Ascher Marie-Odile

Pain amer - Marie-Odile Ascher




Pain amer

 


 

 

Pain amer - Marie-Odile Ascher

Résumé éditeur :
En 1946, Staline offre l'amnistie aux Russes blancs résidant sur le territoire français et les incite à rentrer au pays. Quelques quatre à six mille personnes, celles-là même qui avaient fui les bolcheviks en 1920 pour trouver refuge en France, vont répondre à cet appel. Parmi elles, Marina et sa famille. La jeune fille, mineure, accepte d'accompagner les siens en Russie, mais elle est déterminée à revenir afin d'épouser Marc qu'elle aime passionnément. Le voyage en train s'étire, et la séparation se prolonge. Pour tromper l'absence, les jeunes gens s'écrivent, ne sachant pas encore que leurs sentiments vont se heurter au mur du totalitarisme...
Pain amer est le récit de ce voyage de retour et des premières années d'installation en URSS d'une jeune fille née et grandie en France. Fondé sur une solide documentation historique, c'est aussi une réflexion sur la part de liberté dont l'Histoire, dans certaines circonstances, nous prive ; et qu'il nous faut reconquérir à force de pugnacité.


Difficile de parler de ce roman tellement il est marquant. On passe vraiment par toute une palette de sentiments et notamment la colère, la peine, la compassion, la révolte, mais on ressent également beaucoup de tendresse et d’admiration envers Marina, la narratrice du roman.
Marina, à qui la vie souriait avec des études et l’amour dans le sud de la France. Oui mais voilà, les parents de Marina, tous deux russes, ne peuvent résister à l’appel de leur pays quand ce dernier leur propose de retourner chez eux aidé pour cela par de belles vidéos de propagande vantant les mérites de la vie en URSS. Le lecteur a beau leur « crier » de ne pas y aller, qu’ils vont être déçus et qu’ils sont loin de s’imaginer ce qui les attend, il comprend en même temps leur nostalgie et le fait qu’ils souhaitent retrouver leurs racines. Sont-ils vraiment naïfs ou occultent-ils la vérité ?
Quant à Marina, mineure, elle n’a pas vraiment le choix, elle doit suivre ses parents et pour se donner du courage, elle arrive à se convaincre que ce n’est qu’un passage dans sa vie et qu’une fois ses parents et ses frères et sœurs installés en URSS, elle rentrera en France pour y reprendre le cours de sa vie. Mais comme vous pouvez vous en doutez, tout ne va pas se passer comme elle l’avait prévu.

Marina nous raconte leur pénible voyage à travers l’Europe, en train, dont les conditions se détériorent au fur et à mesure qu’ils avancent, leurs escales dans des camps puis leur arrivée et l’installation en URSS. Ils découvrent alors la terrible réalité, la famine et le froid les guettent.

Avec des mots simples, Marie-Odile Ascher nous touche au plus profond, on se surprend à ressentir la faim et le froid alors qu’on est confortablement installé. Une histoire très dure qui nous bouleverse et pour ma part les larmes ont d’ailleurs coulé plus d’une fois. Les lettres échangées entre Marina et Marc, son fiancé resté en France, sont des plus touchantes et très poétiques, on y ressent leur amour profond et sincère.
On se demande aussi comment on aurait réagi dans de telles conditions. Aurait-on trouvé, tout comme Marina, le courage de faire face et d’aller de l’avant coûte que coûte ?

L’auteure décrit parfaitement les conditions de vie dans l’URSS d’après-guerre, la suspicion qui règne, la surveillance des autorités et leur contrôle sur la vie de tous les citoyens, le manque de liberté et de libre arbitre et bien entendu l’extrême pauvreté qui était la norme pour la grande majorité du peuple.

Marina est vraiment une très belle héroïne et je suis certaine qu’elle va me hanter encore longtemps. Un magnifique roman que je vous conseille vivement.

 

Pain amer, parution janvier 2011. Éditions Anne Carrière
Parution mars 2012, Editions Pocket


 Du même auteur sur Plume Libre : Biographie, chronique, interview

 




 

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