Wendall Utroi

Wendall Utroi 





 mai 2016

 

 
 
Wendall Utroi

 

Bonjour Wendall Utroi, commençons par le petit rituel de la première interview sur Plume Libre. Pouvez-vous vous présenter ?
    Tout d’abord, merci pour cette interview. 
Je suis un jeune quinqua, originaire du nord de la France. Je vis dans la Drôme où j’exerce la profession de policier dans un service d’investigation. J’ai un parcours un peu atypique dans ce métier.


Comment vous êtes-vous lancé dans cette aventure de l’écriture ?

    Ce n’est pas quelque chose qui s’est déclaré du jour au lendemain, j’y suis venu en douceur, un peu poussé par le destin. Je crois beaucoup en ce concept, même si l’on peut lui forcer la main.
J’ai toujours aimé écrire, mais sans réellement en prendre conscience. Il y a un peu plus de dix ans, je me suis inscrit sur un site qui proposait aux consommateurs de poster leurs avis sur les produits qu’ils avaient achetés. Cela allait du pot de yaourt à la voiture. Une rubrique était dédiée aux textes libres, j’y ai partagé quelques nouvelles. Au bout de quelques semaines, je m’étais construit un petit lectorat qui m’encourageait à écrire. Le fœtus de mon premier roman s’est conçu ainsi.
J’ai laissé un peu tomber, rattrapé par les réalités de la vie, et en 2009 alors que je me trouvais en mission à Kaboul, je me suis penché de nouveau sur ce début de roman. Je l’ai terminé en 2014 lors d’une autre mission au Kosovo.


Vous êtes édité sur Amazon, pourquoi ce choix et quels sont pour vous les avantages et inconvénients ?

    Une nouvelle fois, il s’agit d’un concours de circonstances, j’ai terminé mon roman au Kosovo, et envoyer des manuscrits de là-bas, ce n’était pas évident. Je doutais énormément de la qualité de cette histoire que seuls mes proches avaient lue et je m’imaginais déjà les refus en cascade. J’ai découvert la possibilité de publier sur cette plateforme et je me suis lancé. Je me suis dissimulé derrière un pseudo, je me disais : « si c’est un fiasco, au moins personne ne saura ! »
J’ai rapidement pris conscience des avantages de publier un premier roman sur cette plateforme. Tout d’abord, la proximité avec les lecteurs. Les commentaires bons, mais surtout mauvais vous permettent de vous remettre en question. Je m’étais lancé un peu vite, peu préparé, et les retours sur le manque de qualité de mon travail n’ont pas tardé. Après quelques semaines, le succès étant au rendez-vous j’ai investi dans une correction digne de ce nom. Le mal était fait, mais on apprend aussi de ses erreurs. En fait, de nombreux avantages sont aussi des inconvénients, l’auteur est libre de fixer son prix (fluctuation déroutante), le suivi des ventes est quasiment en temps réel (addiction à la page des ventes en vue), possibilité de mise à jour du contenu et de la couverture... Bref, de nombreux points qu’il m’est impossible de développer ici.
Les inconvénients sont comme vous l’avez compris le pendant des avantages, mais le principal est surtout qu’il faut tout gérer... Je vous promets c’est galère ! Promotion, marketing, correction, couverture, relecture, réécriture et tout ça sans aucune aide d’un professionnel, tant que vous n’avez pas les moyens financiers. Il y a des jours où j’ai envie de tout laisser tomber !

L'enjeu -  Wendall UtroiComment est né votre roman L’Enjeu ?
    Mon épouse adore les thrillers bien sanglants ; des meurtres en série, des chairs qui pendent, tortures et cadavres en décomposition... Beurk ! Mon premier roman s’était bien vendu, elle voulait que je revienne à ce genre, mais avec quelque chose de plus « gore ». Un film m’avait particulièrement marqué « SAW » et je me suis dit, pourquoi pas. J’ai attaqué l’écriture, et je me suis rendu compte au bout de quelques chapitres que ce n’était pas ma tasse de thé. Chassez le naturel, il revient au galop. Des horreurs j’en ai assez vu dans la vraie vie !
Le huis clos me plaisait beaucoup, et j’avais été séduit par le personnage d’Élisabeth qui s’était créé sous mes doigts. Je ne veux pas dévoiler le fil conducteur de ce roman, mais je suis souvent animé par l’envie de parler d’un sujet qui me touche. Élisabeth était le personnage parfait pour l’évoquer, et l’histoire s’est mise en place naturellement. C’est certainement à cause de cela que le lecteur sera surpris par ce changement inattendu dans l’histoire.


Vos personnages sont très empathiques, comment les écrivez-vous ? A-t-il été plus difficile de se mettre dans la peau d’une femme ?

    Ma façon d’écrire évolue, mais je reste en grande partie guidé par mon imagination. Désormais je me fixe une trame générale et une fin. Quant aux personnages, je les découvre en vivant l’histoire, je ne parviens pas à les profiler de façon artificielle en amont. Pour qu’ils paraissent réalistes, je me laisse conduire par mon imaginaire, une liberté qui m’échappe parfois. Cela peut sembler étrange, mais c’est ainsi.
J’ai eu un énorme plaisir, mais également de grandes craintes à me mettre dans la peau d’une héroïne. J’ai un respect immense pour la gent féminine, que je trouve bien moins barbare que l’homme. Je voulais un personnage accompli, avec ses forces et ses faiblesses qui représente la femme d’aujourd’hui, et surtout éviter toute misogynie. Je n’ai pas ressenti une difficulté particulière. Les femmes qui m’entouraient enfants ont eu une place prépondérante dans ma vie, mon métier me place souvent en contact avec des mères, des épouses, des filles en difficulté. Il n’y a pas tant de différence entre un homme et une femme, j’en suis persuadé, tout est question de sensibilité dans le sens noble du terme. Au final, ce qui me surprend c’est qu’Élisabeth plaise autant aux hommes qu’aux femmes.



Dans la première partie de votre roman, on pense à Vertige de Franck Thilliez ou Prédation de Jérôme Camut et Nathalie Hug, font-ils partie de vos références ?

    J’ai un peu honte, mais je ne les ai pas lus... Ce n’est pas par manque d’avoir entendu grand bien de ces auteurs à succès. Les impératifs liés à ma vie professionnelle et privée font que je ne m’accorde que peu de temps à la lecture. J’essaie de combler ce retard accumulé, mais ce n’est pas évident. Ma curiosité est éveillée depuis l’article sur Plume Libre, et bien entendu, ils sont dans ma liste à lire.



Avez-vous envie, ou avez-vous été approché par l’édition traditionnelle ?
    Dire que je ne le désire pas serait mentir, mais je n’en fais pas une priorité. Cela va peut-être vous surprendre, mais je peine encore à réaliser que les lecteurs prennent de leur temps pour lire ce que j’écris. J’en tire une satisfaction énorme et pour l’instant je continue d’apprécier ce petit miracle. Je suis conscient que je vis quelque chose de fabuleux et j’en remercie les lecteurs.
Concernant les contacts avec les maisons d’édition, pour être honnête avec vous, à ce jour, il n’y a rien de concret, mais il y a des approches en cours. Je ne préfère pas en dire plus.



Un petit mot sur votre Premier roman « Un genou à terre » ?
    Il m’a fallu de nombreuses années pour l’écrire, il s’est construit en trois moments distincts de ma vie, et cela se ressent à la lecture. Contrairement aux deux romans suivants, il est venu à moi plus que je ne suis allé vers lui. Inconsciemment, j’y ai mis beaucoup de moi, même si tout est fiction. Ce roman loin d’être parfait a été un peu un exutoire et un révélateur. Quand le mot fin est apparu sur l’écran, je me suis senti mieux. Ce n’est que plusieurs mois plus tard que je me suis aperçu que j’y avais mis mes tripes. Il s’agit d’un thriller psychologique atypique dans sa construction, enfin, il me semble. J’y parle d’un jeune homme fragile qui a vécu toute son enfance les brimades à cause de son embonpoint et qui lors de son service militaire va décider de ne plus se laisser faire. Sa réaction va l’entraîner dans une spirale infernale qui ne se dévoilera que dans les toutes dernières pages.

 

Vous avez écrit également un roman fantasy, est-ce aussi un genre qui vous passionne ? Quelles sont les différences d’écriture entre le thriller et la fantasy ?

J’ai énormément lu de fantastique et de SF comme l’on disait à l’époque dans ma jeunesse. La fantasy est un genre que j’apprécie. Après « un genou à terre » une de mes filles m’a demandé de lui écrire ni plus ni moins qu’une histoire comme « Harry Potter ou le Seigneur des anneaux »... Rien que ça !
J’ai voulu lui faire plaisir et je me suis lancé. C’est un genre que j’affectionne, et j’y reviendrai, mais j’aime développer l’aspect psychologique des personnages et les thrillers s’y prêtent mieux.
La manière d’écrire diffère peu dans mon cas, j’aime surprendre le lecteur dans ces deux genres, du coup, le suspense devient un ingrédient commun. En revanche, la fantasy amène une liberté que l’on ne retrouve pas dans le thriller qui demande beaucoup plus de rigueur. La moindre incohérence aura un effet dévastateur, pas dans un fantastique. J’ai vécu l’écriture du « Dompteur de pluie » comme une bouffée d’air frais, comme un intermède agréable où mon imagination pouvait se rassasier de personnages et de paysages merveilleux.


Vous êtes très présents sur les réseaux sociaux avec votre lectorat, est-ce important pour vous d’en être proche ?
    C’est une très bonne question. C’est vrai que je suis très présent, et je réalise qu’effectivement j’y attache plus d’importance que je ne l’aurai cru. Je me sens peut-être redevable ? Un auteur existerait-il sans ses lecteurs ? Je ne le pense pas, on écrit pour être lu.
J’essaie de parler de sujets qui me touchent au travers de mes romans, de partager des émotions, lorsqu’elles sont perçues et ressenties par les lecteurs, j’ai l’impression d’avoir un point commun avec eux. C’est sans doute la raison pour laquelle j’apprécie leur contact.

 

Quels sont vos projets ?
    Je suis en cours d’écriture d’un nouveau thriller, les premiers chapitres sont écrits, mais je viens d’avoir une nouvelle idée et il faut que je remanie tout depuis le début. J’espère surprendre de nouveau le lecteur. Dans la foulée je terminerai le tome deux et la fin de mon roman fantasy.

 


Merci Wendall, on vous laisse le mot de la fin.
    Un immense merci à Plume Libre et à Stéphane pour m’avoir permis de m’exprimer ici, et à tous ceux qui auront eu le courage de lire l’interview jusqu’au bout. Profitez des bons moments de la vie, la lecture et l’écriture en font partie !

  Du même auteur : Biographie, chronique, interview



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