Chandra Vikram






Le Seigneur de Bombay

 




Coup de coeur
 Depuis 1995, Bombay ne s'appelle plus Bombay, mais Mumbai. Ce qui n'empêche pas la ville de continuer à être ce qu'elle est depuis des lustres : un lieu de contrastes violents . De la misère des bas-fonds au luxe de Bollywood, tout n'y est que lutte, corruption, violence, magouilles, petits drames et grandes tristesses. Au milieu de la tentaculaire pyramide policière de Bombay, un homme : l'inspecteur Sartaj Sing. Ce matin-là, Sartaj a reçu l'appel le plus inattendu de sa carrière : Ganesh Gaitonde, le roi de la pègre, le seigneur du crime, est de retour à Bombay après des années d'exil. Il est là, dans un abri anti-atomique, et l'attend, lui Sartaj Sing, le flic qui ne le connait que de nom. Et il lui parle, parle à travers l'interphone qui relie son bunker de béton au monde extérieur. Il lui parle, mais se tire une balle dans la tête. Quand la police parvient enfin à forcer le blindage, c'est pour découvrir le cadavre de Gaitonde, le Bhai, mais aussi celui d'une femme. Commence alors pour Sartaj une très longue enquête pour le compte ... il ne sait pas trop pour le compte de qui en fait . La Sureté Nationale ? Les Services Secrets ? Peu importe. Il a d'autres questions à résoudre. Pourquoi Gaitonde a-t-il quitté Bombay ? Pourquoi, surtout, est-il revenu ? Qui est cette femme morte avec lui ? Quel est le rapport avec Gourou-Ji, dont la secte tentaculaire s'étend au delà des friontières de l'Inde ? Pourquoi se terrait-il dans un abri anti-atomique ? Entre une enquête sur un chantage, le blanchiment d'argent pour son commissaire et la pression constante des politiciens véreux, Sartaj n'a pas une vie de tout repos.

Claire_redfield

Epoustouflant !! Parler du Seigneur de Bombay comme d'un polar serait comme appeler un foie gras du pâté ... Car même si la trame de base est policière, ce roman est avant tout une formidable et bouillonnante peinture de l'Inde du XXe siècle. Raconté en partie par la voix de Ganesh, le lecteur suit pas à pas l'ascension et la chute d'un caid de la pègre, depuis son premier coup jusqu'à sa mort sordide sous terre. Mais Le Seigneur de Bombay est également une chronique de l'Inde dans toutes ses contradictions, ses bruits, ses lumières et ses tares.
Bombay, une pomme bien rouge et juteuse grouillante de vers, où la misère côtoie le sublime, où les castes et les religions se déchirent, où tout n'est qu'apparence et profondeur.

Stfoch

Le Seigneur de Bombay nous engloutit dès les premières pages dans les entrailles de L'Inde et plus particulièrement de cette mégapole aux multiples visages qu'est Bombay. Vikram Chandra plonge le lecteur dans un roman fleuve de 1000 pages. Cela lui a demandé 7 années de recherches sur les bas-fonds de cette ville nouvellement appelée Mumbay. Il en fait une fresque sociologique, politique, culturelle et religieuse d'une grande richesse en se servant de la trame d'une histoire policière flirtant avec l'espionnage. On y suit un flic désabusé enquêtant sur le suicide d'un roi de la pègre. L'auteur y dénonce une police violente et corrompue de toutes parts depuis des années. Coutume entrée dans les mœurs, pour assouvir le pouvoir et la crainte. Cette gangrène s'étendant jusque dans les sphères politiques de ce pays qui est également rongé par les différents fanatismes religieux L'auteur nous retrace une cinquantaine d'années de l'histoire de l'Inde : de ses heures sombres, de ses conflits : ethniques, religieux et de castes. A travers le journal posthume de ce Seigneur de la mafia de Bombay, on y suit ses origines, son ascension, ses doutes, sa vie en prison, ses guerres, sa dépendance à un Gourou et à une maquerelle. Une saga qui n'est pas sans rappeler celle de Mario Puzo avec Le Parrain, en version Indienne. Vikram Chandra partage également sa passion pour le cinéma de Bollywood par de nombreuses références cinématographiques et musicales tout au long de ce récit lui donnant ainsi quelques respirations, un peu de glamour et des moments d'émotion, mais il y montre aussi les dérives de ce milieu avec la prostitution et le blanchiment d'argent. Le Seigneur de Bombay est un vertige de mille pages, admirablement écrit. On y sent la moiteur, la pollution, les épices et l'odeur du sang à chaque ligne sans un seul temps mort. Véritable patchwork de destins croisés communs et extraordinaires extirpés du chaos de Bombay. L'authenticité de l'œuvre originale est préservée avec quelques mots Hindi traduits à la fin du livre dans un petit lexique. Le Seigneur de Bombay a valu le Hutch Crossword Book Award en 2006 - l'équivalent du Goncourt en Inde à Vikram Chandra, le plaçant ainsi comme l'un des plus grands auteurs Indiens de langue anglaise à l'égal d'un Salman Rushdie.
Ce roman est l'un des chocs de ce début d'année, un véritable coup de cœur.

Le seigneur de Bombay, Parution janvier 2008, Editions Robert Laffont
Parution février 2009. Éditions Pocket
 Du même auteur : Biographie, chronique, interview

Le Seigneur de Bombay - Vikram Chandra vidéo de présentation
Le 1er chapitre en widget

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