Ruff Matt

Matt Ruff - Bad Monkeys




Bad Monkeys

 


Matt Ruff - Bad Monkeys
Non lecteur, ne te laisse pas induire en erreur par cette accroche : Rien à voir avec Marc Lévy, romantisme, magie etc. Même si l'héroïne s'appelle Jane Charlotte , un nom qui aurait bien sa place dans un Lévy, tiens. La Jane de Bad Monkeys vient d'être arrêtée pour meurtre. Et au vu de l'histoire incroyable qu'elle sert aux policiers, elle se retrouve aussi sec à l'hôpital psychiatrique en tête à tête avec un médecin. Lequel se frotte les mains d'avance : chouette, avec ce qu'elle tient celle-là, on a une nouvelle pensionnaire ! Car l'histoire de Jane est la suivante : elle n'est absolument pas une vilaine meurtrière sanguinaire, mais un agent des Bad Monkeys, organisation parallèle chargée d'éliminer (à coups de pistolet MN, comprendre "mort naturelle") les criminels avant qu'ils n'agissent. Et elle raconte : son enfance, son petit frère Phil, sa première confrontation avec un meurtrier, son recrutement par les Bad Monkeys, sa formation, ses missions... Une histoire incroyable, donc, que le psy se charge de démonter à chaque fois avec des preuves, des vraies, des certifiées conformes par la police. Mais ... Et si malgré tout c'était vrai ? (et voilà lecteur, on y revient).

Typiquement l'exemple d'achat compulsif pour cause de couverture qui interpelle au niveau du vécu. Celle de Bad Monkeys a causé un flash genre "L'armée des 12 Singes" (excellent film que vous devriez (re)voir au plus vite, soit dit en passant). Mais bon, rien à voir avec le roman. Par contre, pour les fans de Philip K. Dick, ca vous rappellera des choses. Minority Report, au hasard (éliminer les méchants avant qu'ils ne commettent des crimes). Mais tout le génie de ce roman mi-polar, mi-SF, c'est de perdre un peu plus le lecteur à chaque page. Et quand on croit que l'histoire s'éclaircit, elle ne fait que s'embrouiller un peu plus. Quand on se dit "bon sang mais c'est bien sur ! ", et ben non, c'est loin d'être sur ... Un très bon suspense, un univers proche du 1984 de Georges Orwell, et une satire acide de l'Amérique moderne. Et au final, on se demande si on a pas envie d'y croire très fort, à cette super organisation étrange qui mixe désir de justice et super-contrôle d'une population épiée de toutes parts (car, oui, Les Murs ont des Yeux, ne l'oubliez jamais). Mais y croire, ça fait drôlement flipper aussi ...

Un petit extrait que perso, je trouve sublime et qui se passe juste après les attentats du 11 septembre : "J'ai passé 10 jours dans le coma. Je me suis réveillée dans une salle d'hôpital plongée dans l'obscurité, avec une télévision allumée pas très loin. Tom Cruise parlait d'un prêtre qui était mort en donnant les derniers sacrements à un pompier de Ground Zero. Puis Mariah Carey s'est mise à chanter que nous avons tous un héros caché en nous, et je me suis dit qu'en fait, j'étais peut-être morte et que je me trouvais en enfer. Mais l'émission s'est poursuivie, de plus en plus de vedettes se présentaient pour chanter et raconter des histoires, puis il y a eu des appels aux dons, et j'ai fini par comprendre que je n'étais pas en enfer, mais simplement en Amérique." .

Bad Monkeys.  Parution février 2008 , Editions 10-18
Ré-édition janvier 2010, éditions 10-18


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