Ford Jeffrey





La fille dans le verre

 






1932 : L'Amérique dans une de ses période les plus sombres ... Prohibition, Grande Dépression, antisémitisme, voilà les crédos de cette période. Difficile de survivre quand on est illusionniste, monstre de foire ou immigré clandestin (surtout qu'à l'époque on renvoyait à tour de bras les ouvriers mexicains embauchés en masse 15 ans auparavant) . Pourtant, Schell, Diego et Antony Cleopatra (si si, c'est un homme et pas des moindres) ont trouvé la combine : ils organisent des fausses séances de spiritisme avec tables frappeuses et gémissements d'outre-tombe. Et arnaquent joyeusement les riches de Long Island, prêts à tout pour recevoir un dernier signe de leurs chers (et couteux, en l'occurrence) disparus. Tout va (presque) pour le mieux dans le monde de l'entourloupe, jusqu'à ce fameux jour où, pendant une séance, Schell aperçoit le visage d'une enfant dans une vitre. Commence alors pour nos trois compères une enquête périlleuse qui va les plonger au plus profond de la folie humaine. Car, se découvrant soudain des scrupules, Schell va tout faire pour comprendre qui est cette fillette, et ce qui lui est arrivé. Et, aidés par ses amis monstres de foire en tous genre, lutter désespérément pour leur propre droit à exister.

La Fille dans le Verre (le titre original est bizarrement traduit d'ailleurs) commence comme un roman comique et se termine dans l'horreur absolue. Et c'est ce qui fait tout le plaisir de la lecture. On passe d'un seul coup du franchement burlesque au problème gravissime de l'eugénisme. Le déclencheur ? La vision d'une fillette dans une vitre. Qui est-elle ? Que lui est-il arrivé ? Est-elle morte ? Pourquoi ? Comment ? L'histoire peut paraitre parfois abracadabrante, mais le fond n'en demeure pas moins sérieux ... et effrayant ! Car où irait le monde si quelques illuminés décidaient de qui est digne de vivre et qui ne l'est pas ? Nos personnages en auront d'ailleurs la réponse quelques années plus tard, car de 1932 à 1939, il n'y a qu'un saut de puce . Les personnages sont vraiment le point fort de ce roman : anti-héros, sauveurs inattendus de toute une population à la frange de la société "bien-pensante", Schell et ses acolytes n'en sont pas moins profonds et sérieux.
Beaucoup d'humour dans les dialogues et des situations tour à tour cocasses ou horrifiantes, ce roman est un pur bonheur de lecture, et de réflexion .
Il a été couronné par le prix Edgar Allan Poe 2006.


La Fille dans le Verre, parution avril 2007, collection Lunes d'Encre. Editions  Denoël
Parution mai 2010, Editions Folio policier

 



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