Werber Bernard





Le Rire du Cyclope

 

 

 




Un célèbre humoriste, Darius, surnommé le Cyclope, meurt dans sa loge à l’issue d’une représentation à l’Olympia. Quelques secondes avant le drame, un témoin jure l’avoir entendu éclater de rire. Voici une énigme pour le duo de choc Lucrèce Nemrod et Isidore Katzenberg. Après leurs enquêtes sur le chainon manquant et sur le cerveau, les voici sur la piste de la découverte de l’origine du rire.


L’une des marques de fabrique de Bernard Werber est son aptitude à aborder les thèmes les plus originaux sur fond de thriller. Et là, j’avoue qu’il s’est surpassé. Ecrire un roman à suspens sur la découverte du rire, j’avoue que, sur l’idée de départ, j’avais quelques doutes. Même si certains auteurs manient à merveille le mélange suspens-humour (comme Pennac par exemple), utiliser l’humour comme moteur de l’intrigue me laissait perplexe. D’autant que j’avais été plutôt déçu des dernières réalisations de l’auteur "des Fourmis". "Le papillon des étoiles" par sa structure, rappelant trop les parties de civilisation, m’avait déçu, tandis que "Le miroir de Cassandre" annonçait un mieux, même si je n’avais pas été au final satisfait, la faute à une intrigue qui manquait de fil conducteur.


J’ouvrais donc "Le rire du cyclope" avec beaucoup de questions en tête. Avant de poursuivre, il est bon de signaler que j’ai toujours apprécié les enquêtes de Lucrèce et d’Isidore. Le début du roman est anormalement long pour un Werber. C’est-à-dire qu’il m’a fallu pas loin de 150 pages pour rentrer dans le livre. Non que le début ne soit pas intéressant, mais la mise en place m’a un peu décontenancé, Werber prenant beaucoup de temps pour camper la psychologie de son couple d’enquêteurs. Et c’est finalement un vrai plus pour le roman qui, passé la première révélation (que je tairais bien sûr), s’emballe pour notre plus grand plaisir.
L’intrigue est originale au possible et l’on va de surprise en surprise même si certaines sont peut-être un peu « too much ». La structure du roman est fidèle à la patte de l’auteur "des Thanatonautes" avec une liste de blagues impressionnantes qui vient s’intercaler entre chaque chapitre. Il s’amuse à travers ce roman à nous dresser le portrait de Darius qui emprunte de nombreux traits à divers humoristes (Coluche et Co…). Passant du statut d’ange à celui de démon, c’est l’un des points forts du roman, où Werber joue en nuance pour nous livrer un portrait d’un humoriste en demi-teinte. Le lecteur sentira d’ailleurs, à ce moment, tout l’amour que semble éprouver Werber pour ces êtres supplantant leur peur pour se dresser face à une foule et tenter de les faire rire. Bref, une véritable déclaration d’amour au métier d’humoriste où les cotés noirs nous sont dévoilés.
Werber s’est aussi amusé à affubler ses personnages des noms des membres de la Ligue de l’Imaginaire. Donc, cette petite private joke apporte une couche d’interprétation au livre. On remarque que Bernard Werber est assez friand de ces petits jeux entre lui et ses lecteurs, il a aussi la manie d’introduire des personnages de ses autres romans dans son nouveau roman. C’est cette dimension qui est souvent oubliée lors de la lecture d’un Werber. L’auteur s’amuse à écrire et veut que l’on s’amuse avec lui. Alors, suivant les romans, ce n’est pas toujours réussi, mais concernant "Le rire du cyclope", Werber a largement atteint son but.


Avec "Le Rire du Cyclope", Werber renoue avec le roman d’investigation scientifique et réussit un magnifique portrait en demi-teinte d’un humoriste. Personnellement, j’ai été content de retrouver Werber au mieux de sa plume. A conseiller tout spécialement aux lecteurs déçus des derniers romans de l’auteur du "Père de nos pères".

Le Rire du Cyclope, parution octobre 2010, éditions Albin Michel.
Parution, mai 2012, éditions Le Livre de Poche

 
 



 
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