Lajoux Michèle

Le crime de la renarde - Michèle Lajoux



Le crime de la renarde







Le crime de la renarde - Michèle Lajoux

Résumé Editeur : «À certains moments, je redeviens comme quand j'étais enfant, je ne sais plus que je suis là, c'est ensuite comme un trou dans ma vie.
À l'école, je le faisais exprès. On me disait que j'étais toujours dans la lune. En fait, je n'allais jamais dans la lune, je n'ai jamais été tentée. Je rentrais en moi, je trouvais que c'était beaucoup plus intéressant. Je m'imaginais que je circulais dans mon cerveau pour y découvrir de quoi j'étais faite. Certains endroits étaient fermés à clé, jamais je n'ai pu y entrer, j'étais vraiment agacée. Au moment où je sentais que la serrure allait céder, le prof me criait dessus et tout était à recommencer. »
Cendrine, 23 ans, condamnée à vingt-cinq ans de prison pour le meurtre de son fils.
La jeune femme, qui n'aime pas s'exprimer sort progressivement de sa chrysalide. Du cahier bleu au cahier rouge, elle se cherche sans vraiment savoir où elle va. C'est le cahier noir qui lui apportera la révélation.



Michèle Lajoux brosse ici le portrait d'une jeune adulte blessée dans son enfance qui se reconstruit.
Plus qu'un roman sur l'infanticide, Le crime de la renarde exprime avec sensibilité, audace et pertinence le drame de la banalité et de l'isolement. Une colère vive, introspective, acérée, bousculant les idées reçues.
Toute vie est un fait divers...

A l'inverse de Millenium, ici, on a affaire à une femme qui n'aime pas les hommes. Plus précisément, qui a appris à ses dépens à ne pas aimer les hommes. Cendrine est une jeune femme fragilisée, un peu simplette, pas très futée, au goût de cendres dans la bouche, synonyme d'une vie brûlée.

L'auteur fait ressortir au travers de son personnage une grande sensibilité malgré cette déconnexion du monde réel. Mais on a du mal à ressentir de la pitié tellement son crime est ignoble. En effet, la jeune femme est accusée et est même déclarée coupable d'avoir tué son fils Théo alors bébé. Mais Cendrine ne se souvient pas de cet acte et commence alors une thérapie un peu spéciale ; elle écrit dans différents cahiers ce qu'elle ressent, tout ce à quoi elle pense et se souvient. Commence alors une réflexion sur sa vie, ses regrets et les évènements marquants qui l'ont bousculée.

Cendrine extériorise sa colère inconsciemment vers Théo, ce fils qu'elle n'a pas voulu. Elle aime son enfant mais déteste l'homme qu'il pourrait être un jour. Il représente malgré lui le Mâle et donc ... le Mal. Elle rejette sa haine vers ce bébé innocent. Elle est confuse dans ses sentiments, totalement perdue.

Cendrine est une femme qui n'aurait sans doute jamais dû avoir d'enfant, une femme brisée par un passé qui a rencontré trop d'hommes imparfaits. Tantôt sous la forme d'un monstre, tantôt sous l'aspect d'une victime, le personnage de Cendrine est en tout point comparable à la femme-renarde des contes chinois... bien que la référence à la renarde dans le titre soit bien due à l'animal et non au mythe asiatique.

Le roman se lit très bien et la narration est telle qu'à aucun moment je n'ai décroché ni eu l'envie de sauter le moindre paragraphe. Par contre, le sujet est tellement sensible et bien traité qu'il est parfois dur émotionnellement de lire certains passages. Je n'ai pas vraiment réussi à ressentir de la compassion pour cette femme tant mon esprit était focalisé sur ce pauvre petit bébé. Compliqué pour nos émotions, Le crime de la renarde est un roman délicieux par son style mais qui se repose un peu trop à mon goût sur le fait de comprendre un acte qui paraît tellement affreux et inexplicable.

Le crime de la renarde, parution janvier 2012 Editions Le Cherche Midi


 Du même auteur : Biographie, chronique, interview
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