Abraham n'aime pas son prénom et zone dans le quartier de la Goutte d'or. Il y vit d'embrouille, de défonce et de nuit blanche. Il fréquente une étudiante de la Sorbonne. Une sortie dans un bar lui fait découvrir par hasard une salle de jeu illégale. Il ne le sait pas encore, mais son idée de la braquer va faire basculer son destin et celui de sa bande de pote.
"Paris la nuit" est le premier roman de Jérémie Guez. Il s’agit aussi du premier opus d’une trilogie consacrée à Paris. En premier lieu, "Paris la nuit" est un roman atypique du point de vue de l’objet. Roman court, on y reviendra, format intermédiaire, superbe couverture, prix attractif pour une nouveauté. Bref, il titille d’entrée la curiosité. Je suis sûr que si vous l’apercevez dans les rayons vous auriez d’instinct envie de prendre le roman en main. Maintenant que le contenant nous a séduit, qu’en est-il vraiment du contenu ?
L’histoire est centrée autour du personnage d’Abraham présent à quasiment chaque scène. On suit son parcours à travers sa vie décousue. Il faut lire "Paris la nuit" comme une chronique urbaine et non comme un page-turner. Jérémie Guez possède une très belle plume avec des descriptions absolument magnifiques de Paris (et dieu sait que je hais les descriptions), très éloignéees du Paris de carte postale. La plume est légère mais le ton est parfois grave, parfois drôle. Surtout, Jérémie Guez arrive à brosser nombre de personnages rapidement identifiables, prenant corps sous nos yeux et ce, de façon fluide, sans accroc.L’intrigue avance doucement, peut-être trop au goût de certains adeptes des intrigues qui vont 200 km/h. Ici le récit, avance au bon rythme, celui de la vie. Certains détours nous font apprécier le personnage d’Abraham. Variée, riche et ambigüe, la personnalité du héros est un vrai régal et surtout l’auteur ne fait jamais jouer la corde sensible, en rejetant tout misérabilisme et toute excuse au comportement d’Abraham. Il vit sa vie comme il l’entend et non comme la société voudrait la lui dicter. Et surtout il assume ses choix.
Le seul point noir de ce roman concerne sa longueur, non que je sois adepte des pavés de milles pages. Mais 108 pages, cela donne au final un petit goût de trop peu, notamment sur la toute fin qui parait presque précipitée. J’aurais aimé poursuivre le vagabondage d’Abraham et de Goran, son ami d’enfance, un peu plus longtemps.En résumé, "Paris la nuit" est vraiment une très belle surprise et surtout en ce qui me concerne la découverte d’une belle plume. Un roman envoutant dans les ruelles humides de la capitale. "Paris la nuit" est édité par La Tengo Edition, qui édite aussi les aventures de Mona Cabriole, qui rencontre malheureusement des soucis de placement dans les grandes librairies. Donc n’hésitez pas à chercher un peu ou à commander, car franchement cela vaut le coup. Inutile de préciser que j'attends son prochain opus avec impatience. Un très beau premier roman avec des vrais morceaux de vie à l'intérieur.
Dernière Minute: Voici une information concernant la distribution des romans édités chez La Tengo Editions. Cet éditeur rejoint le groupe Flammarion. Voici le communiqué de presse