes, j’aime clore le récit d’une façon inattendue, sortir des sentiers battus. En écrivant cette fin-là, j’avais bien sûr en tête l’idée d’une suite. Qui sait, Richard et Mike reviendront peut-être un jour ?
 
 
Laurent Scalese



Dans la série Chérif qui cartonne sur France 2, les personnages sont également l’essence de la série. Comment sont-ils nés dans votre imagination ?
Dès le départ, nous avions l’intention de créer un personnage fun, ludique, à l’opposé des figures policières sombres, désabusées, que l’on croise dans les fictions françaises récentes. Pour autant, Kader Cherif est loin d’être un personnage lisse et dépourvu de profondeur. Il est pétri d’humanité, il ne juge pas l’homme qu’à l’aune de ses actes répréhensibles. Avant de juger, il essaie de comprendre. Sa démarche le rend tout de suite attachant. Il a le calme et l’assurance tranquille de celui qui sait. Il fait son métier en s’amusant, car il est devenu flic par passion. Enfant, ado, il dévorait les séries télé des années 80, il a trouvé en chacun de ces héros un père de substitution. Mais s’il maîtrise la situation au commissariat, sur une scène de crime ou dans une salle d’interrogatoire, il est souvent dépassé par l’éducation de sa fille Sarah, qui l’amène à se remettre en question et à douter. Quant à elle, Adeline Briard est l’antithèse de Cherif. Rigoureuse, structurée, compassée, elle va apprendre à se détendre au contact de son équipier, et à sourire. Impossible de ne pas sourire quand Cherif sourit, il a le sourire communicatif ! Adeline a un lourd passé, qu’on dévoile peu à peu. Qu’il s’agisse de Kader ou d’Adeline, le rapport au père est souvent abordé dans la série. Concrètement, nous avons créé les personnages en parlant, durant des brainstormings dans les locaux de la production. Ensuite, je suis rentré chez moi et j’ai rédigé la première bible, de façon à poser les éléments constitutifs de la série - à commencer par les personnages - et à les ordonner. L’écriture du pilote a suivi. À cette époque, Cherif n’était pas fan de séries télé mais de… Jean-Paul Belmondo.


La Série Chérif est une série avec un héros positif comme Le Mentalist ou Magnum. Est-ce pour prendre le contre pied des séries sombres actuelles?
Absolument. À la base, Cherif est un enfant des eighties, il s’est donc nourri des séries de ces années-là. À cette époque, les fictions étaient plus légères, pleines d’humour et d’élégance, elles mettaient en scène des héros décontractés et véhiculaient un message positif. Nous voulions retrouver cet état d’esprit. Après réflexion, on a élargi le concept : Kader adore les séries télé, notamment policières, il est logique qu’il suive leur évolution ; s’il revoit parfois les séries dont il raffolait dans son enfance, il regarde forcément celles diffusées de nos jours. Cela nous a permis de toucher un public plus large, aussi bien les nostalgiques des années 80 que les fans des séries télé actuelles. Tout le monde s’y retrouve. Mais il y a une constante dans la caractérisation de Cherif : dès le début de l’aventure, nous avons décidé qu’il s’agirait d’un personnage lumineux, solaire, le genre de type, et de flic, qu’on a envie d’approcher, de connaître.


Avez-vous participé au casting des comédiens ?
Nous avons auditionné beaucoup de comédiens, pour les rôles des capitaines Briard et Cherif. Et puis, après la diffusion de la série « Les hommes de l’ombre », sur France 2, on a craqué pour un acteur aussi discret que charismatique, un certain Abdelhafid Metalsi. Il jouait le garde du corps du président de la République. En visionnant le premier épisode dans les bureaux de la production, on a eu un véritable coup de cœur, on a senti qu’il pouvait correspondre au personnage de Kader Cherif. Quelques essais plus tard, le doute n’était plus permis : Abdelhafid Metalsi était Kader Cherif. J’aime beaucoup cet acteur, artistiquement et humainement parlant. Dans la vie, il est plutôt discret, réservé, classe. Il a une vraie présence, il n’a pas besoin d’en faire trop à l’écran. Sans oublier sa voix, il a une voix bien posée, douce, rassurante. Il n’en parle jamais, mais il a joué dans « Munich » de Spielberg et « Le tigre et la neige » de Roberto Benigni. Un jour, il m’a raconté le tournage de « Munich », sa rencontre avec Steven Spielberg, sa collaboration avec Daniel Craig, Eric Bana, pour ne citer qu’eux. De quoi faire rêver le fan de cinéma que j’ai toujours été. Concernant Carole Bianic, elle a joué dans un épisode de la série « Empreintes criminelles », également diffusée sur France 2, sur laquelle j’ai travaillé. En la revoyant à l’écran, dans une scène d’interrogatoire, on s’est dit qu’elle serait parfaite dans le rôle d’Adeline Briard. Carole a un point en commun avec Abdelhafid : la discrétion et la douceur. Et c’est une sacrée bosseuse, elle se donne à fond.


Laurent ScaleseQu’avez-vous pensé en découvrant les acteurs qui allaient jouer Kader Chérif et Adeline Briard ? Etaient-ils conformes à vos attentes initiales ?
Dès leur apparition dans le pilote, j’ai eu le sourire aux lèvres. Je me suis dit : on a fait le bon choix, on tient nos personnages. Je suis heureux et fier du travail qu’ils ont accompli. À tel point qu’aujourd’hui je ne vois plus à l’écran Carole et Abdelhafid, mais Adeline et Kader.


Un petit scoop pour la saison 3 ?
Je ne peux rien dire, je suis tenu au secret, la production et la chaîne me donneraient un coup de règle sur les doigts si je parlais. Sérieusement, cette saison va voir la relation entre nos deux héros évoluer. Dans quel sens ? Quoi qu’il en soit, ils seront encore plus profonds, plus attachants.


Quand on vous suit sur Facebook et en regardant Chérif, on sait que vous êtes un grand fan de séries. Quelles sont celles qui vous ont le plus marqué dernièrement ?
Les séries télé de ces quinze dernières années ont tout changé : plus de réalisme, plus de psychologie, des personnages fouillés, profonds, certains oscillant parfois entre le héros et le salaud, parce qu’il en est ainsi dans la vraie vie. Depuis « The Shield » et « Six Feet Under », au début des années 2000, je suis accro. Les séries américaines et anglaises du câble – HBO, FX, AMC, Showtime, Starz, etc. – sont si bien écrites, les dialogues si brillants, que même un gros lecteur s’y retrouve. Ces dernières années, j’ai dévoré « Luther », « The Walking Dead », « Halt and Catch Fire », « Game of Thrones », « Vikings », « Ray Donovan », « The Affair », « Awake », - une série malheureusement arrêtée après la première saison, mais d’une ambition et d’une intelligence incroyables -, pour ne citer qu’elles. « Mad Men » reste à ce jour ma série préférée, ce que j’ai vu de mieux. J’attends avec une impatience à peine retenue la diffusion des sept derniers épisodes de l’ultime saison, en avril 2015. En ce moment, je visionne « The Strain », la série fantastique de Guillermo del Toro et Chuck Hogan, adaptée de leur trilogie littéraire intitulée « La lignée ». Même si la série ne sort pas vraiment des sentiers battus – et si elle marche dans les pas de « L’échiquier du mal », le chef-d’œuvre de Dan Simmons –, elle est prenante, jubilatoire, elle renoue avec l’esprit des meilleures séries B d’horreur des années 70-80. On pense notamment aux films de George A. Romero. Bref, je commence à la kiffer grave, cette série, comme dirait ma fille !


Quels sont vos projets ?
L’écriture du prochain roman, qui aura pour héros un personnage spécial, comme je les aime. Plusieurs projets audiovisuels sont actuellement en développement. Sans oublier la saison 3 de « Cherif » dont le tournage a débuté le 9 mars.


Merci beaucoup Laurent Scalese, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci à toute l’équipe de « Plume Libre » d’avoir lu et apprécié La voie des âmes  ! Et merci de m’avoir accueilli chez vous le temps de cette interview, j’ai pris beaucoup de plaisir à répondre à vos questions.


P.S. : Ah non, excusez-nous, encore une petite question : Avez-vous le 06 d'Adeline Briard ? C'est pour demander celui de Chérif pour les filles :))
J’ai le 06, le mail et l’adresse des deux. On en reparle à Lyon, aux Quais du Polar ? ;)



 Du même auteur biographie, chronique, interview
Go to top