Eli Anderson







Mars 2011

 




 

 

Bonjour Eli Anderson, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et sur votre parcours ?
Oh, tout simple : Strasbourg, Marseille, puis Paris avec un crochet à Montreal, médecin en exercice à l’hôpital, en cabinet, en bénévole à Médecins du Monde et enseignant vacataire en troisième cycle à la fac de médecine… Bref, très classique ! Et au milieu de tout ça, entre Strasbourg et Marseille, deux mois de flottement ; j’en ai profité pour écrire un thriller pour les grands sous mon (vrai) nom, publié chez Albin Michel. Cinq autres romans ont suivi avant que je ne me décide à écrire les aventures d’un certain ado qui occupait un coin de mon esprit depuis mes études de médecine…

Vous nous avez raconté très récemment dans une lettre la naissance d’Oscar Pill, mais comment avez-vous choisi ses caractéristiques physiques et psychiques ?
Un jour, sur le parvis d’un château en Touraine, un ado roux et bouclé sur un skate… une belle tête sympa, pleine de vie, espiègle, je n’ai jamais oublié ce visage.

 

Comment sont nés les autres personnages de cette saga et notamment Violette, la sœur d’Oscar ?
Violette, il y a un peu de moi là-dedans – et c’est rare que je concède qu’un personnage ait un peu de moi (je suis pudique) ! Une rêveuse incorrigible (un peu moi) et pleine de poésie (ça, ça me ressemble moins…) qu’on aime, avec ses extravagances et ses idées farfelues : un façon de réhabiliter les planeurs (dont on se moque volontiers, à l’école et ailleurs), de leur offrir une belle revanche.


De manière générale, vous servez-vous des personnes de votre entourage pour créer vos personnages ?

Je me sers sans doute de tout ce qui m’entoure, mais sans jamais en être conscient. Ce sont les autres qui s’y retrouvent !


Sous des dehors légers, votre série est ludo-éducative et de nombreux messages de santé sont distillés (je pense notamment aux « Deux Royaumes » et à l’univers de Pompée et Les Souffles de Leonid). Etait-ce une volonté de votre part dès le départ ?

Non, je n’ai pas voulu être éducatif ; j’ai cherché à casser les codes de la médecine et de l’anatomie, souvent effrayants ou au moins rebutants, pour (re)construire un monde intérieur inédit, magique, fantastique, qu’on puisse s’approprier, dans lequel un ado se sente bien. Pour être bien dans ses baskets, ne faut-il pas être bien dans le corps ? Un conseil : ne vous fiez pas à la saga pour vos examens de médecine – je déclinerai toute responsabilité !


Dans ce troisième volet, « Le secret des éternels », Oscar a grandi, il rentre de plein pied dans le monde de l’adolescence, époque difficile s’il en est. Les adolescents qui suivent les aventures d’Oscar se retrouvent-ils en lui ?

C’est à eux qu’il faut poser la question, mais à en juger leurs commentaires sur le Slog, c’est probable… Je crois que c’est une période universelle, qu’on a tous traversée, et qui a laissé ses marques (parfois indélébiles). C’est pour cette raison que je voulais que ce troisième Univers, celui de l’intimité, du sexe et de la reproduction, qui pose tant de problèmes à cet âge (et plus tard, si on ne les a pas « gérés » au bon moment), soit particulièrement poétique chez la femme, vivifiant chez l’homme, et qu’il donne envie de s’y aventurer sans gêne et sans bousculer la pudeur.


Avez-vous déjà terminé l’écriture des 4ème et 5ème tomes ? Le rythme de parution va-t-il rester le même (1 volet environ tous les 6 mois) ?
Non, je les écris dans la foulée (en tout cas, leur construction) parce qu’ils sont étroitement liés. Je suis un peu lent, va-t-on dire : il me faut du temps pour structurer, travailler les personnages, les lieux, les univers, puis pour écrire à mon rythme. Les premiers tomes sont sortis de manière rapprochée parce que j’avais de l’avance, mais c’est fini ;-) Le 4ème tome sortira en novembre 2011.


Comment travaillez-vous ? Saviez-vous dès le départ tout ce qui allait arriver à Oscar ou vous laissez-vous porter par l’écriture et les personnages au fur et à mesure ?

Oui, je suis un obsessionnel plein de tics de travail. Je rédige des plans détaillés qui finissent, bien propres et nets, dans des pochettes plastifiées transparentes qui me guident tout au long de l’écriture (ma bible !), je fais des fiches sur chaque personnage, pour bien le connaître, lui donner vie – et un caractère bien à lui/elle. Enfin, oui, depuis le début, je sais ce qui va arriver à Oscar - et aux autres - jusqu’au dernier chapitre…


De plus en plus d’auteurs se tournent vers la littérature jeunesse. Pourquoi ce choix, dans votre cas ?
Le sujet m’habitait bien avant que je ne me lance dans la littérature policière destinée aux adultes, mais curieusement, j’ai spontanément commencé avec l’adulte ; peut-être en avais-je besoin pour « apprivoiser l’écriture » ? Pour y faire mes armes ? je ne sais pas, toujours est-il qu’il m’a fallu 12 ans pour entamer l’écriture des aventures d’Oscar Pill.


Oscar Pill est classé en littérature jeunesse mais beaucoup d’adultes suivent également ses aventures. Quelle est la catégorie de lecteurs qui vient le plus à votre rencontre lors des séances de dédicace ?

Elle change en douceur, au fil des tomes : maintenant, beaucoup d’adultes apparaissent dans les séances de signature. Sans doute parce qu’ils estiment, comme moi, qu’il n’y a pas d’âge pour aimer la magie, l’aventure, le rêve, l’émotion.


Lors de la sortie du 1er tome, plusieurs avis sur le net faisaient référence à Harry Potter en parlant d’Oscar Pill. Comment avez-vous vécu cette « comparaison » ?
Ah, je pourrais rappeler qu’Oscar grandissait dans ma tête bien avant la sortie du petit sorcier, et reprendre point par point les éléments de comparaison et expliquer les différences, mais ça n’aurait pas beaucoup d’intérêt. J’ai fini par en être très flatté, au fond : si Oscar peut tenir en haleine comme l’a fait Harry, je le prends comme un compliment.


Imaginons maintenant le même destin cinématographique qu’Harry Potter pour Oscar (c’est tout le mal que je vous souhaite ?). Quelle en serait votre distribution idéale ?
ça alors, comme cette question tombe à pic ! ;-) J’avoue ne pas y avoir pensé pour l’instant – ou si je l’ai fait un temps avec les fans d’Oscar, tout est détricoté depuis l’annonce toute fraîche de l’acquisition des droits d’adaptation au cinéma d’Oscar Pill par Warner Bros./Heyday films ; même si cela m’est très abstrait, il reste que c’est une nouvelle fabuleuse et concrète qui bouscule tout ce qu’on peut imaginer. Je préfère me dire que leur choix va être parfait…

« Le secret des éternels » sort simultanément en version papier chez Albin Michel et en ebook chez Versilio. Quelle est votre opinion sur ce nouveau support ? Pensez-vous qu’il peut amener plus facilement les enfants/adolescents vers la lecture ?
J’étais assez attaché au papier jusqu’au moment où j’ai découvert ce support. Ce que l’on perd en plaisir du livre en main, du papier qu’on touche, de la couverture qu’on effleure, on le gagne en praticité, facilité, ingéniosité. Bref, oui, je crois que c’est un support moderne qui peut convaincre des résistants.

Ce n’est plus un secret pour personne que derrière Eli Anderson se cache l’auteur de thrillers, Thierry Serfaty. Aborde-t-on de la même manière l’écriture d’un roman jeunesse et celle d’un roman adulte ?
Je crois que je ne réfléchis pas en ces termes. J’ai une idée que je compte développer pour un public ou un autre, et j’ai l’impression qu’à l’intérieur de ma petite tête, on appuie sur un bouton et je passe en « mode adulte » ou « mode ado ». Etrange sensation, mais en tout cas, non, je n’y pense pas – et je ne crois pas que les écrits se ressemblent pour autant !

Quels sont les projets d’Eli Anderson ?
J’ai du mal à me dire que je vais quitter Oscar un jour… mais il le faudra, et j’ai deux autres projets en tête pour grands ados. On se donne rendez-vous dans deux ans pour en parler ?

Et ceux de Thierry Serfaty ?
Ah, ça, c’est imminent – et donc plus facile d’en parler ! Un nouveau suspense, plus dans le mouvement de mon premier thriller (moins violent que les derniers, plutôt dans la manipulation, assez cinématographique, vies emboîtées, frontière réel/mirage…), va bientôt être publié. Le titre : Demain est une autre vie, chez Albin Michel, le 4 mai 2011.

Merci beaucoup Eli Anderson, nous vous laissons le mot de la fin.
« La fin ? Voilà un mot qui me sera étranger pour un bon bout de temps, je l’espère - en tout cas pour l’écriture !

Du même auteur : Biographie, chronique, interview
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