Un sale Boulot
Charlie Asher est un mâle bêta dans toute sa splendeur. Qu'est-ce qu'un mâle bêta, entends-je dans le fond ? Remontons à la préhistoire : Tandis que les mâles alpha de la troupe fondaient sur les mammouths (ou la grotte voisine) en poussant des piaillements gonflés de testostérone, les mâles bêta, eux, attendaient sagement à la caverne. Et si par malheur (enfin, c'est une question de point de vue) les courageux assaillants étaient transpercés par une défense d'auroch, qui se chargeait de consoler les belles femelles ? Vous l'aurez compris, le mâle bêta n'est pas courageux mais il est futé. Charlie Asher vient donc d'être papa. Epuisé par 36 heures sans dormir, il croit voir (mais il est bien le seul) un black de 2m15 au chevet de Rachel, son épouse. Laquelle, malheureusement, décède. Et là, la vie de Charlie part un peu en cahouète. Mais un peu. Enfin non, beaucoup pour être honnête. Le voilà devenu Marchand de Mort. Ah oui, que j'vous explique : la Mort, la chef quoi, a disparu depuis des siècles. Donc ils sont des centaines de preneurs d'âme sur Terre, et Charlie vient de les rejoindre. Le boulot ? Récupérer les âmes de morts (ou mourants) pour les redonner ensuite à des vivants. Et surtout, faire gaffe à ne pas se faire doubler par les forces des ténèbres. Elles n'attendent que ça, de récupérer des âmes pour revenir sur Terre. Imaginez un peu le bazar ! Et c'est donc entouré de sa sœur lesbienne qui lui pique ses costards, de sa fille (qui a une fâcheuse tendance à tuer les gens en prononçant "miaou"), deux chiens de garde (des cerbères du genre à péter le feu si ils avalent trop de bonbonnes de gaz), deux nounous sino-russes, un ami accro aux rencontres sur le net, une employée gothique désespérée de ne pas avoir été choisie pour être la mort, un flic un peu trop curieux, et un "confrère" de 2 mètres répondant au doux nom de Mentalo Fresh, que Charlie va devoir s'acquitter de sa tâche et lutter contre les terribles Morrigan, prêtes à tout pour le retour des forces des ténèbres. Car en tout mâle bêta sommeille un héros qui s'ignore.
Et oui, encore une roman de Christopher Moore. J'y peux rien je suis complètement fan de son style déjanté moi ! Un Sale Boulot se démarque néanmoins de ses autres romans. Bien sur, il reste plein d'humour et vous aurez plusieurs dizaines de fois le rire qui monte, sa galerie de personnages est comme toujours assez spéciale, mais cette fois le sujet est un peu plus grave. Car au-delà de cette histoire de gueguerre entre le bien et les ténèbres autour des âmes, Un sale Boulot est surtout une description touchante et plus sensible qu'il n'y parait de la mort, des survivants et du travail de deuil . D'ailleurs il a été écrit par Christopher Moore à la suite de la perte d'une amie. Ceci dit, ne nous faisons pas de soucis : le jour de notre mort, notre âme sera soigneusement transvasée dans un parapluie ou une paire de Converse afin d'être attribuée à un autre corps, donc tout va bien !
Un Sale Boulot, parution octobre 2007, Editions Calmann-LévyDu même auteur sur Plume Libre
