Patrick Senécal







Mars 2008

 




 

 

Patrick Senécal, première question rituelle : pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Plume Libre et nous raconter votre parcours ?
Je suis né en 1967 à Drummondville, une petite ville du Québec à cent kilomètres de Montréal. J'ai étudié en littérature et en cinéma à l'université de Montréal, puis j'ai enseigné pendant 13 ans à temps plein au cégep, ce qui est l'équivalent du pré-universitaire (17-19 ans). Bien que j'écrive depuis que je suis tout petit, j'ai publié pour la première fois de façon professionnelle en 1994, donc à 27 ans. Il s'agit de mon premier roman, 5150 rue des Ormes, un livre d'horreur psychologique. Ont suivi Le passager en 1995 (un thriller psychologique), Sur le Seuil en 1998 (qui relève plus du fantastique), Aliss en 2000 (une version trash d'Alice au pays des merveilles), Les sept jours du talion en 2002 (un polar horrifique et social), Oniria en 2004 (un mélange d'horreur, de fantastique et de SF) et Le Vide en 2007 (un polar noir et social). Je viens aussi de publier un court roman d'épouvante pour enfants, Sept comme Setteur. En 2003, un film a été fait à partir de Sur le seuil, que j'ai co-scénarisé. J'ai vécu de 1986 à 1996 à Montréal, je vis maintenant à Mont-Saint-Hilaire, tout près de Montréal, avec mon amoureuse et mes deux enfants. Depuis presque quatre ans, j'écris à plein temps.


Quelles sont vos influences littéraires ou cinématographiques ? De quels auteurs vous sentez-vous le plus proche ?
Quand j'ai commencé à écrire, adolescent, mes influences étaient claires. Il y a d'abord eu Jean Ray, mon premier contact avec le fantastique et la littérature de peur. Un choc, énorme. C'est sûrement grâce à lui si j'écris aujourd'hui. Puis, il y a eu Stephen King, qui a été tout aussi significatif. Je dirais même que mes premiers romans ressemblent à du King. Maintenant, depuis quelques années, je crois avoir trouvé ma voix propre. Aujourd'hui, je suis sans doute encore influencé (qui ne l'est pas ?) mais cela se joue plus au niveau de l'inconscient. J'imagine que tout ce que je lis m'influence indirectement, que ce soit Romain Gary ou Dennis Lehane ou Victor Hugo. Je n'arrive évidemment pas à la cheville d'aucun de ces trois maîtres, mais j'ose espérer qu'ils m'ouvrent l'esprit, et donc mes possibilités de création. Nous sommes toujours la somme de tout ce que nous digérons, non ?


Comment décririez-vous l'univers de vos propres romans à quelqu'un qui ne vous a encore jamais lu ?
Entrer dans un de mes romans, c'est entrer dans la noirceur humaine. Et quand on entre dans cette zone, ce n'est pas confortable. Tout peut donc arriver dans mes romans, et surtout le pire. Ca ne veut pas dire que toutes mes histoires finissent systématiquement mal. Bon, il n'y a jamais de vrai happy-end, mais dans certains cas, il y a une petite lueur d'espoir.

Quels sont selon vous les bons ingrédients pour faire frissonner le lecteur ?
Si vous saviez à quel point je suis un mauvais analyste de ma propre écriture ! Personnellement, je ne cherche pas spécialement à faire peur au lecteur. Il s'adonne que je parle de la noirceur humaine, donc si mes personnages « fêlés » sont crédibles, ils vont forcément faire peur. La peur ne se créée pas avec des artifices, mais avec des situations et des personnages qui doivent être le plus crédible possible. C'est le problème de beaucoup de films au cinéma : on veut faire peur avec des effets bidons ou chocs ou superficiels, comme de la musique forte, des sursauts inattendus, etc. Dans un livre, on ne peut pas faire ça et tant mieux : on est obligé de créer de vraies situations, de vraies personnages et, surtout, de vraies ambiances.
J'aime beaucoup parler de personnages normaux qui, peu à peu, tombent dans leur propre noirceur. Cela fait peur parce que le lecteur sait que personne n'est à l'abri de cela : nous avons tous nos zones d'ombres et, parfois, elles émergent...


L'horreur, le fantastique, le thriller sont en plein essor. Alors qu'il suffit d'allumer la télévision pour voir des abominations bien réelles. D'après vous, le lectorat est attiré par ces romans pour quelles raisons ? Par voyeurisme ? Afin d'être confronté à sa propre peur ? Par habitude d'un quotidien de plus en plus violent...?
Moi, si j'écris de telles histoires, c'est pour évacuer ma propre noirceur. Et j'imagine que mes lecteurs font la même chose, consciemment ou non. De toute façon, de tous les temps, l'humain a toujours eu besoin de vivre sa noirceur intérieure par catharsis. Dans l'Antiquité, on allait regarder des gens se faire bouffer par des lions. En France, au dix-huitième siècle, on exécutait les gens sur la place publique. Aujourd'hui, on est plus civilisé et on tente au maximum d'effacer la violence du quotidien. Ce qui est normal. Sauf qu'on ressent tout de même le besoin d'évacuer celle qui s'agite en nous. Comment faire ? C'est là qu'interviennent le cinéma et la littérature. Je trouverai toujours une société qui lit beaucoup de livres d'horreur plus saine qu'une société qui assiste à des exécutions publiques en famille !


La violence est très présente dans vos écrits. Pourquoi cette attirance ? Pour en explorer son origine ? Les formes qu'elle peut prendre ? Le moment où on peut y basculer... ?

Je n'ai aucune idée pourquoi cela me fascine. Je n'ai jamais choisi d'écrire de telles histoires. J'écris les idées qui me visitent et, pour des raisons obscures, celles qui me viennent toujours sont très noires et très violentes. Mais comme je le disais tout à l'heure, c'est sûrement pour créer un équilibre dans ma vie. Si j'écris de tels livres, c'est que forcément il y a beaucoup de ténèbres en moi. En les évacuant, je laisse la place à la lumière, ce qui me permet d'aimer mes amis, ma blonde et mes enfants. Et c'est vrai que ce qui me fascine le plus, c'est le moment du basculement, lorsque mon personnage est conscient qu'il vient de franchir un point de non retour.


Pour pousser au bout d'eux-mêmes vos personnages, vous les confrontez à l'enfermement soit psychologique ou physique. La privation de liberté devient-elle un révélateur de leur nature profonde ? Jusqu'où avez-vous poussé vos recherches sur le sujet ? Est-ce une de vos propres peurs ?
Comme je parle souvent de personnages confrontés à leur propre noirceur, le moyen le plus efficace pour montrer cet affrontement est l'isolement. Quand tu es seul, ou à peu près, avec tes propres ténèbres, tu ne peux pas fuir, et encore moins aller chercher de l'aide. Tu es donc obligé de les affronter, et donc de t'affronter toi-même. Conditions parfaites pour un thriller psychologique. Je ne fais pas nécessairement beaucoup de recherches, mais mon amoureuse est psychologue... Disons qu'elle est ma première lectrice et que ses commentaires sont plus que pertinents.

Dans vos romans vous abordez toujours un sujet grave portant à réflexion (la vengeance, le pardon, la justice, le suicide...) Le sujet de réflexion est il le point de départ pour l'écriture de votre histoire ou est-ce l'histoire qui amène ce sujet ?
C'est bien aimable à vous de voir des intentions si nobles dans mes romans, mais je ne crois pas que ce soit le cas de la plupart. Pour le Vide et les Sept jours du Talion, c'est vrai. Peut-être Aliss, dans un autre ordre d'idée. Mais mes autres romans ont un seul but : divertir, raconter une bonne histoire en parlant de la noirceur humaine. Ils n'ont pas de « message ». Par la bande, ils peuvent peut-être aborder certains sujets sérieux. Sur le seuil, par exemple, aborde le sujet de la création et de la responsabilité du créateur. 5150 rue des Ormes parle de la famille. Mais au départ, ce sont des thrillers. Par contre, avec Le Vide et les Sept jours du Talion, j'ai voulu autant raconter une bonne histoire que réfléchir sur des sujets de société (le vide existentiel dans un cas, l'inutilité de la vengeance dans l'autre). Mais il faut être prudent quand on veut « dire quelque chose » dans un roman. Pour moi, l'histoire doit toujours être au premier plan. Sinon, on écrit un essai..

 

Quelle est votre méthode de travail pour l'écriture d'un roman ?
Pendant deux ou trois mois, je laisse les idées me visiter, jusqu'à ce qu'un brouillon d'histoire se forme dans ma tête. Ensuite, je fais un plan très précis de l'histoire. Le plus important dans ce plan, c'est la fin. Je ne peux pas commencer un roman si je ne sais pas la fin avec précision. Ensuite, je fais un premier jet. J'écris toujours chronologiquement, pour me mettre à la place du lecteur. Ensuite, je refais deux versions, puis je fais lire le tout à quelques amis. Suite à leurs commentaires, je fais quelques changements, ensuite c'est au tout de mon éditeur. J'essaie d'écrire tous les jours, surtout le matin. Commencer à écrire l'après-midi est pour moi presque impossible, alors que si je commence le matin, je peux écrire toute la journée.


Dans Le Vide, vous faites une critique de la téléréalité. Pouvez vous nous donner votre opinion sur celle-ci en quelques mots ? Quel a été l'accueil des médias et du public de ce genre de programme au Québec. ? Et si on vous proposait de créer une telle émission, accepteriez- vous ?
Pour moi, la télé réalité est un signe de décadence. Elle est le symptôme le plus éclatant de notre errance morale et spirituelle. Les gens cherchent un sens à leur vie et croient le trouver dans les sensations fortes, les extrêmes et surtout, le vedettariat. Ceux qui participent à ces émissions veulent combler un vide dans leur vie soit en ramassant de l'argent ou en devenant célèbres et pour y arriver, ils sont prêts à tout, y compris perdre toute dignité. Au Québec, les critiques de mon livre ont été franchement formidables. Tout le monde disait que ce roman frappait dur et frappait au bon endroit, que cela devrait ouvrir les yeux aux gens. Je n'ai pas cette prétention. Je ne crois pas qu'un livre ou que l'art en général peut changer grand-chose.

 

Le Vide traite également de la manipulation de masse et du manque de communication entre les individus. Est-ce pour vous les dérives possibles de cette nouvelle ère de sur médiatisation et de sur communication virtuelle ?
Ce n'est pas une possibilité, mais une réalité. Nous sommes beaucoup plus occupés à consommer qu'à communiquer. Ou alors, on croit communiquer mais en faisant plein de conneries : participer à de la télé réalité, ce n'est pas s'ouvrir à l'autre. Et entrer en contact avec trois cents personnes par jour sur Facebook, personne ne me fera croire que c'est de la communication. Agréable et amusant, oui, mais sans plus. En fait, c'est banaliser la communication, c'est la rendre rapide, instantanée et productive. Mais quand on communique, il faut prendre son temps, il faut que ce moment soit privilégié, il faut aller au fond des choses. Ce qu'on fait de moins en moins, sous prétexte qu'on n'a pas le temps.


Ce roman vous a demandé 3 ans d'écriture. Pour quelle raison ?
Deux ans et demi, en fait. Pour deux raisons. La première, c'est qu'il s'agit vraiment de mon roman le plus complexe, le plus ambitieux, le plus casse-gueule. Plusieurs fois, en cours d'écriture, j'ai songé à l'abandonner. Je me disais que les gens n'y croiraient pas, que je n'arriverais pas à rendre plausible cette histoire de fous. J'avais aussi peur que ce roman soit méprisant ou, pire encore, irresponsable, qu'il encourage le suicide, par exemple. Finalement, je crois que non, je crois que la fin montre que la vie doit l'emporter sur tout. Mais quand même, ça me tourmentait beaucoup. L'autre raison, c'est que je fais toujours toutes sortes de projets en même temps : écriture de scénario, conférences dans les écoles, je donne aussi un cours de cinéma par semaine (un seul, heureusement !), j'écris parfois des papiers dans certains journaux, etc. Bref, je m'éparpille un peu.


Est-ce votre roman le plus personnel ? Le thème principal est très délicat. Comment avez-vous préparé un tel sujet ?
C'est sans aucun doute mon roman le plus personnel. C'est un roman de la colère, la colère que je ressens de plus en plus vis-à-vis notre indifférence face au vide dans lequel nous nous enfonçons volontairement, le sourire aux lèvres. J'avais besoin de communiquer cela, mais à travers une histoire qui serait palpitante et à travers une histoire policière, pour que la pilule s'avale mieux. Je me suis préparé comme mes autres romans : période de réflexion, plan, puis écriture. C'est juste que je suis allé dans des zones moins habituelles pour moi, comme la relation père-fille entre Pierre et sa fille.


Le Vide étant votre livre le plus social, après les 7 Jours du Talion, marque t-il un tournant dans votre œuvre ?

Je ne sais pas. Après les sept jours du talion, plusieurs critiques ont dit qu'il s'agissait là du roman de la maturité de Senécal, que dorénavant mes thrillers auraient une portée sociale. Pourtant, mon livre suivant a été Oniria, sûrement le plus ludique, le moins sérieux et le plus slasher de tous mes romans. Degré zéro de la réflexion, je vous jure ! Oniria, c'est un hommage aux films de série B, un tour de montagnes russes sur trois cents pages, rien de plus. Je voulais m'amuser, tout simplement. Puis, j'ai fait le Vide, le plus noir et le plus social de mes romans. Je suis donc assez imprévisible et cela me convient bien. Mais il est vrai que mon prochain livre (qui parlera de sites criminels sur Internet) aura aussi une certaine portée sociale, et parlera encore une fois de relation parent-enfant. J'ai quarante ans, j'ai une famille, tout cela apporte des réflexions que je n'avais pas avant. Il est clair que cela nourrit mon œuvre. Mais si dans trois ans, j'ai envie d'écrire un roman débile avec plein de meurtres rigolos, je ne m'empêcherai pas de le faire sous prétexte que je suis devenu un auteur mature...


Vous n'hésitez pas à surprendre vos lecteurs par les sujets abordés dans vos romans. Mais également par des exercices de style : comme la construction désordonnées des chapitres dans Le Vide, en revisitant un classique comme dans Aliss, ou bien en écrivant un livre jeunesse avec Sept comme Setter. Pour quelles raisons ? Est-ce pour le jeu de l'écriture ?
Il y a cela, bien sûr : pour un écrivain, se donner des contraintes ou des défis narratifs, c'est intéressant. Mais il faut que cela serve l'histoire, sinon ça demeure un exercice intellectuel vain. Pour Aliss, je voulais rendre hommage au conte de Caroll, c'est sûr, mais je voulais aussi écrire une vraie histoire, qui plairait autant à ceux qui ont lu Alice au pays des merveilles qu'à ceux qui ne l'ont pas lu. Faire un roman uniquement pour initiés, faire uniquement du « métalangage », ça ne m'intéresse pas. Pour le Vide, les chapitres en désordre servent surtout à créer le suspense. Chronologiquement, il n'y aurait plus de surprise. Donc, encore là, la singularité narrative sert à l'histoire. Quant au livre jeunesse, je l'ai écrit pour mes enfants.


Quel est votre dernier coup de cœur littéraire ?

J'ai enfin lu le Dalhia Noir de Ellroy. C'est vraiment très fort. Ceux, au Québec, qui croient que je suis tordu devraient lire Ellroy. Je suis un enfant de chœur comparé à lui.

Que représente pour vous la France ?
Pour moi, la France est une marmite de culture. Mettez-vous à la place d'un québécois : nous, quand on se promène dans nos villes, tout est récent, tout a été construit il y a, au plus, cent ans, peut-être 150. Pour voir des choses plus vieilles, il faut aller dans le Vieux Québec et le Vieux Montréal et même dans ces cas-là, rien ne va plus loin que 1700, sauf de très rares exceptions. Quand on arrive en France, c'est toute l'Histoire qui nous tombe dessus de partout. C'est étourdissant et extrêmement stimulant. Le moindre village français me remplit de bonheur. Mais politiquement et socialement, la France ne va pas très bien depuis quelque temps, en tout cas c'est l'image qu'on en a d'ici. La montée de LePen il y a quelques années, les émeutes dans les Cités, la dérive de la gauche, Sarkozy au pouvoir... Il y a crise, je crois. Mais, bon, je me trompe peut-être. Plus littérairement parlant, la France représente aussi un public potentiel formidable, mais malheureusement, le milieu littéraire français est très chauvin et s'ouvre peu sur la littérature québécoise, sous prétexte parfois que notre langage est différent. C'est une raison absurde. Les films et les livres français ont leur propre argot et tout le monde au Québec est capable de les lire ou les voir. Bragelonne a publié mon roman Sur le Seuil, dans le texte intégral. Voilà une preuve d'ouverture appréciée. Néanmoins, il y a encore un grand fossé culturel entre la France et le Québec. Heureusement, certains media s'intéressent à nous. La preuve : cette entrevue.  D'ailleurs, j'ai rencontré lors de mon dernier passage un petit groupe de gens sympathiques qui ont lu mes livres et qui en parlent sur le Net (merci à Heaven, ici, et à vous-même !) Il y a donc de l'espoir !


Est-il facile d'exister pour un auteur francophone au Canada, pays en grande partie Anglophone et pourquoi si peu d'auteurs Québécois percent-ils en France ?

Ce n'est pas difficile d'exister comme auteur francophone au Canada, c'est difficile de vivre de sa plume. Un auteur québécois a un lectorat potentiel de sept millions de personnes. C'est très peu. Un best seller, c'est cinq mille, vous imaginez ? Moi, j'ai vendu 30 000 copies de mon roman, ce qui me place dans les rangs des auteurs à succès. C'est donc impossible qu'un auteur québécois vende un million de copies. A moins que les Français se mettent à l'acheter (peu probable à cause de ma réponse précédente) ou qu'il soit traduit en anglais. Et encore là, être traduit, c'est une chose ; encore faut-il que le pays anglophone qui reçoit le livre en parle, ce qui est loin d'être évident. Moi, j'ai la chance de vivre confortablement de ma plume au Québec, c'est déjà plus que j'ai jamais rêvé.



Sur le Seuil est déjà sorti au cinéma, pour Les 7 jours du Talion, 5150 rue des Ormes, Aliss où en sont les projets d'adaptation ? Et quel y sera votre rôle : scénariste, réalisateur, comédien... ?
J'ai scénarisé les adaptations cinématographiques de 5150 et des sept jours du talion qui seront tournés cet automne. L'adaptation d'Aliss est toujours en cours d'écriture. Il y a aussi des projets pour Oniria et le Vide. Et je suis en train d'écrire un scénario original, un thriller policier.



Si vos romans étaient adaptés au cinéma en France ou Etats-Unis et que l'on vous donne un budget illimité, quel serait votre casting : Réalisateurs et acteurs ?

Ah ! Ah ! La question qui fait rêver ! Voyons voir... J'aimerais bien voir ce que ferait David Lynch avec Aliss et Oniria... Michael Haneke pourrait apporter une froideur insupportable ans les 7 jours du Talion... Même si ce n'est pas du tout leur genre, j'aimerais bien que les frères Coen réalisent un de mes films. Pour le casting, maintenant, je prendrais Ricky Gervais n'importe quand. Vous savez, c'est ce type qui a écrit et qui joue dans The Office, la série télé britannique. Je sais que c'est un comique, mais c'est un comédien extraordinaire. Il ferait un Beaulieu génial dans 5150. Pour ce qui est des superstars, j'aime bien Christian Bale. Et pour les comédiennes, j'irais chez vous : Sandrine Bonnaire..

Ce n'est pas difficile d'exister comme auteur francophone au Canada, c'est difficile de vivre de sa plume. Un auteur québécois a un lectorat potentiel de sept millions de personnes. C'est très peu. Un best seller, c'est cinq mille, vous imaginez ? Moi, j'ai vendu 30 000 copies de mon roman, ce qui me place dans les rangs des auteurs à succès. C'est donc impossible qu'un auteur québécois vende un million de copies. A moins que les Français se mettent à l'acheter (peu probable à cause de ma réponse précédente) ou qu'il soit traduit en anglais. Et encore là, être traduit, c'est une chose ; encore faut-il que le pays anglophone qui reçoit le livre en parle, ce qui est loin d'être évident. Moi, j'ai la chance de vivre confortablement de ma plume au Québec, c'est déjà plus que j'ai jamais rêvé.



Sur le Seuil est déjà sorti au cinéma, pour Les 7 jours du Talion, 5150 rue des Ormes, Aliss où en sont les projets d'adaptation ? Et quel y sera votre rôle : scénariste, réalisateur, comédien... ?
J'ai scénarisé les adaptations cinématographiques de 5150 et des sept jours du talion qui seront tournés cet automne. L'adaptation d'Aliss est toujours en cours d'écriture. Il y a aussi des projets pour Oniria et le Vide. Et je suis en train d'écrire un scénario original, un thriller policier.



Si vos romans étaient adaptés au cinéma en France ou Etats-Unis et que l'on vous donne un budget illimité, quel serait votre casting : Réalisateurs et acteurs ?

Ah ! Ah ! La question qui fait rêver ! Voyons voir... J'aimerais bien voir ce que ferait David Lynch avec Aliss et Oniria... Michael Haneke pourrait apporter une froideur insupportable ans les 7 jours du Talion... Même si ce n'est pas du tout leur genre, j'aimerais bien que les frères Coen réalisent un de mes films. Pour le casting, maintenant, je prendrais Ricky Gervais n'importe quand. Vous savez, c'est ce type qui a écrit et qui joue dans The Office, la série télé britannique. Je sais que c'est un comique, mais c'est un comédien extraordinaire. Il ferait un Beaulieu génial dans 5150. Pour ce qui est des superstars, j'aime bien Christian Bale. Et pour les comédiennes, j'irais chez vous : Sandrine Bonnaire..


Quels sont vos goûts et références cinématographiques et musicales ?
Au cinéma, je suis un fan de Kubrick, des frères Coen, de Scorsese, de Haneke (Funny Games, c'est un chef-d'œuvre !), de certains films de Takashi Miike (il fait le meilleur, mais aussi le pire), de Lynch. J'aime les films qui secouent, et il y en a de moins en moins. Mais je peux aussi savourer un film léger s'il est bien fait et pas trop con, du genre Indiana Jones ou Amélie Poulain. Je déteste les films d'horreur à la chaîne, dans lesquels un fou masqué tue tout le monde à la queue leu leu. En musique, j'écoute pas mal de tout, mais j'ai un faible pour le rock (Led Zep, Beatles, White Stripes, Sonic Youth) et l'industriel (NIN, Ministry). Mais j'adore aussi certains artistes qui n'ont rien d'agressif, comme Bashung, Neil Young, Genesis, ou Tori Amos. J'aime beaucoup aussi tous les projets auxquels participe Mike Patton (Mr Bungle, Faith no more, Tomahawk, Peeping Tom...). Ah oui, un incontournable : Tom Waits, parce qu'il est complètement fou. .

 

Quels sont vos prochains projets, votre prochaine actualité ?
Deux films en tournage cet automne, un roman pour enfants d'ici quelques mois, un vague projet télé (mais vraiment vague, hein ?) et surtout, mon prochain roman adulte que je commence enfin : Hell.com.

 

Après le salon de Montigny les Cormeilles cette année, allez-vous revenir en France prochainement ?
Ah ! N'importe quand ! Moi, je suis ouvert à toutes propositions ! J'aurais bien aimé aller à Lyon, mais, bon, il semble que c'était impossible. Pour l'instant, il n'y a rien de prévu, mais ce n'est pas l'envie qui manque.


Quel est votre regard sur le monde du Net ?
Je n'ai pas d'opinion très brillante là-dessus car je connais peu cet univers. Je commence à m'y ouvrir. Je trouve que c'est un outil de communication formidable, mais je m'en sers surtout pour de la recherche et pour les courriels (e-mail). J'ai un site Internet, mais ce n'est pas moi qui m'en occupe. Je n'ai pas de blogue, je n'en visite aucun, je suis sur une seule liste de discussion et j'y participe très peu, je ne suis pas sur Facebook... Bref, un vrai dinosaure. Mais j'avoue que je suis prudent, là-dessus. Je connais des gens qui vivent plus sur le net que dans le vrai monde et ça, ça m'inquiète un peu. Mais, bon, c'est comme n'importe quoi : il s'agit de savoir doser. Il faudrait donc que je me mette un peu plus à jour.


Vous avez le mot de la fin...
Hé bien... un gros merci ! Et j'ai très hâte de retourner en France !

 Du même auteur sur Plume Libre : Biographie, chronique, interview

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