Fradier Catherine






Cristal Défense

 


Éléonore de Coursange, dit Léo, dirige l'Agence de Sécurité Économique, un organisme d'État secret, destiné à la surveillance économique dans les intérêts de la France. Elle est assistée dans sa tâche par des collègues d'horizon divers: Eric, au passé trouble et homme d'action, Karl, son bras droit qui noît son chagrin marital dans l'alcool, Latifa, au caractère fort, Ziang, pourchassé par les services chinois, Shakila, au visage atrocement brûlé par sa famille et Igor, l'informaticien de génie. Ils vont se lancer sur les traces du premier semencier mondial qui subit d'étranges attaques.

Catherine Fradier que l'on a connu au top avec "Camino 999" et "La colère des enfants déchus" nous revient ici avec un roman d'espionnage pur et dur qui se veut dans la veine de "24 Heures Chrono", si on en croit l'éditeur. Comme à son habitude, le Diable Vauvert a réalisé un très beau livre qui donne vraiment envie de se plonger dedans. Mais qu'en est-il vraiment du contenu ?

Le style "Fradier" est clair, limpide, factuel. Il n'y a pas d'aspérité. Tout ce qui est superflu doit disparaitre. Quand on voit la taille du roman (qui sera une trilogie au final), on ne peut qu'imaginer la complexité de l'intrigue mise en place par l'auteur. Chaque chapitre dans l'agence commence par un petit laïus sur une situation économique donnée. Loin d'être superflue, cette introduction présente des nuances dans la vision économique de notre monde, des nuances tendance noires foncées.
Les thèmes abordés sont très documentés et bien expliqués sans tomber dans le travers "Dossier de l'écran". Comme c'est réussi, le lecteur se retrouve donc constamment avec l'interrogation suivante : Est-ce vrai ou est-ce une invention pour la fiction ? Ce qui nous oblige sans cesse à être en éveil. Ce qui n'est pas trop dur tant le rythme du livre est soutenu. Les chapitres étant en moyenne assez courts, les situations s'enchainent avec fluidité et rapidité. A l'instar d'une série télé, Catherine Fradier ne se contente pas de développer une simple intrigue linéaire qui commence au début du livre et dont son dénouement signifie la fin dudit livre. L'auteur a recours à quasiment autant d'intrigues parallèles que de personnages travaillant à l'agence. Chacun a sa faille, sa ligne de fracture que l'auteur va titiller pour notre plus grand bonheur. Toutes ces sous-intrigues menées en plus de l'intrigue principale ainsi que de la quête de Léo (que je ne révèle pas pour ne pas gâcher le début du livre) forment un canevas complexe mais jubilatoire.
Certains pourraient arguer que cette complexité nuit au récit mais je serrais tenté de dire : au contraire. Les romans d'espionnage sont, par définition, complexes usant de la politique et des rapports humains souvent très ambigus, celui-ci ne fait que se conforter à ces modèles. Modèles que l'auteure cite dans le roman à travers des discussion anodines. On perçoit où l'auteur à puiser ses joies de livres ou de films d'espionnage.

L'allusion à une série télé colle parfaitement à ce roman qui, de par sa structure, offre une véritable aire de jeux sans fin avec des intrigues nombreuses. Catherine Fradier s'est constitué un socle en s'inspirant des schémas télévisuels américains mais en y injectant des problématiques purement européennes et notamment écologiques. Clairement, ce roman ferait une série télé géniale en jouant sur les plates bandes de nos voisins outre-Atlantique.

La fin du roman pousse le cliffhanger à fond, quitte à ne pas être crédible (surtout sur la question timming). Mais c'est tellement bon qu'on ne peut pas en vouloir à l'auteure.
Superbe roman complexe et nuancé, on ne peut que trépigner en attendant la suite. Vivement le numéro 2.


Cristal Défense, parution mars 2010, éditions Au Diable Vauvert.
 
 
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