Thierry Serfaty






Juin 2006

 




Bonjour Thierry,tu écris aujourd'hui depuis six ans. En quatre romans, ton chemin est calme mais atteint le but: attirer la lumière. Toutefois, certains de nos visiteurs ne te connaissent pas encore. Parce qu'ils ne lisent pas forcément de thriller ou polar.
Pourrais-tu vous présenter en quelques mots?

Je suis un ovni, une espèce de chose venue d'un univers différent. Un médecin défroqué qui a finalement gardé un petit bout de culotte. (Rires) Sérieusement, je suis né à Strasbourg. Et y ai vécu et fais mes études de médecine. Je suis parti à Montréal faire mes stages d'interne et d'externe. J'ai obtenu mon diplôme de médecine générale. Je me suis spécialisé par la suite en échographie puis en infectiologie tropicale. Ce qui m'a beaucoup servi pour mon exercice en Alsace... Puis j'ai ouvert mon cabinet et ai occupé un poste à l'hôpital de Strasbourg en même temps. C'était important pour moi de coupler les deux: la fonction hospitalière me coupait un peu du système de la délivrance d'ordonnances qui n'est pas vraiment ce à quoi on s'attend lorsqu'on débute des études de médecine. Je suis peut être très idéaliste mais bon. Et puis, à l'hôpital, le travail d'équipe est mis en avant: c'est une chaîne d'action qui est mise en mouvement lorsque le patient arrive. En parallèle, j'ai aidé médecins du monde avec notamment la mission Sida-toxicomane.
Après quatre ans et demie d'exercice, J'ai eu une remplaçante et elle est devenue titulaire à ma place. Je suis parti deux mois après pour Marseille. J'ai eu besoin de me retourner un petit peu. J'avais envie de voir d'autres horizons. Pendant ces quatre ans, je faisais du 07h-23h. Et médecins du monde le soir, c'était jusqu'à une heure du matin.
C'était enrichissant comme plus rien ne le sera aujourd'hui. Je découvre aujourd'hui des choses passionnantes. Et j'étudie et fais tout ce que je n'ai pas pu faire en médecine pendant ma pratique. J'explore des territoires médicaux alors méconnus, ou bien même inconnus. Mais ce ne sera jamais si riche en rapports humains. C'est essentiellement pour cette raison que j'ai continué à travailler dans le secteur médical. Pour garder un peu les pieds sur terre en m'attardant sur ce qui est vraiment important. Je n'exerce plus en tant que praticien mais je fais de la veille scientifique, de la formation et je donne des cours à la fac de médecine. Ceci me permet de voir les coulisses et les ficelles que je n'ai pas pu voir lorsque je pratiquais. Et puis, ça permet de nourrir un petit peu mes romans.

Avant d'être écrivain, tu étais donc médecin. Pourquoi s'être mis à écrire?

Je suis très mauvais en claquettes. Je dois être honnête avec tes lecteurs et le leur avouer. Je n'ai pas sorti de single! (Rires)
Lorsque je suis arrivé à Marseille pour ce tournant important, j'avais l'impression que j'avais peut être laissé passer de choses dans ma vie. Que je n'ai pas regardé correctement. Et ce, comme tout le monde, parce que j'ai dû faire des choix. Et forcément, qui dit choix, dit renoncement d'une option. Il faut avancer. En même temps, qui n'a pas rêvé de se pencher de nouveau sur ce qu'il s'est passé? De voir ce qu'on n'a pas vu?...
Du coup, j'avais ce besoin-là. Je ne connaissais personne lorsque je suis arrivé à Marseille. Et donc je me suis dit: "Si je ne peux pas le dire à quelqu'un et les assommer avec mes paroles, je vais peut être l'écrire." J'ai sorti mon ordinateur. J'avais deux mois de flottement avant ma prise de service à l'hôpital. C'était le moment ou jamais. Comme il y avait une vraie tension dans ce que je vivais alors je me suis plus penché sur le thriller.
Tout ça, je peux te le dire avec du recul. Mais sur le moment, le calcul n'existait pas. Je l'ai fait parce que j'ai ressenti que c'était le bon moment. Lorsque le sang est sorti, il m'a été demandé le pourquoi du comment. Et j'étais incapable de dire ce qu'il s'était passé. Le lien que je viens de t'expliquer n'a été fait que parce qu'avec le temps, on prend du recul!
J'ai envoyé ce livre. Je suis allé dans une fnac, j'ai pris une liste d'éditeur parce que je n'y connaissais rien. Comme tout le monde. J'ai envoyé et j'ai eu trois réponses positives quinze jours plus tard, à vingt-quatre heures d'intervalle. J'ai même eu le luxe de choisir. Le conte de fée a démarré ainsi.


Peux-tu nous citer tes références?
Je suis convaincu que, lorsqu'on est lecteur et qu'on aime lire, on vit avec les lectures. Et inversement, les lectures vivent avec nous. Je suis persuadé que l'on est guidé par notre atmosphère du moment et le contexte qui nous entoure. J'ai évolué ainsi au gré des périodes. J'en ai eu où mes lectures étaient concentrées sur du polar, d'autres où au contraire j'ai eu besoin de lire des histoires d'évasions. Aujourd'hui, je lis de moins en moins de polars. Avec recul, je pense que je suis un peu effrayé d'être un peu parasité par les autres. Je ne voudrais pas me transformer en plagia. Et je suis intimement persuadé que nous sommes des éponges. Je m'inspire de mon entourage mais pas de façon consciente.
En fait, je ne suis pas accro de ces cases. C'est très européen. Du moins de l'Europe territoriale. En effet, les pays anglo-saxons ne connaissent pas ainsi ce rangement. Les auteurs sont écrivains avant d'être des auteurs de genre. Les gens n'ont pas ce réflexe de catégorisation. Cela a permis au polar, puisqu'on en parle, de prendre de l'amplitude en brisant les canons du genre. Personnellement, je m'intéresse beaucoup plus aux gens qu'au genre. C'est ce que je fais dans mes écrits et mes lectures.
Il y a des livres qui m'ont marqué et précipité dans la lecture. Le seigneur des Anneaux a été pour moi un phénomène abyssal: je suis tombé et ai souhaité ne plus jamais m'arrêter dans cette chute. Il y eut aussi les Rois maudits. Les grandes sagas de Wilbur Smith m'ont passionné, notamment Fortune d'Afrique et la saga des Courtney. J'y ai trouvé une exactitude et une rigueur historiques, géographiques et géostratégiques impressionnantes. J'ai adoré.
Je suis arrivé au polar avec Ken Follett avec ses romans d'espionnage comme Code Rebecca. Et là, j'ai ouvert les vannes. Et j'ai tout avalé. Mais je dois avouer que j'ai mis longtemps à savoir arrêter un livre lorsqu'il ne me passionnait pas. Je n'y arrivais pas à le faire. Je pensais qu'un livre avait le droit au chapitre jusqu'au bout. Maintenant je le fais. Du coup, je découvre des livres passionnants. Comme Paper boy de Dick Dexter que j'ai beaucoup aimé. Ce serait ce genre de littérature noire que je lirai en ce moment.

Dans le sang des sirènes, ton premier roman,  on assiste à un exercice de style. Les temps sont mélangés ainsi que les niveaux de lecture et de réflexion.
L'exercice n'était pas simple et risqué mais pourtant réussi. Est-ce une envie de se mettre en danger dès le début?

Je voulais deux voix: pour parler de ce que l'on voit, et de ce qui est inapparent. J'avais envie de parler des faux semblants de la vie. Il n'y avait qu'une seule façon de le faire: se mettre à la place d'une personne qui observe le tout, et une autre personne qui ne veut pas s'en tenir là et désire connaître les raisons de ce qu'il s'est passé. Jan est ce personnage qui veut comprendre. Il est mort et veut comprendre au-delà des apparences le pourquoi  de cette situation. La narration à la première personne m'est venue de façon instinctive dans ce cas puisqu'elle symbolise le côté individuel et introspectif nécessaire. Alors que 'Elle' était là pour raconter ce qui a été fait et ce qui est apparu. C'est le jeu de poupées russes. Elle, elle décrit la poupée de l'extérieur tandis que Jan va observer celle d'en dessous. Et il y en a une autre dans celle qu'il va voir.Deux voix parce que deux façon différentes de voir une même scène parce qu'on n'a pas posé le même regard sur cette succession d'événements.

Par rapport au danger, j'aurai pu enlever la première scène et entrer directement dans le vif. Les lecteurs auraient vite compris le stratagème sans que je mette ainsi en avant l'idée de retour. Au passage, mon éditeur me l'avait demandé en prétextant que cette implication de la Vie créait une ambiance trop paranormale à laquelle les gens ne croiraient pas. Mais je voulais qu'il y ait cette notion d'enquête après s'être planté. Il s'est trompé dans sa vie, et voulait revenir. Je voulais cette double notion chez lui: avoir vécu les faits une première fois, et revenir en se rappelant ce qu'il avait vécu. Du résultat du moins. Sans le premier chapitre, il n'y aurait pas eu ce côté enquête. Il va y avoir une adaptation cinématographique qui ne va sûrement pas reprendre cette première scène.



Pourquoi le Danemark? Par référence à l'auteur de la petite sirène ?

C'est plus qu'un simple clin d'œil. La petite sirène avait un rêve bien particulier. Elle voulait aller voir les êtres humains mais, surtout, elle leur enviait l'âme immortelle que n'avaient pas les sirènes. Elles vivent trois cents ans puis se transforment en écume alors que les Hommes vont vivre moins longtemps mais possèdent une âme immortelle. Ce qu'elle désirait est ce qui arrivé à Jan: revenir sur le passé et obtenir une espèce d'immortalité.
C'était donc vraiment un clin d'œil à ce conte, qui n'est pas vraiment un conte pour enfant. La petite sirène est exemplaire en matière de détermination, d'envie, d'engagement, de sacrifice de soi...Mais aucun aspect mièvre. Il ne s'agit pas une histoire d'amour bête.
Il s'agit donc plus d'un rapprochement géographique. C'est une véritable inspiration. Même une variation du même thème.


Justement, à travers vos romans, nous avons déjà visité pêle-mêle le Danemark, le Canada, la France, l'Afrique, l'Amérique du sud etc....Pourquoi ce tour du monde à travers votre oeuvre? Est-ce des pays visités ou le fruit de vos imaginations?
Ce sont des pays que je connais à chaque fois. Je n'ai jamais parlé d'un pays qui m'est sont inconnues. De plus, je ne parle que des territoires qui m'ont marqué et apporté quelque chose sur le plan humain. Et ce, parce que j'estime que c'est ma façon de donner une humanité à mes personnages. Par essence, ils sont un petit peu désincarnés donc il convient forcément de les insérer dans un contexte où soi-même on vibre et ressent des émotions. Par la même, nous allons écrire des événements différents et plus intenses. C'est évident.
Par exemple, le passage qui se passe à Rio dans La nuit interdite, celui de la dernière nuit, Il ne s'agit pas du tout du Rio que l'on imagine. C'est le Rio des ruelles avec ses écoles de samba où il existe une transe véritable lors de la danse. Ici, je pense qu'il y existe une forme d'humanité qui est plus forte que si j'avais écrit le même passage dans un endroit que je ne connais absolument pas.
Ce sont vraiment à chaque fois des endroits qui me font vibrer. Qui me rappellent des sensations et des émotions. Après, je ne recherche pas à voyager obligatoirement. Certains romans et intrigues s'y prêtent plus que d'autres. Ainsi, Le gène de la révolte s'y est prêté plus.

Dans le 5ème patient, tu traites d'un sujet d'actualité dans le milieu médical et la société en général. A la sauce polar bien évidemment. La réalité du débat n'en est pas fictive pour autant. Il s'agit de l'Euthanasie. Est-ce simplement un outil de l'intrigue, ou une envie d'en parler?
Ce n'est pas seulement pour donner un ressort polar.
J'ai travaillé dans les secteurs de cancérologie. Cancérologie infantile. Je m'en souviendrai très longtemps. J'ai été marqué au fer rouge: je m'en souviendrai toute ma vie. La mort, je l'ai abordé par ce point-là. Avec des gens qui se battent, ou alors avec des gens qui disent seulement "On veut seulement guérir" alors qu'ils ne le veulent pas. Et la situation inverse, c'est-à-dire qui crient "Laissez-moi mourir" tandis qu'il ne veulent que notre aide pour apaiser la souffrance.
C'est un décryptage permanent de l'angoisse et du discours tronqué qu'il faut traduire. Qu'il faut écouter, qu'il ne faut pas écouter. Surtout pas prendre au premier degré et prendre de la distance par rapport aux mots utilisés. La mort, je l'ai donc vécue autrement que par la disparition de mes proches.
J'ai eu alors besoin de donner l'exemple d'un type qui dit: "Non" Et ce, dès le départ et pas lorsqu'il est au fond du gouffre et quand il sent que c'est fini et qu'il a besoin de réconfort et de dignité. Mais il dit NON dès le début. "Je fais le choix de ne pas être traité. De ne pas être un cobaye! Je fais ce choix-là, respectez-le!" Pour moi, ce discours passerait mieux sous cette forme. Je ne voulais pas sortir les banderoles.
C'est à cette fin que je me dis que dans un livre, il doit y avoir des niveaux de lecture. Que les gens puissent prendre ce qu'ils ont envie. S'ils ont envie de voir l'euthanasie et une réflexion sur le sujet (ou en tout cas un avis), tant mieux. Mais il y en a qui n'on t pas du tout vu ça. Et ils ont vu un patient qui pète un petit peu les plombs et qui va menacer son médecin de mort pour l'obliger à le tuer. Ils l'ont vu comme un ressort de tension narrative dans le cadre d'un thriller.


Pour en revenir à tes romans, avec les 2 premiers, l'atmosphère est légère malgré les histoires assez importantes et déterminantes pour les personnages. Il y existe toujours des personnages qui relâchent la tension.Cette légèreté disparaît dès les gènes de la révolte. Le phénomène est confirmé avec la Nuit Interdite. Pourquoi ce changement?
Pour être honnête, je n'ai pas du tout réalisé pendant l'écriture. Je l'ai vu par la suite.
En réalité, pour être franc, je ne l'ai pas perçu moi-même. Mais par le retour que j'en ai eu. C'est le miroir des lectures qui me dévoilent ce genre de changements. Ce n'est pas fait d'une façon consciente. Mais je pense que ce changement a été guidé par les circonstances qui m'entouraient. Au moment de la rédaction du gène de la révolte, je vivais une espèce de violence intérieure. J'ai fait ensuite le lien avec les événements de ma vie.
Mais je dois t'avouer que je préfère assombrir mes romans et que le nombre de décès s'accroît dans ceux-ci. Plutôt que je le fasse dans mon entourage. (Rires)


Dans la Nuit Interdite, les termes techniques et l'ambiance médicale sont à leur paroxysme par rapport aux autres romans. Ce qui a parfois bloqué ou gêné certains. Est-ce une envie de véritablement écrire un thriller scientifique? L'aboutissement d'un processus enclenché dès le premier roman?
Personnellement, je fais en sorte que la médecine et la science soient un fond sonore. Il est vrai que, dans ce cas, le sommeil était un peu le héros du livre. Le sommeil, ou son absence. Je voulais que le domaine soit maîtrisé par les lecteurs.
En effet, ce que j'essaie de faire en matière de santé dans mes romans est de prendre des événements tout à fait normaux, qui nous paraissent comme une évidence. Je n'écris jamais sur des maladies inconnues qui peuvent décimer la moitié de la planète en 50 pages. Les gens ne connaissent pas. Ce n'est pas leur vie de tous les jours. Alors que tout le monde dort... Plus ou moins bien mais le sommeil fait partie intégrante de notre vie. Et ce, plus ou moins inconsciemment. Je veux retourner les cartes qui nous paraissent plus ou moins claires ou limpides. A la seule fin de démontrer que ce domaine a une zone d'ombre et une fragilité. Par conséquent, un danger terrible. Et surtout, certains s'amusent avec.
Or, parce qu'il existe des gens qui le font, j'ai envie de le pointer gentiment du doigt. Et, d'une certaine façon, aussi de faire passer le message sur des choses qui nous concernent tous. Le prochain est sur la peur, sur l'origine de la peur. Elle nous concerne tous. Donc, toutes ces choses-là me fascinent.
Et j'essaie de le dire par étages. Certains y arrivent et d'autres ne peuvent pas le faire parce qu'ils prennent les choses en bloc. Ils absorbent tout tel quel sans faire de tri. Par exemple, pour la nuit..., il est vrai que je suis assez complet sur le sommeil et ses cinq phases. Mais, à la fin de ces longs paragraphes, il y a toujours une simple phrase qui résume les développements et qui suffit à la suite de l'intrigue. Je le fais de façon automatique. Je ne veux pas que mes explications soient assommantes. Ca ne suffit pas parfois. Mais ce n'est pas une critique du tout pour les uns ou pour les autres. Seulement, chacun a sa façon de lire. Et aucune n'est meilleure l'une que l'autre.

Peux-tu nous parler plus amplement des projets suivant ce roman, et de son implication dans ce projet de longue haleine?
Il s'agit d'un projet qui est construit sur la pyramide mental. J'ai envie d'aborder la personnalité humaine. Nous avons chacun notre personnalité: timide, agressif, battant, séducteur... Mais qu'est-ce qui construit cette personnalité? J'avais très envie de creuser cette question. On a parlé de génétique, de l'environnement direct. Je pense sincèrement que nous avons une carte génétique et un ensemble de facteur qui va déterminer cette personnalité.
Tout est construit sur les trois grands axiomes que sont la peur, la douleur et le désir. La personnalité est le résultat d'un dosage de ces trois éléments et le sommeil permet de rétablir le tout pour que qu'aucun des trois ne tombe dans l'excès. Donc, avec le premier, je voulais commencer par déstabiliser la pyramide pour démontrer sa fragilité et son importance.
Le prochain traitera de la peur. Puis de la douleur. Et, enfin du désir.
L'inspecteur de la Nuit Interdite qui est alors très jeune va revenir six ans après. Plus mûre.


En Belgique, une série traitant du milieu médical dont tu es le scénariste est en diffusion actuellement. Le Cocon : débuts à l'hôpital. Peux-tu nous en parler un peu plus? Quelle est ton implication dans ce projet?
En fait, je ne suis pas véritablement le scénariste. Pas du tout en fait (Rires)
J'en suis le créateur. J'en ai écrit la bible (les personnages et l'histoire...) J'en ai écrit le pilote. Et j'ai supervisé l'écriture des scénarii pour l'aspect médical.
Le synopsis? Comment devient-on médecin?... Il s'agit de l'histoire de cinq internes qui vont débouler à l'hôpital. Ce sont les premiers pas en fait à l'hôpital. Lorsqu'on sort de la fac, nous avons l'impression d'être les rois du monde, et là ce sont les premiers chocs et les premières émotions.


A quand une diffusion en France ?
Pour la rentrée sur France 2.


Romans, scénarii de télévision
Prix POLAR à Cognac en 2000
Prix Synopsis du meilleur roman adaptable à l'écran au Festival de Cannes en 2001
Le sang des sirènes est en cours de travail pour une adaptation cinéma.
Où cette adaptation en est-elle?
Il y eut une aventure invraisemblable ici. Les droits ont été vendus trois fois. Nous avons eu des fonds qui devaient être anglo-saxons, un réalisateur français. Mais il a fait entre temps un fait avec un budget énorme... et un flop de la même envergure (NDLR: Ginostra de Manuel Pradal) Les producteurs ont donc calmé le jeu avec cette équipe. Du coup, au moment où ils ont voulu renouveler l'option, nous avons refusé. A l'heure actuelle, c'est une boite de production française qui fait en même temps les films d'Ozon, Podium (Fidélité Production NDLR)
Nous n'avons pas encore de réalisateurs, ni de casting. Cette fois, c'en est aux balbutiements. Je n'écrirai pas le scénario. Je pense qu'il faut laisser l'histoire vivre.

Serais-tu intéressé par l'écriture d'un scénario original pour le cinéma, comme l'a fait par exemple JC Grangé avec Vidocq? Et d'autres secteurs, comme la bande-déssinée?

On m'a proposé, et je n'ai pas voulu. Je n'ai pas envie de me brûler les ailes. Pour l'instant, je me contente de mes romans et je suis bien heureux comme ça! Même pour le Cocon, ils m'ont proposé la seconde saison et j'ai refusé.
Le roman m'attire encore énormément. Je vais même m'essayer aux romans jeunesse. J'en ai parlé bêtement à Albin Michel, du coup ils reviennent tous les ans avec le projet (Rires). J'ai également, en dehors de la pyramide mentale, trois autres thrillers en tête.

Enfin,  ton activité première est le thriller. En France, ce secteur littéraire est en pleine explosion depuis quelques années. Les maisons d'édition signent de plus en plus d'auteurs français. Une véritable pépinière de jeunes auteurs en marge du milieu traditionnel du polar noir à la française éclot. Des talents qui n'existaient pas avant? Ou une décision des maisons d'éditions de signer plus d'auteur français parce qu'elles ont compris que l'on pouvait gagner de l'argent avec eux?

Non, je pense plutôt que deux phénomènes interviennent : d'une part l'intérêt nouveau du lecteur pour des auteurs qui partagent une identité avec lui et pour certains sujets, et de l'autre la prise de conscience et de risque un peu plus importante de la part de l'éditeur. Il me semble qu'on sort depuis 15 ans des canons du polar, que les critères et les limites explosent, et que des territoires peu explorés par le "genre" (même si tu sais que je n'aime pas ce mot, qui enferme les auteurs et leurs livres...) comme la science, la technologie ou, pour ma part, la santé (qui touche aux deux autres univers, en fait) y ont enfin leur place. Le lecteur s'y intéresse, il veut et a le DROIT de savoir, de comprendre, d'apprendre (joindre l'utile à l'agréable), du coup, on leur donne le droit d'exister, leur voix prend du "coffre". Des talents qui existaient déjà (pourquoi voudrais-tu qu'ils n'aient existé qu'à l'étranger ? On a au moins autant de "cerveaux" chez nous !) émergent alors du silence dans lequel ils étaient enfermés, et on accepte enfin, quand on est éditeur, de s'intéresser à des gens venus d'horizons "étranges", atypiques, de prendre (un petit peu) de risque et de ne plus miser uniquement sur les grosses machines qui ont fait leurs preuves ailleurs. Cela dit, si c'était si risqué, les éditeurs, qui sont les oeuvres philanthropiques que l'on sait, ne les publieraient pas...

Quels sont tes derniers coups de cœur?
Je ne lis pas que du polar, cela dit (heureusement : je serais intoxiqué avant d'écrire !) et j'ai beaucoup aimé un très beau livre d'Adrien Goetz, "la dormeuse de Naples": une langue sublime, de quoi vous complexer toute votre vie, dans un climat artistique et une érudition hors du commun. Pas facile, ce n'est pas pour la plage, mais c'est magnifique.

Tu as le mot de la fin
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La fin!? Mais je déteste ce mot ! Je commence à peine à m'amuser, moi, dans le monde (impitoyable mais palpitant) de l'écriture ! Disons que la vie est trop courte pour envisager déjà la fin de quoi que ce soit, alors  rendez-vous pour un prochain livre- le mien ou celui d'un autre, pour en parler ! A bientôt, et longue vie aussi à Plume libre.
 
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