Barbara Abel







Juin 2009

 



Bonjour Barbara Abel, notre première question est devenue un rituel, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur qui est Barbara Abel ?
Au risque de vous décevoir, je suis quelqu'un de parfaitement ordinaire ! A tel point d'ailleurs que je n'écris qu'aux heures de bureau : ayant deux enfants, je n'ai la possibilité de travailler sur mes romans que lorsqu'ils sont à l'école et à la crèche. Donc entre 9h00 et 16h00. Comme tout le monde. Que vous dire de plus ? J'aime le café noir, les tartines de gouda avec de la confiture dessus (ben oui), et aussi le carpaccio avec des petits oignons frais et du parmesan. J'adore manger des Chachas le soir devant une bonne série, chiner dans les brocantes avec mon homme et mes enfants, jouer à Uno avec mon fils, faire rigoler ma fille aux éclats, les soirées entre copains où l'on joue à des jeux de société, fous rires garantis. J'aime partir de temps en temps un week-end en dédicace et y retrouver les copains ou faire de nouvelles rencontres, j'aime commencer un nouveau roman, j'adore aussi cette période entre deux romans où je cherche une idée pour le suivant, toutes antennes dehors, et où tout me semble passionnant... J'adore consulter régulièrement mes mails pour découvrir que Spielberg réclame les droits de mon dernier roman... Mais ça, ça ne m'est pas encore arrivé. Sinon, je n'aime pas trop le shopping, ça m'ennuie, sauf quand j'ai une idée précise de ce que je veux, mais alors je n'aime pas ne pas trouver exactement ce que je cherche. Je déteste quand ma fille fait ses dents et qu'elle se (me) réveille au milieu de la nuit, ou quand la crèche m'appelle pour me dire qu'elle a 39° de fièvre. Vous voyez, j'ai beau me creuser la cervelle, je ne trouve vraiment rien d'original à dire sur moi !



Le bonheur sur ordonnance - Barbara AbelQu'est ce qui vous a poussé à écrire ?
L'envie de raconter des histoires, tout bêtement. Dans ma jeunesse, j'ai été poussée vers le théâtre pour la même raison, même si ce n'était pas mes histoires. Mais la littérature a vite combler mon besoin d'indépendance et surtout celui de ne pas devoir compter sur 36.000 personnes pour mener un projet jusqu'au bout.



Comment vous est venue l'idée du personnage de Méline et de ses fameuses crises, totalement hilarantes pour le lecteur ?
C'est un projet qui dort depuis longtemps dans mes tiroirs, à l'époque je n'avais écrit qu'une cinquantaine de pages. Vous dire exactement comment cette idée m'est venue à l'esprit, je vous avoue que je ne m'en souviens plus précisément. Mais l'histoire de cette femme qui, pour ne pas mourir, doit être heureuse coûte que coûte me plaisait énormément. Ça, et aussi le fait que lorsqu'elle ressent une contrariété, elle pète les plombs littéralement sans aucun moyen de se dominer, quel que soit l'endroit, la situation et la personne qui se trouve en face d'elle. Je n'y ai pas pensé tout de suite, mais en vérité, cette histoire est une sorte de ‘Docteur Jekill et Mister Hyde' revu et corrigé à la sauce comico - contemporaine. Ce genre d'idée, c'est du pain béni pour un auteur, parce qu'à partir de là, il n'y a plus qu'à puiser dans la vie de tous les jours pour avoir une pléiade de scènes drôles, cocasses ou tendres. Et puis surtout, il suffit de regarder autour de soi pour constater que le bonheur est un véritable sujet de société : la presse, les magazines de société, les discussions entre copines, en famille, dans le couple... Et jusqu'aux universités aussi prestigieuses que celle de Harvard qui donne des cours de bonheur. Véridique ! Si c'est pas un signe...     



Avec votre nouveau roman "Le bonheur sur ordonnance", vous changez de registre et passez du policier/thriller à la littérature générale.
Aborde-t-on l'écriture d'un roman de la même manière quelque soit le genre auquel on s'attèle ? Et pourquoi ce changement ?

Le changement s'explique tout simplement par l'idée même du roman. C'était le genre d'idée que je ne pouvais ni ne voulais décliner en thriller. Au contraire, je voulais quelque chose de léger, de drôle, de pétillant, sans tomber dans le côté sombre ou même intellectuel. Je ne pense pas avoir changé de manière de travailler par rapport aux thrillers que j'ai écrits précédemment. Mon souci était surtout de raconter une histoire et de le faire bien. Maintenant, il est vrai qu'il y avait moins de pression quant au côté ‘suspense' de l'histoire : un thriller demande peut-être plus de rythme dans la narration même, mais je n'ai pas eu la sensation de travailler différemment pour ‘Le bonheur...'   



Illustre inconnu - Barbara AbelLa maladie dont souffre Méline, n'est-elle pas simplement due au rythme de nos vies actives qui fait que l'on ne prend plus le temps de profiter des choses simples de la vie.  Sommes-nous donc tous malades ?
Je n'ai pas voulu faire un roman didactique dans lequel je prouve que notre société est malade et que nous ne prenons pas/plus le temps de profiter des choses simples. Au contraire, c'est le genre de piège dans lequel je me suis bien gardée de tomber. Dès le début du projet, une chose était sûre, c'est que je ne voulais pas dire ‘Voilà, le bonheur c'est ceci ou cela, et si vous ne faites pas cela ou ceci, vous ne serez jamais heureux !' D'un autre côté, je ne pouvais pas non plus aborder ce genre d'idée sans l'agrémenter d'une certaine réflexion à laquelle le lecteur pouvait s'identifier. Mais ce petit côté philosophique ne devait exister qu'en filigrane, sans ralentir ni alourdir l'histoire.  



Pour vous, qu'est ce que le bonheur ?
Justement ! Voilà la question à laquelle je serais bien en peine de répondre. Pour moi, le bonheur est une sensation, et non une recette. Il est personnel à chacun, il se ressent, il se vit, mais ne s'explique pas. On peut être heureux pour des milliers de raisons comme on peut être heureux pour rien. Mais ce qui est important, je pense, c'est de reconnaître le bonheur quand il se présente. Je crois qu'il n'y a rien de pire que de se dire un jour : « j'étais heureux et je ne le savais pas ».


La mort en écho - Barbara AbelLa maternité, la famille et les origines sont des thèmes qui semblent vous tenir à cœur, pourquoi ce choix ?
Parce que, comme pour beaucoup de monde, c'est un sujet qui m'est proche et qu'il m'est donc facile de m'identifier aux personnages. L'empathie fonctionne très vite. De plus, les possibilités sont infinies. Dans une famille, on est capable du meilleur comme du pire, c'est un microcosme qui symbolise parfaitement une société miniaturisée : chacun y possède sa place, son rôle, ses influences. 


Vous faites partie des membres de l'école de Caen, qui prône une collaboration entre illustrateurs et auteurs,  comment a débuté cette aventure ?
Lors d'un week-end de dédicace à Caen, justement, autour d'une bonne table, on l'on a ri, bien mangé et beaucoup parlé. Il y avait des écrivains, des illustrateurs, des dessinateurs de bandes dessinées, on se rejoignait sur pas mal d'idées concernant nos boulots respectifs. Et puis, on s'est mis à rêver, on imaginait une grosse baraque au bord de la mer, où l'on viendrait travailler, échanger nos idées, mettre des projets communs en route, s'associer... La grosse baraque en bord de mer n'existe pas encore mais ça a donné l'école de Caen qui, elle, existe bel et bien, énergique et dynamique.

Si vous deviez conseiller un de vos livres aux personnes qui ne connaissent pas encore vos écrits, quel serait-il ?
Le dernier, pardi ! Achetez-le, lisez-le et, s'il vous a plu, parlez-en autour de vous ! Je pense qu'il n'y a pas de meilleure publicité que le bouche à oreille. Et ça, ça me plaît parce que, finalement, c'est le lecteur qui a le dernier mot.   

Avez-vous des projets ?
J'entame la rédaction de mon prochain roman qui sera dans le veine du ‘Bonheur sur ordonnance'. J'ai eu tellement de plaisir à l'écrire que j'ai envie de récidiver. Alors pourquoi m'en priver ?

Quels sont vos derniers coups de cœur littéraires ?
Je viens de terminer ‘tout est sous contrôle' de Hugh Laurie (je suis une fan de Docteur House) : humour grinçant à souhait ! Et aussi ‘Le destin miraculeux d'Edgar Mint' de Brady Udall, très touchant ! 


Merci Barbara Abel, nous vous laissons le mot de la fin.
Soyez heureux : c'est peut-être la seule chose vraiment importante dans la vie ! Et peut-être aussi tout simplement... Merci !
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