Michel Vigneron

 




 
Octobre 2009

 




 

Michel Vigneron vous venez de commettre votre deuxième forfait avec Boulogne K, Avant de débuter l'interrogatoire pouvez-vous vous présenter ?

     Bien, maintenant que je suis sous la lampe est que vous me menacez de votre annuaire, je n'ai plus d'autre choix que de tout avouer !
Nom : Vigneron
Prénom : Michel
Date de naissance : 23 juin 1970 à Calais
Adresse : tenue secrète dans le cadre de la procédure de protection des témoins.
Profession : Lieutenant de police, officier de nuit à Boulogne sur Mer
Signe particulier : un dragon tatoué sur l'épaule gauche.
Flic depuis 1995, j'ai fait mes premières armes à Paris X, puis à la Brigade Mobile de Recherche de Calais, avant d'échouer à Boulogne sur Mer.


L'écriture est-elle un exutoire, une soupape pour lâcher la pression de votre métier ?


    Inconsciemment, oui. Cela me permet de partager avec les non-initiés les plaies de notre monde. Il est très rare que nous recevions un appel nous indiquant que tout va bien ! Je n'ai pas encore eu d'invitation à boire un verre, juste pour discuter, par le 17 !
La misère, quelle soit morale ou matérielle, est notre pain quotidien. Fatalement, ça laisse des traces, qu'on l'admette ou pas. Nous ne nous en rendons pas forcément compte, mais notre comportement change aux fils des années passées dans la Grande Maison. Nous développons un sens de l'humour assez noir, nous devenons caustiques et sensiblement désabusés.
Chacun d'entre nous a, à l'extérieur, quelque chose pour le ré humaniser. Moi, c'est ma famille et mes livres.



Quelle part de réalité y a-t-il dans vos romans ?

    Tous les petits travers de notre métier son vrais ; les problèmes matériels, certaines anecdotes, les relations complexes entre les flics, les magistrats, les citoyens.
Nous vivons tous dans des réalités différentes avec des impératifs et des points de vue qui peuvent paraitre divergents. Pourtant, nous avons tout de même un dénominateur commun : la recherche de la vérité.
Mais tout n'est pas aussi désespéré que dans mes deux livres ; il ne faut pas oublier que j'écris des romans noirs et que pour ce faire, je n'hésite pas à concentrer le désespoir, à amplifier les drames.



Vous décrivez une vision assez sombre du métier de policier et des limites de la justice mais aussi les interactions entre la vie personnelle et professionnelle. Quels sont les retours de vos collègues et de votre hiérarchie ?

     Ils reconnaissent leur métier dans mes livres. Je n'ai jamais eu un seul retour négatif, on ne m'a jamais reproché d'avoir sali notre corporation. Bien au contraire, ils sont contents de constater que je donne aux lecteurs la possibilité de réaliser combien notre action est difficile et éprouvante. Quant à ma hiérarchie, elle réagit également positivement dès l'instant où je ne livre aucun élément pouvant nuire à la profession.
Le plus difficile quand on s'attache à un tel de degré de réalisme, c'est de ne pas transgresser la sacro sainte obligation de réserve. Je ne dis rien qui ne soit de notoriété publique, je n'aborde aucune affaire en cours d'instruction, et surtout, je ne règle aucun compte avec qui que ce soit !


La ville de Boulogne est également montrée sous ses pires travers. Donc une petite question pour vous rattrapez, citez nous cinq choses pour inciter les gens à venir visiter Boulogne ?


     La ville est magnifique, ses habitants dans leur grande majorité sont très sympathiques, on trouve des moules-frites à tous les coins de rue, elle est riche en librairies conséquentes et audacieuses, et il y a la mer, pour vous laver les yeux et l'esprit !



Vous abordez un thème peu connu en France : les gangs de motards. On découvre tout juste actuellement la nouvelle série du scénariste de génie Kurt Sutter ( The Shield) Sons of Anarchy (diffusée sur M6) Comment vous est venue l'idée d'aborder ce thème, existe-t-il des gang de motards actifs en France ? Connaissez vous cette série ?

     J'ai découvert la série vendredi, et j'ai pris un pied du tonnerre !
J'ai la chance de côtoyer des amoureux de bécanes et de rock. Ils ont le même look que dans le livre ! D'ailleurs, trois des personnages du roman sont directement inspirés de mes potes bikers ! L'idée est donc venue à la suite d'une discussion avec mes furieux, autour d'une bouteille de Jack D. qui n'a pas survécu, paix à son âme...
Ils m'ont parlé de ces gangs très actifs aux States et je me suis dit que cela pourrait être sympa - façon de parler, bien sûr - d'en installer un à Boulogne sur Mer.
Ces gangs existent aussi en France mais ils ne courent pas les rues ! D'après les dernières études, il n'y aurait pas plus de 500 membres sur le territoire. Je parle des gangs, pas des clubs de motards en général, bien sûr. Pas la peine de vous sauver en hurlant si vous croisez des Harleyistes, ce ne sont pas tous des criminels, bien au contraire !




Pouvez vous dire comment se passe l'écriture d'un de vos romans ?

    Je me prosterne devant Ellroy qui prouve qu'une viande qui a souffert ne peut que pondre des romans viscéraux, Jack Ketchum dont la plume a le don de se planter là ou ça fait mal, King qui en une simple ligne vous fait basculer du monde enchanté de l'enfance à l'horreur la plus traumatisante et Mac Bain, le grand-père illégitime de « The shield ».
Le cinéma horrifique espagnol me plait beaucoup actuellement et je suis un inconditionnel de Lynch dont les films manquent de filer une tumeur au cerveau à mon épouse dès que j'en glisse un dans le lecteur ! J'adore Marchal dont je me sens très proche et que j'adorerais rencontrer (Olivier, si tu lis ces lignes, tu peux me passer un coup de fil, il y a de la bière au frais à la maison et je veux bien te dédicacer mes romans !), Nicloux dont le film « Cette femme là » m'a aidé pour l'ambiance de Marilyne.
La télé... je reste marqué par « The shield » - il n'y a pas eu mieux dans le domaine - et je crois que je vais retrouver la même fièvre avec « Sons of Anarchy »...



Votre bande son pour accompagner la lecture de Boulogne K ?
     ACDC, METALLICA, RAMMSTEIN, NASHVILLE PUSSY, ZZ TOP, la B.O de « UNE NUIT EN ENFER »... que de la musique douce, quoi !



Quels sont vos projets ?

    Je suis en train d'achever un troisième roman difficile a écrire parce qu'il m'oblige à m'identifier à une catégorie de pervers que j'exècre particulièrement. J'espère qu'il trouvera preneur ! Et une quatrième histoire est juste derrière la porte des toilettes ; elle a l'air pressé !



Vous avez le mot de la fin .

    Le Grand Méchant Loup existe, je le croise chaque jour.

Bises à tous et profitez de la vie, car malgré tout c'est un cadeau divin !
 
 




Go to top