Laura Sadowski

Laura Sadowski





Septembre 2011



 

 

Bonjour Laura Sadowski. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et sur votre parcours ?
Je suis l’auteure de 4 romans qui explorent chacun à leur manière le genre du « polar » :
- L’Affaire Clémence Lange 2008
- L’Origine du sexe 2009
- La Peur elle-même 2010
- La Géométrie du tueur 2011

D’où vous est venue l’envie d’écrire ?
Je l’ai toujours eue. Mais en 2007 des circonstances personnelles m’ont donné l’occasion de pouvoir le faire. Ecrire exige une grande discipline, par conséquent du temps et de la concentration. Et l’endurance des sportifs.

 

Comment trouvez-vous vos idées de roman ?
Pour mes 2 thrillers judiciaires, dans l’actualité. Ils sont tous deux inspirés de faits réels. Le premier : la séquestration ; le second : le parcours criminel du tueur – ce sont des points de départ, ensuite l’imagination, les connaissances et la culture font le reste.
Par exemple pour L’Affaire Clémence Lange : j’ai imaginé ce huis-clos comme une tragédie classique. Ma culture littéraire a pris le pas sur mes connaissances juridiques.
Pour La Géométrie du tueur : la connaissance du système pénal et du déroulement d’un procès sont fondamentaux. Ils sont essentiels à la dramaturgie, et à la construction romanesque de l’œuvre.
Pour le thriller La Peur elle-même : l’imagination et la culture littéraire. J’ai voulu, comme disait Flaubert, écrire un livre sur [un] rien. Ici une émotion, la Peur, qui prend au dépourvu le lecteur. Mais en même temps j’ai cherché à innover en articulant un genre littéraire : « L’inquiétante étrangeté » ( ou le «Das Unheimliche») au thriller. Et ça marche !
Pour L’Origine du sexe, j’ai voulu dans le cadre rigide du roman policier, travailler le mythe de Frankenstein qui est probablement le plus grand mythe moderne et une des meilleures représentations de notre monde.


Comment se déroule votre processus d’écriture ? Avez-vous en tête l’intrigue de vos livres dès le début ou évolue-t-elle au fur et à mesure ?
Je ne fais pas de plan détaillé. J’ai le début, j’ai la fin (même quand il y a une suite comme dans La Géométrie du tueur ! ) mais j’élabore ensuite plus que je ne construis. En réalité, je remonte le temps. L’écriture d’un polar est une machine à remonter le temps. A partir de la fin, on tourne les aiguilles de la montre en sens inverse.

Avez-vous des petits rituels pendant que vous écrivez ?
J’écris avec le même stylo à plume, la même marque d’encre noire et sur des feuilles de rames de papier. Le texte est ensuite tapé à l’ordinateur. Il n’y a qu’avec mes romans que je fais ça !


Laura Sadowski - La géométrie du tueurVotre dernier roman La géométrie du tueur est sorti en mai 2011, pouvez-vous nous le présenter ?

Ce « legal thriller » a cette particularité de contenir un prologue qui déroule une enquête (partie policière) et un épilogue qui pressent une suite. Entre, deux histoires sont narrées : la principale concerne le héros, un avocat dont la disparition mystérieuse de sa fille 2 ans plus tôt l’a anéanti. Il est contraint de passer un marché avec un homme redoutable accusé des pires crimes et dont le procès est imminent. S’il le fait acquitter, il lui donnera en échange des informations sur la disparition de sa fille. Marché de dupes ? La seconde histoire a pour rôle narratif de créer un effet de suspens (au sens : d’attente) et un effet de sourdine (comme au piano classique) : elle atténue l’horreur de l’intrigue principale. Mais toutes deux sont imbriquées dans la narration propre au thriller judiciaire. A savoir que le système judiciaire joue son rôle de destin implacable. Je pense que la justice porte en elle non seulement une dramaturgie efficace mais également une mythologie qui s’apparente à celle de la mythologie grecque reprise par les auteurs classiques.


La géométrie du tueur comporte des descriptions violentes, auxquelles vous ne nous aviez pas habitué. Qu’est-ce qui a déterminé ce choix ?
C’est une autre violence que celle de La Peur elle-même, je le reconnais ! Elle est ici plus crue, plus brutale, plus réaliste. Elle vient du parcours criminel du véritable tueur dont je me suis inspiré, mais également des nécessités narratives. Le marché qui permet au « diable » (ici le tueur) de piéger le héros (l’avocat) devait être à ce point horrifiant qu’il provoque un dilemme insoutenable. Enfin, je dirais que cette violence est celle des tribunaux, et celle de notre monde. .



Vos personnages bénéficient toujours d’une psychologie bien développée. Comment naissent-ils ?

Ils naissent comme tous les personnages de papier. D’abord comme une esquisse, puis le portrait s’affine, enfin, tout à coup, au détour d’une phrase, ils deviennent réels, vivants, on leur parlerait presque, on les toucherait. Et ils ne vous quittent plus. On finit par les connaître… comme si on les avait toujours fréquentés ! Ils viennent aussi de la tradition littéraire française où depuis La Princesse de Clèves, la psychologie n’est pas sacrifiée au profit de l’action.


En France, le roman judiciaire nous vient plutôt des Etats-Unis. Qu’est ce qui vous a poussé dans cette direction ?
Vous avez raison, il nous vient d’un grand genre américain illustré par des auteurs comme Grisham ou Connelly. Mais déjà le cinéma muet d’Hollywood comportait des scènes de procès. Il prend une place de plus en plus grande dans le polar mondial à cause de l’extrême efficacité de sa dramaturgie dont j’ai parlé plus haut mais aussi et surtout grâce aux thèmes qu’il aborde : la peine de mort, l’injustice, les rapports de classe, le pouvoir, les lobbys, la vulnérabilité des faibles… Ces thèmes désertent de plus en plus le roman traditionnel. Par bien des côtés, le roman judiciaire est l’héritier des romans réalistes et naturalistes du XIX° : ceux de Zola, le Stendhal du « Rouge et le Noir », Balzac, mais aussi Tolstoï, Dostoïevski…


L’adaptation télévisuelle de votre roman L’affaire Clémence Lange est-elle toujours d’actualité ? Avez-vous collaboré à l’écriture du scénario ?

Oui, elle est toujours d’actualité. Une option cinématographique a été « posée » sur le roman. Oui, il a été envisagé que j’y collabore. J’ai hâte !


Vous participez souvent à des salons du livre. Que vous apportent ces rencontres avec les lecteurs ?
Ils m’apportent E-NOR-ME-MENT ! C’est vital pour moi d’avoir un contact avec le lecteur. L’anonymat de la lecture est effacé au profit d’une présence et d’échanges forts. On m’écrit souvent après, et c’est encore mieux !


Quels sont vos projets ?
Je suis dans l’écriture d’un nouveau roman… Mais chut !


Merci beaucoup Laura Sadowski, nous vous laissons le mot de la fin.
C’est vous que je voudrais remercier, et à travers vous tous les blogueurs et tous les administrateurs de sites qui font un travail formidable de critique. Qui lisent, dénichent, font découvrir aux lecteurs des auteurs, et vont jusqu’à les encourager sur les stands des salons.



Du même auteur : Biographie, chronique, interview

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