Il est de coutume quand un livre marche bien de
l'adapter au cinéma. De nombreux problèmes se posent alors, notamment
sur la durée. Comment transformer des pages de description et de
dialogues en un film de deux heures ? Cela oblige souvent les
scénaristes à des raccourcis douteux qui dénaturent le propos de
l'auteur. En ce qui concerne Dexter le problème a été résolu en
changeant de format : le livre a été adapté sous forme de série.
Sobrement intitulé « Dexter » la série reprend la trame du premier
livre « Ce Cher Dexter ».
Le roman étant à la première personne c'est naturellement la voix-off
qui va venir habiter notre petit écran. Une voix sombre et chargée de
poids (aussi bien en VO qu'en VF, toutes les deux excellentes). Dexter
nous raconte sa vie, ses dilemmes, ses choix.
Puis le générique
survient. Il est classieux, ambigu et à double sens. On y voit Dexter
se préparer le matin et cela rappelle nombre scènes de tortures. Le
tout est suggéré et vraiment réalisé avec une superbe photo. Ce
générique n'est pas sans rappeler celui de « Six Feet Under ». Pour
finir avec le générique je vous renvoie à l'intelligente analyse de
Pascal Montjovent.
Autre point commun avec « Six Feet Under », le comédien Michael
C.Hall qui incarne notre serial-killer préféré. Il livre une partition
somptueuse où il alterne les attitudes d'animal blessé puis de chasseur
sans merci. Son ambigüité est permanente pour nous qui savons la vérité
mais son masque totalement plausible pour les autres personnages. C'est
l'une des meilleures si ce n'est la meilleure interprétation d'un
acteur de série télé de ces dernières années. Tout est juste et il est
pour beaucoup dans le succès de la série. Il n'est pas possible de
tomber sous le charme de Michael C.Hall et donc par conséquent de
Dexter. Cette ambigüité déjà présente dans le livre imprègne la série
tout du long et cela fait sa force et son originalité. Faire aimer à la
ménagère de moins de cinquante ans un héros qui est un serial-killer,
il fallait oser.
Il ne faut pas non plus oublier le reste du casting composé
d'acteurs peu connus par chez nous mais tous excellents à commencer par
la sœur de Dexter, un peu nunuche mais diablement volontaire.
L'autre intérêt de Dexter est aussi le cadre où se passe l'action,
Miami. L'ambiance vacances, toujours ensoleillé, contraste fortement
avec le propos et cela amène une touche de légèreté qui permet de ne
pas rendre l'ensemble glauque même si certains passages sont quand même
très angoissants (on parle de serial-killer ici). La réalisation est à
la fois souple et nerveuse, bien dans le tempo des scénarios.
Beaucoup de personnes sont révulsées par le premier épisode mais il
faut persévérer et vous verrez, vous adorerez « Dexter » au point de ne
plus pouvoir vous en passer. La seconde saison qui a suivi ne colle pas
à la suite de Dexter en livre. Les scénaristes ont eu l'intelligence de
prendre des chemins de traverses pour mieux explorer la psyché de
Dexter et c'est encore une fois très réussi. En attendant la troisième
saison actuellement en production aux Etats-Unis.
Alors que d'habitude les adaptations sont rarement à la hauteur de
leur origine littéraire, ici il faut se battre pour savoir lequel est
le meilleur. Car du livre ou de la série, il est difficile de les
départager. On est dans le haut de gamme littéraire et audiovisuel.
Bref, vous l'aurez compris « Dexter » est une excellente série peu
médiatisée à cause d'une diffusion française un peu abscons.
Accrochez-vous et regardez-là vous ne le regretterez pas.
Les personnages:
Dexter Morgan (Michael C. Hall - Six Feet Under). Spécialiste
dans les prélèvements de sang le jour, il se révèle être un redoutable
"serial-killer "la nuit, faisant office de réparateur des "lacunes" de la
justice... Sa devise "Tuer oui... mais tuer utile !"
Debra Morgan (Jennifer Carpenter) La "petite" sœur
adoptive de Dexter. Tout juste arrivée dans les locaux, elle veut monter en
grade dans la police et l'affaire du serial-killeur au camion frigorifique
va lui en donner l'occasion.
Rita Bennett (Julie Benz - Buffy et Angel) C'est
"Dexter version femme" sans le côté serial-killer. C'est la "copine" un peu
particulière de Dexter puisqu'elle est aussi torturée que lui. Mère de deux
enfants, femme d'un taulard et surtout... victime récente d'un viol.
C'est lors de cette enquête au sujet de ce viol qu'elle fera la connaissance
de Dexter avec qui le courant passera très vite.
Le sergent Doakes, (Erik King - Oz) Le second du
Lt. Maria LaGuerta, est un flic en quête de succès et qui a une sainte
horreur du travail qui s'étale en longueurs et sans résultats. Dur aux
premiers abords, on découvrira au fur et à mesure de la série que c'est
également quelqu'un de passionné...
Angel Batista, (David Zayas - Oz)) C'est le "bon flic/bon
copain" qui roule sa bosse, tranquille. Sa vie privée est loin d'être au
beau fixe mais il n'en parle à personne...
Vince Masuka (C.S. Lee - Spin City, Les Soprano)
Collègue de Dexter. Phénomène à lui tout seul, sa maîtrise de son job fait
de lui une arme de poids dans l'équipe de la police de Miami. Vince est très
porté sur le sexe et il n'est jamais en reste pour sortir LA phrase qui
tue.
Le Lt. Maria LaGuerta (Lauren Velez - Oz)
Lieutenant-chef du service du Miami Metro. Véritable femme de fer, elle
sait se montrer -à de rares occasions- délicate. Elle a visiblement un
faible pour Dexter... et une dent contre la sœur de ce dernier.
Harry Morgan ( James Remar - North Shore, Sex & The
City, Battlestar Galactica...) Père adoptif de Dexter. Il n'apparait que
sous formes de flashbacks lorsque Dexter se remémore petit à petit son
enfance.