Christophe Piteux






 Novembre 2006

 




Arrivée en gare de Lille Flandres par le TER, point névralgique du transport de la métropole lilloise entre train, métro, tramway. Rencontre dans la salle des pas perdus avec Christophe Piteux.

« Bonjour Christophe peux tu te présenter à nos lecteurs ? »

La question que je redoute toujours. Difficile de parler de soi, pour moi en tout cas. Faisons simple alors. J'ai 34 ans, j'habite une petite commune du Pas de Calais, terre de contraste, entre le noir charbon des terrils et la blondeur des sables de nos plages immenses. Pour situer mieux, je réside à une quinzaine de kilomètres de Lens, surtout célèbre pour son équipe de foot... et bientôt par l'implantation d'une annexe du Musée du Louvres. Je suis marié et j'ai la chance immense d'avoir un petit garçon de 4 ans qui est une vraie merveille... Je suis juriste de profession et j'écris depuis l'âge de 12 ans mais « Jeu de pistes » est la première entreprise parvenue à son terme.


Nous commençons notre promenade, par la Place du Général de Gaulle dominée par la statue de la Déesse, et encadrées des deux plus grandes librairies de la ville.

« Christophe comment est né ton roman Jeu de Pistes et quel effet cela te fait il de le voir en librairie ? »

Mes derniers écrits remontaient à la période du lycée. Pendant mes études, je me suis adonné à une autre passion, la peinture à l'huile, qui me procurait sans doute plus de détente que l'écriture. Franchement, l'envie ne me taraudait plus, peut-être parce que je n'étais pas disponible intellectuellement. Et puis, il y a maintenant 3 ans, l'envie impérieuse d'écrire s'est imposée comme une nécessité, un besoin vital presque. J'étais un lecteur de romans policiers mais ce qui m'a décidé à emprunter la voie de ce genre de littérature, c'est la grande liberté qui le caractérise : on peut tout se permettre ou presque lorsque l'on sonde ce que l'âme humaine a de plus noir. L'intrigue est ensuite née d'elle-même. J'ai tout de suite eu en tête cette histoire de tueur en série qui change de mode opératoire à chaque crime, dans une dimension de « course contre la montre ». Et puis, le genre « thriller » m'attirait plus particulièrement parce que je trouve passionnant de chercher à expliquer et à comprendre les motivations du tueur. L'aspect psychologique des crimes fait partie intégrante de mes romans.

Quant à l'impression que l'on ressent en voyant son livre en librairie, je dois avouer que j'ai cru à un canular la première fois que j'ai vu « Jeu de pistes » sur la table des nouveautés au rayon policier de la Fnac. C'est une grande satisfaction et en même temps un moment un peu déstabilisant où l'on se rend compte que ce que l'on a écrit, mûri, corrigé pendant des mois nous échappe... Et puis vient le temps des rencontres avec les lecteurs et là, on ressent un sentiment de plénitude incomparable.

 

  1. Nous traversons le parc du Ptit Quinquin rendant hommage à une berceuse ayant endormi plusieurs générations lilloises « "Dors, min p'tit quinquin  Min p'tit pouchin Min gros rogin Te m'f'ras du chagrin Si te n'dors point j'qu'a d'main ... »

« Christophe pourquoi avoir choisi Lille comme lieu pour ton roman ? »

J'ai habité Lille pendant une dizaine d'année, à 10 minutes du centre ville. Pour le rejoindre, je passais par le square Foch, le Nouveau Siècle et j'habitais à deux pas du Parc Vauban et de la Citadelle. Pour un premier roman, cela me rassurait d'écrire sur des endroits que je connaissais bien. Et puis, Lille et le Nord en général méritent d'être connus et un polar me semblait un bon prétexte pour amener les gens à s'intéresser à notre région. D'ailleurs, quelques lecteurs m'ont avoué qu'après avoir lu « Jeu de pistes », ils étaient bien tentés par un petite visite à Lille...

 

Le parc du jardin Vauban, nous accueille, principal poumon de Lille où les joggers viennent courir autour de la Citadelle et les familles viennent visiter le zoo ou se balader dans le bois.

« Pourtant Christophe tu fais de ce lieu la première scène marquante de ton livre, avec la découverte d'un corps mutilé avec une description très visuelle. Quelles sont tes influences littéraires et cinématographiques ?

Pour les influences littéraires, je ne peux résister à la référence à L'aliéniste de Caleb Carr, un roman sur les prémices du profiling dans les enquêtes criminelles, sans compter la richesse de plonger dans l'univers de l'Amérique de la fin du 19ème siècle. Un must pour moi. Sinon, Maléfices de Maxime Chattam reste une référence, les 2 premiers opus de la trilogie Joshua Brolin étant un peu trop glauques pour moi. Sinon, j'adore aussi Jeffery Deaver et dans d'autres styles Brigitte Aubert, Jean Christophe Grangé ou encore James Patterson. Pour le cinéma, Les rivières pourpres, Le silence des agneaux et Seven s'imposent. Dans un tout autre style, j'ai une faiblesse pour les aventures d'Hercule Poirot, incarné par David Suchet que je trouve excellent.

 

Nous revenons vers le centre en passant devant la Vieille Bourse et l'Opéra pour longer la Salle du Nouveau Siècle abritant l'Orchestre national de Lille.

« Christophe on parlait cinéma et littérature, la musique intervient elle d'une manière ou d'une autre dans l'écriture de tes romans ? »

Je parviens à écrire même dans un endroit bruyant, un train par exemple. Je n'ai donc pas besoin de créer une ambiance ou une tonalité particulière pour me mettre devant mon clavier. Lorsque je peux me poser pour écrire, il est néanmoins fréquent que je mette un fond sonore. Le plus souvent, uniquement ou essentiellement du musical : Yann Tiersen, les créations « classiques » de William Sheller, Franck Roussel, Craig Armstrong. On y trouve à la fois l'évocation de la sérénité comme celle de la violence ou de l'angoisse...

 

La rue de Béthune et la rue Neuve, artères piétonnes du centre ville, nous font plonger dans le quotidien des lillois, faisant les boutiques ou déjeunant en vitesse dans l'une des nombreuses brasseries.

« Pour toi Christophe, quelle est ta journée type ? » 

Au-delà de l'emploi du temps « professionnel » (début de la journée à 7 h 30 et fin vers 17 h 30), je confesse une absence totale de discipline en terme d'écriture. Je fonctionne vraiment par vagues successives, à l'inspiration. Je ne sais pas me mettre tous les jours devant mon clavier et me dire « il faut que j'écrive 2 pages ». Si l'inspiration n'est pas là, je préfère m'éviter l'angoisse générée par l'absence... Chacun son mode de fonctionnement mais j'avoue ne pas être satisfait du mien complètement car je peux rester plusieurs semaines sans rien écrire. En même temps, lorsque j'écris, cela peut-être 15/20 pages d'un coup et comme cela a mûri, j'ai très peu de travail de réécriture ensuite. Pour le second roman, j'essaye de me fixer la fin de l'année pour achever l'écriture et je pense que je vais m'astreindre à un travail quotidien, de préférence le soir...

 

Nous passons par le vieux Lille une petite halte pour s'imprégner de l'âme de la ville et ressentir son charme, ses mystères son histoire.

« Christophe ton premier roman est un thriller, dans l'avenir pourrais tu écrire dans un autre genre : science fiction, roman historique... ? »

Pour l'instant, je n'en ressens ni le besoin, ni l'envie, ni l'inspiration. Je pense que les aventures de Victor Lautrec mobiliseront au final 3 romans, le temps de dénouer le fil rouge qui sous-tend chaque enquête. Une trilogie, c'est la bonne jauge, pour développer une intrigue et approfondir les personnages, leurs caractères et leurs relations. Par la suite ? Peut-être un autre style de thriller, axé sur un événement qui frappe un « quidam », sans forcément entrer dans une enquête criminelle... Plus une aventure individuelle...

 

Nous changeons presque de ville et d'époque, avec le nouveau quartier d'Euralille centre d'affaires européens à l'architecture futuriste.

« Quels sont tes projets ? »

Terminer le second volet de la trilogie avant la fin de l'année et trouver un éditeur intéressé. Depuis la sortie de Jeu de pistes, j'ai participé à quelques salons, rencontré des auteurs, des éditeurs, noué des relations qui m'ouvrent d'autres pistes à défaut de perspectives certaines. Rien n'est jamais acquis et j'essaye d'améliorer les défauts inhérents à un premier roman. Pour le second, je me suis beaucoup documenté, ce qui mobilise du temps. J'espère convaincre avec cette seconde intrigue qui, je pense, propose une certaine originalité, avec une histoire teintée de surnaturel... J'essaye de ne pas trop y penser pour ne pas parasiter la phase d'écriture. Quand à Jeu de pistes, il suit son chemin, malgré des moyens de diffusion limités : une sélection pour le prix du premier roman décerné par le Lions'club, une présentation dans une émission de télé régionale...

 

Notre ballade s'achève. Encore beaucoup de lieu à voir : le Musée des Beaux Arts, le marché de Wazemmes, le Beffroi ... on prend rendez-vous pour une prochaine rencontre à l'occasion de la sortie de ton deuxième roman.

« Christophe y a t-il une question à laquelle aurais tu aimé répondre ? »

La question piège ! Je pense que nous en avons déjà dit pas mal... Ou alors peut-être celle-là : « Quel effet cela fait d'avoir décroché un contrat d'édition chez Calman Lévy ? ». Il est permis de rêver, non ?


 

Nous reprenons chacun notre train en gare de Lille Europe, la gare Tgv. Vers un nouveau voyage.

« Christophe un grand merci pour cette interview, je te laisse le mot de la fin »

Merci à toi et merci à toute l'équipe de Plume Libre qui m'a fait cadeau de cette opportunité d'avoir une vitrine supplémentaire. J'ai déjà eu l'occasion de le dire sur votre forum mais lorsque l'on débute en tant qu'auteur, ce type de relais est très important d'autant que vos avis sont plutôt élogieux. Ils sont un encouragement à poursuivre et un réel réconfort dans les moments de doute et de découragement que chacun peut connaître. Je souhaite longue vie à votre site et à votre forum et je vous donne rendez-vous pour la sortie d'Alibi de sang... en 2007 j'espère...

 Du même auteur : Biographie, chronique, interview

 


 



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