Maxime Chattam

 



Maxime Chattam - Quais du polar Lyon 2012

 

Bonjour Maxime Chattam, pour commencer le rituel « Plume Libre » : Qui êtes-vous, Maxime Chattam ?
Un type de 32 ans qui prend un plaisir fou (pervers ?) à se raconter des histoires et à ensuite les partager...


Qu'est ce qui vous a donné l'envie d'écrire ? Votre premier roman : parcours du combattant ou conte de fée ?

J'ai commencé à écrire vers 14 ans, je me souviens avoir piqué la machine à écrire de ma mère après avoir vu le film « Stand by me ». J'avais adoré cette histoire et je souhaitais me l'approprier n'ayant jamais réussi à vivre « de grandes aventures » dans la vie, avec mes amis. J'ai donc pris mes deux index et tapé environ 6-8 pages où je racontais le film à ma manière avec mes amis à la place. De ce jour le virus ne m'a plus jamais lâché !!! J'ai écrit depuis, pour le plaisir, sans penser en faire un métier jusqu'à l'âge de vingt ans environ.
Tout a commencé parce que la réalité ne m'offrait pas ce que j'espérais d'elle et que les mots pouvaient faire illusion, me raconter ces histoires formidables, et les écrire c'était un peu les vivre...
Ensuite, je n'ai pas voulu attendre les lettres types des éditeurs, j'ai donc travaillé pour une grande enseigne qui vend des livres, j'ai rencontré les éditeurs avec le temps, et un jour j'ai estimé que j'étais prêt, je leur ai fait circuler mon manuscrit. Le premier à avoir répondu était Michel Lafon. Et tout a commencé.


Quelle partie préférez-vous dans la conception d'un livre (les recherches, l'écriture...) ? D'ailleurs, quel est votre processus d'écriture ?
J'aime tout. Les recherches, les déplacements, et la phase de rédaction. Parce que c'est différent  à chaque fois !
En général, je commence vers 8h30, jusqu'à 12h/13h selon l'énergie du jour. Pause longue pour déjeuner, promenade dans la forêt avec les chiens ou visionnage d'un dvd. Puis retour au bureau depuis le milieu d'après-midi jusqu'au début de soirée. Parfois retour au bureau le soir, tard, parce qu'on écrit tellement différemment la nuit ! C'est à peu près similaire pour chaque roman. L'évolution que je note est davantage dans la préparation : avant j'étais assez long, les trois premiers romans je les ai préparés/documentés et rédigés dans la foulée. Depuis « Le sang du temps » j'écris un roman le jour, et je pense aux suivants pendant mes pauses. Au petit déj en lisant un article de presse, le midi, ou le soir. Régulièrement, en fin d'après-midi, je laisse tomber la rédaction du roman en cours pour bosser sur la documentation d'un autre, le prochain ou plus loin encore. Cela me permet d'engranger de la  doc et de faire tourner mon cerveau sur les prochains livres longtemps à l'avance. Ainsi, lorsque je m'y mets, je sais déjà où je vais, et beaucoup de notes ont noirci mon cahier. Auparavant je ne pouvais écrire qu'un roman par an. Maintenant, pour un thriller, cela me prends environ 1-2 mois de préparation puisque le gros du boulot est déjà fait, 4-5 mois de rédaction, entre 1-2 mois de corrections/relectures. Ce qui me reste de temps dans l'année est consacré à l'écriture d'une série fantastique.


La trilogie du Mal, le cycle de la Vérité : à chaque fois 3 romans. Pourquoi ce chiffre ?
C'est la trinité de la création ! lol.
Je pense que pour certains sujets, l'ambition est grande et qu'on ne peut tout dire, tout en restant dans le domaine du thriller, en un seul livre. Ce serait trop lourd. De plus, trois livres permettent d'avoir trois éclairages différents sur le sujet. Bref, c'est idéal pour fouiller le sujet.


 

 Votre cycle de la vérité dénonce les dérives humaines, pourquoi avoir eu envie de traiter ce sujet ?
Parce qu'elles sont au centre de notre existence et qu'elles façonnent notre avenir ! Les comprendre c'est savoir ce que nous sommes et peut-être envisager l'avenir avec moins d'angoisse, ou alors d'espérer avoir cerné certains problèmes et espérer parvenir à les corriger avec le temps.
Comprendre c'est avoir moins peur.
De toute manière quand un sujet vous semble aussi important, presque vital, on ne peut faire autrement que d'en faire son sujet d'étude !

A chaque fin de livre vous recommandez à vos lecteurs une bande son. Avez-vous impérativement besoin d'une ambiance musicale pour écrire ? Qu'est-ce que cela apporte à votre processus d'écriture ?
J'adore la musique. Pour lire dans un premier temps, puis un jour je me suis demandé si je ne pouvais pas m'en servir pour écrire. Au final, c'est comme une bulle, pratique pour favoriser la concentration. Le tout étant de bien sélectionner les disques avant de se lancer. En phase de préparation je sélectionne une centaine de CDs que je dispose dans un chargeur. Pendant tout ce temps je les laisse tourner. Au moment de la rédaction j'affine en ne gardant qu'une trentaine de disques. Puis au final, je mentionne les trois qui me semblent les plus proches de l'ambiance de mon livre...


A chaque écriture de roman vous vous astreignez des lourds horaires et des tonnes de recherches qui peuvent parfois vous prendre des mois, pensez vous que le soucis de vérité est un plus dans vos livres ?
Je ne sais pas. En tout cas je ne pourrais pas faire autrement. Je n'ai pas envie de lire des livres approximatifs ou dans lesquels on me vendrait pour vraies des inventions de l'auteur. Donc je m'efforce d'écrire comme j'aime lire.


Gaïa (la terre) ce sujet est à la "mode" en ce moment, pensez-vous que la "bêtise" des hommes la mette en péril ? 
C'est certain ! C'est le cœur de mon roman. Le moteur de ce roman. Je voulais dresser le portrait animal de l'homme, et montrer qu'on va tout droit dans le mur si on ne réagit pas.



A part « Le 5eme Règne », qui est plutôt fantastique, vos livres sont plutôt axés sur le thriller. Pourquoi ce choix ?

Parce que c'est là que j'ai le plus de plaisir, pour l'heure, quand j'écris ! J'adore le puzzle que constitue l'écriture d'un thriller. 80 chapitres et si vous en retirez un seul, rien qu'un, tout s'effondre, il manquera un élément nécessaire à l'histoire. Mais je ne m'interdis pas de passer d'un genre à un autre...


Le mal est un de vos sujet favoris, pour vous quel est votre définition du mal ?
Difficile de répondre en une phrase ou deux quand j'ai mis 6 romans à le décrire...
Je dirais qu'il est une pulsion.


Le thriller/polar est un des styles le plus vendeur.
Pourquoi à votre avis ?

Parce qu'il combine plaisir de lecture, interactivité (on cherche à savoir ce qui va se passer avant que ça ne vienne), et informations. En tout cas le thriller/polar est un portrait de la société, et comme nous sommes en plein doute, c'est rassurant/intéressant de lire à ce sujet.


"La théorie Gaïa" est la fin d'un cycle, quel est votre sentiment à la fin de ce travail de titan ?

Satisfaction. J'ai brossé un portrait de l'homo sapiens entropius, et je suis parvenu à mes fins. J'ai dit tout ce que je voulais. Ce n'est peut-être pas un bouleversement littéraire ; pour moi en tout cas c'est le mieux que je pouvais faire. Et j'en suis content. C'est là. Ce que j'ai dans le crâne à ce sujet, maintenant je peux continuer sur autre chose. Poursuivre mon travail.
Et il y a du boulot !


Vous dites "Nous pouvons nous rassurer en répétant : ce ne sont que des romans" Est ce vraiment de la fiction ?

En partie. De la fiction pour montrer la réalité sans fard.


Quel regard portez vous sur votre succès ?

Je ne m'interroge pas trop à ce sujet. Le succès ça va ça vient, demain peut-être que personne ne lira plus mes livres. J'en serai peiné car j'aurai le sentiment d'être le seul *** à penser ainsi, tandis qu'aujourd'hui j'ai l'impression d'être moins seuls, nous nous rassemblons, ressemblons, nous nous parlons, peut-être qu'on fait avancer un peu les choses, même très modestement.


Quels sont vos projets à venir ? Vous n'avez pas peur du « surmenage » ?

Pas peur non. On verra bien. La santé peut décliner un peu, c'est pour la bonne cause...
Les projets son multiples. Déjà, sortir ma série fantastique sur les enfants ; car elle est une forme de réponse aux questions posées par le Cycle de Vérité. Il est nécessaire de comprendre que tous mes livres sont liés, ils se suivent, même s'ils sont très différents en apparence.


Votre prochain livre "Autremonde" est une série fantastique pour adultes et adolescents, pouvez nous en dire plus ? -Est-il pour vous important par moment de changer de style de romans et donc de prendre des risques ?
Je change parce que j'en ai envie et que j'écris ce qui me semble nécessaire et plaisant. C'est vrai que c'est un calcul idiot en terme de « succès », je pourrais vendre plus si je faisais du Brolin encore et encore, mais je ne veux pas plaire à tout le monde, je veux toucher les gens sensibles, je veux partager mes histoires et si possible (dans l'idéal), mes idées. Même si cela implique de prendre des risques, de décevoir certains qui attendent de moi de toujours faire la même chose...


En même temps vous allez commencer la rédaction d'un roman « indépendant » pour centre le mari d'Annabelle (cf :La trilogie du mal) c'est un projet que vous avez depuis un moment ou vous avez « cédé » en quelque sorte à la pression des lecteurs ?
Non, au contraire, et depuis le début, je répète à qui veut l'entendre qu'un jour viendra un roman sur le mari d'Annabel. Mais il fallait que l'envie soit là, et avant cela j'avais d'autres choses sur le cœur. Maintenant que c'est fait, je peux me consacrer à cette histoire. Il fallait brosser le portrait de l'homme moderne avant d'entrer dans le vif de certains aspects plus... détaillés.


Un livre à conseiller aux lecteurs qui ne vous connaissent pas encore?

In Tenebris pour les amateurs de polars forensiques.
Le sang du Temps pour ceux qui préfèrent les récits plus psychologiques et spirituels.
Les arcanes du chaos ou La théorie Gaïa pour ceux qui cherchent à se poser des questions directes sur le monde qui les entoure.



Merci beaucoup Maxime Chattam, vous avez le mot de la fin
Que la lecture reste une porte magique sur l'imaginaire... tout en nous interrogeant sur nous, et notre univers.



 Du même auteur : Biographie, chronique, interview
 

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