Leigh Redhead

 




 
Octobre 2009




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Bonjour, Leigh Redhead, notre première question est devenue un petit rituel sur Plume Libre. Qui êtes-vous, Leigh Redhead ? Pourriez-vous nous parler un peu plus de vous ?

    Je suis une Australienne de 37 ans qui a grandi avec des parents hippies et  qui a vécu un peu partout dans le monde. J'ai travaillé comme stripteaseuse, serveuse, masseuse, apprentie chef et matelot sur un chalutier et je vis actuellement à Hanoi au Vietnam où j'écris et enseigne l'anglais. Dans la série du détective Simone Kirsch, j'ai écrit 4 livres : Strip-Tease (V.F.), Frictions (V.F.), Cherry Pie (V.O.) et Thrill City (V.O.) et je viens de commencer le cinquième, qui n'a pas encore de titre.


Quelle lectrice êtes-vous ?
    Une vorace. Je lis tout et n'importe quoi ; même le dos d'une boîte de céréales. Mais j'ai toujours ADORE les polars. J'étais accro à la série de livres jeunesse " Trixie Belden" quand j'étais enfant. A tel point qu'à l'université, j'ai fait ma thèse sur Trixie. Elle est directe et amusante, tellement mieux que Nancy Drew. Nancy Drew donne l'impression de marcher avec un bâton dans le « biiip ».


Comment êtes-vous arrivée à l'écriture ?
    J'ai commencé à écrire quand j'étais enfant, je dictais des histoires à ma maman. La première, quand j'avais 3 ans, s'intitulait « Le fermier et le fantôme ». C'était plus de l'horreur que du polar mais malgré tout, j'avais déjà un penchant pour la fiction. J'ai beaucoup écrit étant enfant ; très peu entre mes 20 et 30 ans (je m'amusais trop à faire la fête et à courir après les garçons), mais je m'y suis remise peu avant mes 30 ans. J'ai tellement crié haut et fort que je souhaitais écrire un roman que je me suis dit : « c'est maintenant ou jamais ». J'ai mis un an pour écrire la première mouture de "Strip-tease"  et  je pense que le jour où je l'ai terminé a été le plus beau jour de ma vie.  En général, je suis  d'un naturel paresseux et je ne termine jamais rien. Je ne pouvais pas croire que je l'avais fait.



Simone Kirsch est un personnage très particulier, pouvez-vous nous la présenter ? Comment est-elle née ?
    Simone a un passé similaire au mien. Elle est née en novembre (scorpion), a grandi avec des parents hippies, a fait beaucoup de boulots dingues et travaillait comme stripteaseuse avant de devenir détective privé (en  fait, elle cumule ces deux activités, car elle a besoin d'argent !). J'ai voulu écrire sur un personnage, à la fois détective et stripteaseuse, parce que je trouvais que beaucoup de personnages féminins de polars étaient trop guindés (alors que le détective « masculin » peut boire, coucher et faire face à la violence, la femme détective semble être abonnée au soda et à l'abstinence). J'en avais également marre du portrait de bimbo ou de victime dépeint dans les livres ou à la TV concernant les stripteaseuses. La plupart de celles que j'ai croisé dans ma vie, étaient intelligentes, courageuses, très, très marrantes, et pourtant je n'en ai jamais entendu parler dans les médias. Je voulais faire un portrait réaliste d'une stripteaseuse qui s'identifie en temps que féministe même si, pour vivre, elle retire ses vêtements. Et je pense y être arrivée. Un autre point important à propos de Simone, est que sa mère enseigne la sociologie à l'université. Il y a donc une juxtaposition entre le féminisme de Simone et le féminisme des années soixante-dix de sa mère qui engendre des conflits assez amusants.


Pourquoi un détective privé ?
    Je préfère le personnage de « détective privé » au « policier procédurier » parce que le détective privé peut être plus méchant que le policier et outrepassé certaines lois. Je voulais également écrire à la 1ère personne ce qui convient mieux au genre. J'ai également suivi des cours de détective privé à Melbourne, donc je m'y connais un petit peu. Il y a une scène dans Strip-tease où Simone est en planque (surveillance) et doit uriner dans un entonnoir.  J'ai dû faire cet exercice quand je prenais mes cours et c'est loin d'être facile !


Habituellement, nous trouvons un peu de l'auteur dans son personnage principal. Est-ce que cela s'applique à vous ? Qu'avez-vous en commun avec Simone ?

    Nous avons le même vécu et nous nous ressemblons un peu mais je pense que Simone est bien plus courageuse que moi. Simone se permet de dire ou de faire des choses que je ne pourrais pas, par timidité ou embarras. ; même si je les pense.  Elle est, en quelque sorte, mon alter ego, mais je ne sais pas si elle est mon bon ou mon mauvais double.


Simone, votre personnage, ne semble pas vouloir abandonner son métier de strip-teaseuse? Alors le strip-tease : passion ou raison ? Plus sérieusement, comment devient-on strip-teaseuse ? Vous même était-ce par choix ou y'a t-il eu des circonstances particulières ?
    Simone est comme moi. Je suis devenue stripteaseuse parce que je n'arrivais pas à avoir un boulot normal, "formaté", mais au bout d'un certain temps, j'en suis tombée amoureuse. J'ai toujours aimé être créative et me mettre en scène et le striptease a comblé ce désir. C'est le boulot le plus marrant que je n'ai jamais eu, et les filles, avec lesquelles j'ai travaillé, sont devenues mes meilleures amies et le sont toujours actuellement. J'ai le boulot le plus «conformiste » qui soit, pour le moment - enseigner - mais je dois dire que le striptease me manque vraiment, tout comme il manque à Simone quand elle arrête.


Quand vous avez écrit votre premier roman (Strip-tease) aviez-vous déjà dans l'idée d'en faire une série ?
    Oui, dès que j'ai terminé le premier tome, j'ai su que je voulais en faire une série. Moi-même, j'adore les séries dans les polars, et je voulais savoir ce qui arriverait à Simone. J'ai la chance que beaucoup de lecteurs veulent le savoir également. J'adore l'évolution et le changement des personnages au travers de chaque livre.


Comment percevez-vous l'accueil de vos livres dans les autres pays et notamment en France ?
    Je suis ravie des  retours que j'ai reçu des lecteurs étrangers. Je reçois beaucoup de courriels par le biais de mon site internet et j'ai découvert que, particulièrement, les lecteurs français aiment vraiment le personnage de Simone. Certaines personnes, dans d'autres pays, sont dégoutées par le fait qu'elle travaille comme stripteaseuse mais les français ne portent pas de jugement.


Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que vos livres étaient traduits et vendus à travers le monde ?
    Je ne pouvais pas le croire et je ne peux toujours pas le croire. J'adore recevoir les versions étrangères et découvrir les différentes couvertures et essayer (sans succès) de lire les traductions.


Quelle est votre meilleur souvenir en tant qu'auteur ?
    J'hésite entre la fin de l'écriture de mon premier roman et le jour où j'ai reçu un courriel me disant que mon livre allait être publié par Allen & Unwin. C'était mon rêve d'enfance qui se réalisait. Oh, et voir mon livre dans une librairie pour la première fois. C'était une sensation incroyable.


Que voudriez-vous dire aux lecteurs qui ne connaissent pas encore vos livres ?
    Mes livres sont amusants, se lisent rapidement et Simone est un personnage avec lequel il est agréable de passer du temps. Beaucoup de gens m'écrivent en me disant qu'elle est le type de personne avec laquelle on a envie d'aller dans un bar pour boire un verre. J'ai essayé de la rendre la plus réelle possible tout en écrivant des passages excitants, imprévisibles et remplis de rebondissements. Elle est complexe, marrante et tragique - un petit peu de tout en fait - et pourtant elle arrive malgré tout à faire passer un mauvais quart d'heure aux « méchants ».


Écrivez-vous toujours sur Simone ? Quels sont vos projets ?
    Je viens de terminer le tome 4 des aventures de Simone Kirsch, Thrill City (V.O.), qui se passe dans le monde des auteurs de thriller. (J'espère ne pas avoir trop de problème. J'ai essayé de masquer les personnages afin de ne pas me faire attaquer en justice). J'ai commencé l'écriture du cinquième livre, qui, je pense, aura lieu dans la communauté hippies dans laquelle Simone a grandi.


Merci beaucoup, Leigh Redhead, nous vous laissons le mot de la fin.
    Le dernier mot ? Et pourquoi pas les paroles d'une chanson : « The road goes on forever and the party never ends »


Un grand merci à Aloha et Taylor pour leur collaboration.

 

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