Régis Descott

 

 

 

Régis Descott - Salon du livre de Paris

 

 

Bonjour Régis Descott. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous et sur votre parcours ?
On peut dire que j’ai toujours voulu écrire. Depuis l’âge de douze ans en tout cas. Cela fait désormais huit ans que je m’y consacre à plein temps. En comparaison, les années qui ont précédé, au cours desquelles j’ai occupé différents emplois, m’apparaissent comme une longue période d’attente !

Régis Descott - L'année du RatPouvez-vous nous présenter votre dernier roman « L’année du rat » ?
Le thème central de L’année du rat c’est la manipulation génétique et ses éventuelles dérives. Au-delà de ça, c’est aussi une histoire d’amour et un livre sur la survie, sur l’instinct de survie que j’illustre par le parcours de Chim’, le personnage principal, flic à la Brigade de Recherche et Traque confronté à une douloureuse rupture sentimentale et à une enquête des plus étranges.

 

Comment vous est venue l’idée de cette intrigue ?
L’idée m’est venue après un rêve qui m’a réveillé en pleine nuit avec l’image d’un être doté d’un corps d’homme et d’une tête de rat. Ce qui m’a conduit à m’intéresser à la génétique et à ses manipulations.


Quand vous commencez un nouveau roman, avez-vous déjà en tête l’intégralité de l’histoire ou vous laissez-vous porter par votre intrigue, vos personnages ?

Je commence toujours à écrire avec un plan détaillé, avec donc en effet l’intégralité de l’histoire en tête. Et je finis toujours par m’en écarter, surtout à cause des personnages qui au cours de la phase d’écriture prennent vie et acquièrent une certaine autonomie. Pour illustrer ce propos, je suis assez d’accord avec Stephen King selon qui le vrai patron, c’est le roman, pas l’auteur.

Dans « L’année du rat », votre vision de notre futur n’est pas très joyeuse, notamment au niveau écologique ou des expérimentations…  L’avenir vous apparaît-il si pessimiste ?
Il me semble qu’il y a des indicateurs aujourd’hui qui ne poussent pas à l’optimisme. L’accroissement de la population mondiale m’apparaît comme la principale cause des problèmes auxquels l’humanité risque d’être confrontée. Mais je ne crois pas que l’avenir ressemble à une lente et inéluctable descente aux enfers. L’environnement que je décris dans L’année du rat ne fait pas rêver, mais cela peut être une période transitoire vers un avenir plus viable.


A la lecture de vos romans, on se rend compte qu’un grand nombre de recherches/documentation doit être nécessaire à leurs écritures : l’univers de la psychiatrie pour Pavillon 38 et Caïn et Adèle ; la peinture, le 19ème siècle pour Obscura et la génétique pour L’année du rat.    Comment décidez-vous du contexte de vos romans ?  Et combien de temps consacrez-vous aux recherches ?

Le contexte de chaque roman est lié à l’idée de départ. Pour Pavillon 38 et sa suite, Caïn et Adèle, à partir du moment où je me suis intéressé à une psychiatre oeuvrant dans une Unité pour Malades Difficiles, l’univers était tout trouvé. Pour Obscura, souhaitant remonter aux origines de la psychiatrie avec une intrigue centrée sur les liens entre création artistique et folie, je me suis naturellement penché sur le XIXe siècle et l’impressionnisme. C’est le roman qui m’a demandé plus de recherches, avec un personnage principal médecin généraliste. Il a fallu que je me documente sur les maladies de l’époque, la syphilis, la tuberculose, sur la peinture et l’œuvre de Manet, sur la prostitution, la vie quotidienne à Paris, les méthodes de la police… Entre la documentation et la conception du plan, j’ai travaillé plusieurs mois.


Après Obscura et le 19ème siècle, vous nous présentez un roman « futuriste ».  N’avez-vous pas eu peur de trop surprendre vos lecteurs en passant d’un extrême à l’autre ?
Passer de la fin du XIXe siècle au XXIe siècle représentait en effet un risque dont j’avais conscience. Mais un risque à mes yeux moins important que celui lié au fait de se répéter en ne suivant pas son intuition. Mais ce n’est qu’une question de contexte, le fond, le style évoluent moins et les lecteurs qui me suivent me reconnaissent généralement de livre en livre.



Aborde-t-on de la même manière l’écriture d’un roman se déroulant au 19ème siècle et celle d’un roman d’anticipation ?

Bien sûr que non. Pour Obscura je me suis attaché à la langue du XIXe siècle, en m’attachant au vocabulaire, notamment pour tout ce qui est médical, et à certaines tournures de phrases. Dans L’année du rat, le style est plus sec, les phrases plus courtes. Et pourtant je ne considère pas me contredire par rapport à ma réponse à la question précédente ! !

 

Vos deux premiers romans (« Pavillon 38 » et « Caïn et Adèle ») mettait en scène le personnage de Suzanne Lohmann.  Envisagez-vous de reprendre un jour ce personnage ?
Je n’ai en effet pas abandonné l’idée de remettre en scène le docteur Lohmann. Mais comme je vous le disais, j’ai eu besoin de me renouveler. Je songe à y revenir un jour, avec une héroïne vieillie et revenue de tout. Je suis très attaché à ce personnage de femme en apparence fragile mais animée par une grande force intérieure. Il en faut, pour évoluer dans cet univers peuplé de fous dangereux !


Etes-vous vous-même lecteur ?  Quels sont les livres qui vous ont le plus marqué et vos derniers coups de cœur ?

À l’origine je suis surtout un lecteur de romans. Je suis toujours à la recherche de ces visions du monde particulières qu’autorise le prisme de la fiction. J’ai commencé par la littérature du XIXe siècle, avec un faible pour Balzac et les auteurs anglais. Les grandes espérances de Dickens, comme La foire aux vanités de Thackeray font partie des livres que je place au-dessus de tout. Récemment, dans deux genres différents, j’ai été très impressionné par The fountainhead (La source de vie) paru en 1943, de Ayn Rand, l’histoire d’un architecte révolutionnaire qui a du mal à imposer sa vision du monde, et Bangkok 8, un polar de John Burdett mettant en scène un flic moine bouddhiste croyant à la réincarnation. Très distrayant !


Quels sont vos projets ?
Je voulais écrire la suite de L’année du rat, pour laquelle j’ai passé deux mois en Inde à l’automne dernier et au moment de m’y mettre, impossible ! Je me suis donc lancé dans un roman sur l’oubli, servi par une histoire d’amour, une idée qui s’est imposée à moi à mon retour d’Inde.


Merci beaucoup Régis Descott, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci à vous !

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