Hervé Jourdain

 





 Hervé Jourdain

 

 

Bonjour Hervé Jourdain, notre dernière interview date de mars 2011, que s’est-il passé depuis ?
    Mars 2011 correspond à la sortie de mon second roman, Psychose au 36. Deux ans plus tard j’ai obtenu le prix du quai des Orfèvres pour Le sang de la trahison (Fayard), avant de me mettre à développer divers concepts de séries policières. Ce travail fait de nombreux rendez-vous étant peu compatible avec une activité professionnelle à plein temps, je suis finalement revenu vers le roman, vers une activité solitaire où j’organise moi-même mon temps de travail.


Femme sur écoute - Hervé Jourdain - Fleuve éditionsVotre roman Femme sur écoute vient de sortir chez Fleuve Noir, pouvez-vous nous le présenter ?

    Deux intrigues vont se nouer au cours du récit. La première porte sur la descente aux enfers d’une jeune mère de famille qui officie comme strip-teaseuse dans un club de nuit parisien. En parallèle, le lecteur suit les enquêteurs du « 36 » qui tentent de faire la lumière sur la mort d’une journaliste parisienne qui faisait fuiter dans la presse de nombreuses affaires judiciaires. Vient s’agréger là-dessus le mystère de la mort du fils du commissaire de la brigade criminelle, découvert pendu trois ans plus tôt.


Comment s’est passée votre arrivée dans cette nouvelle maison d’éditions ?

    Je me suis présenté avec un projet axé sur les écoutes téléphoniques, une thématique peu traitée dans le domaine du polar. Fleuve noir a validé l’idée. J’ai alors principalement travaillé avec Marie Eugène, par étapes, sur une période d’environ un an : constitution du synopsis, puis remise des épreuves en plusieurs temps, de manière à retravailler certains passages ou muscler d’autres aspects.


Pourquoi avoir décidé de situer votre équipe dans les nouveaux locaux de la Police Judiciaire aux Batignolles et comment vous êtes-vous projeté dans cette nouvelle ambiance ?
    C’était une évidence pour moi, policier, que de suivre l’actualité. Au cours des jours et des semaines à venir, les nombreux services du 36 quai des Orfèvres sont amenés à déménager dans le 17ème arrondissement de Paris, dans un immeuble flambant neuf et ultrasécurisé situé au 36, rue du Bastion. C’était aussi l’occasion de jouer sur ce déménagement pour fragiliser mes flics avec la perte de repères et bouleverser les rapports familiaux du groupe à cause du nouvel agencement des bureaux.


Comment sont nés vos personnages de policiers ? Sont-ils totalement imaginaires ou vous êtes-vous inspirés de personnes réelles ?
    On se nourrit nécessairement de la réalité et de personnages dont les caractères ou les méthodes vous ont marqués. Toutefois, s’il veut que ses personnages restent dans la mémoire des lecteurs, l’auteur se doit de les rendre attachants, clivants, décalés ou exécrables. A titre personnel, pour coller au plus près du réalisme, je préfère m’attacher à développer des flics handicapés par des soucis personnels ou familiaux plutôt que leur coller une étiquette de super-héros. En bref, j’aime dépeindre des flics « Monsieur tout-le-monde » confrontés à des situations personnelles et professionnelles extra-ordinaires.


Votre intrigue est totalement ancrée dans l’actualité. Pourquoi ce choix ?
    Cette intrigue, qui comporte un aspect politique, se déroule effectivement entre les deux tours de l’élection présidentielle. L’idée de fond est la prise de contrôle de la société via les médias. Tous les hommes politiques, en ce moment, en rêvent.


Les personnages féminins ont une place très forte dans vos romans. Comment les travaillez-vous ?
    Je les travaille par la mémoire. Des « Manon », la strip-teaseuse du Jardin d’Eden, j’en ai croisées plusieurs dans le cadre de mes enquêtes. Certaines sont insupportables ou arrogantes, mais elles restent les premières victimes de la société au vu de leur proximité avec certains milieux.


Vous avez également mis en avant les techniques d’investigations informatiques à travers un de vos personnages. Comment les policiers se sont adaptés à toutes ces nouvelles technologies ?
    Oui, le lieutenant Lola Rivière est cyber-enquêtrice. Elle est douée pour percer les secrets d’un disque dur. Pour s’offrir de telles compétences, la police a dû investir, tant dans la formation de certains de ses effectifs que dans leur équipement. L’investigation informatique est devenue un domaine d’enquête à part entière : retracer des historiques de conversations, de recherches, de téléchargements, est une mine d’or pour celui qui sait quoi et où chercher.


Envisagez-vous un retour de cette équipe dans un prochain roman ? D’ailleurs, quels sont vos projets ?
    Oui, le groupe va réapparaître. Le commissaire Compostel va enfin faire le deuil de son fils, et Zoé et Lola, mes deux trentenaires célibataires, vont connaître des trajectoires différentes dans le cadre d’une enquête en province portant sur la disparition de la femme de Guillaume Desgranges, leur chef de groupe.


Merci beaucoup Hervé Jourdain, nous vous laissons le mot de la fin.
    Ce mot, c’est « merci ». Vous autres, bloggeurs et bloggeuses, vous êtes les messagers de notre passion, de nos intrigues.


Du même auteur : Biographie, chronique, interview
 
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