Alamercery Denis






Opération Goliath

 



 Arno Fugiers est un ancien de la guerre du Golfe. Depuis son retour, il s'est mis volontairement hors de toute vie sociale. Il ne vit plus qu'à travers l'alcool, la cocaïne et les prostitués. Un jour, il tombe par hasard sur un ex-coéquipier devenu commissaire. Hasard malheureux qui va le conduire à se frotter aux néo-nazis ainsi qu'à la mafia. Heureusement pour lui, Arno est un garçon tenace et un brin belliqueux.


"Opération Goliath" est le premier thriller de la collection "Fiction documentée" des "Carnets de l'info", éditeur spécialisé dans l'édition de livres de société ancrés dans l'actualité. La collection "Fiction documentée" repose sur un concept pertinent et malin. Le livre est composé de deux parties. La première concerne un roman traitant d'une thématique particulière. La seconde partie est un cahier documentaire reposant ici sur les réseaux néo-nazis. Ce qui nous fait donc l'histoire romancée d'un côté, contre-balancée par l'histoire réelle de l'autre, et c'est un vrai plus et non un gadget éditorial.

 

Commençons par le roman :

Arno Fugiers est un délicieux antihéros à l’opposé de certains personnages politiquement corrects. Ce n’est pas la finesse qui le caractérise mais c’est justement l’un des paradoxes de ce roman bourrin. Le roman est très brut de fonderie avec une intrigue qui avance telle un bulldozer sur un chantier. Mais les relations entre les personnages ainsi que le regard ironique de l’auteur apportent une finesse bienvenue dans cet univers qui sent le vestiaire. C’est cette dichotomie qui enrichit grandement le roman. A l’aide de son style direct et souple, l’auteur nous amène dans le monde de la « Suprématie de la race blanche » dans tout ce qu’il a de nauséabond. Le tout évite constamment le piège des « Dossiers de l’écran », le cahier documentaire étant présent afin d’expliquer ce qui est suggéré dans le roman.
L’action est omniprésente et les héros ne prennent pas forcément de gants. Ce qui nous offre une lecture sans aspérité où Denis Alamercery nous entraine dans une course-poursuite à travers Paris. Les personnages secondaires sont soignés et bien qu’ils ne participent pas forcément à l’intrigue apportent un éclairage différent sur la personnalité d’Arno, un antihéros vraiment intéressant dans son absence de réflexion poussée. Non qu’il soit bête, mais il recherche toujours la solution la plus simple à un problème. Arno Fugiers est un excellent personnage que l’on aimerait retrouver plus tard.


Le cahier documentaire :

Très bien fait et documenté, le seul reproche que l'on pourrait faire concerne la longueur. Avoir un dossier plus long serait un plus car une fois le roman fini on a envie d'en savoir plus sur ces mouvances.  Sinon pour le reste rien à dire. Précisions, concisions et documentations garnissent ce cahier qui fait froid dans le dos.

De par sa formule originale, le thème abordé ainsi que le style de l’auteur, « Opération Goliath » se révèle une excellente surprise et un vrai coup de cœur pour ce roman qui ne se pose pas de question mais qui nous amène à nous en poser. Un livre brut d’une grande finesse. C’est pour ce paradoxe que j’ai adoré.

Opération Goliath, parution octobre 2010, éditions Les Carnets de L'Info.
Parution éditions Pocket mars 2012.

 Du même auteur sur Plume Libre : Biographie, chronique, interview



 
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