Gilles Legardinier - Complètement cramé !

 

Gilles Legardinier
 
 
 
 

Bonjour Gilles Legardinier, pourriez-vous nous présenter votre dernier bébé : « Complètement cramé ! » ?
C’est une comédie qui nous entraîne dans la vie d’un monsieur plus tout jeune qui, arrivé à un point où il se croit fini, va être obligé de tout recommencer. C’est l’histoire de rencontres inattendues, d’échanges et d’aventures croisées. C’est un Gilles legardinier - Complètement Cramé ! joyeux trajet de l’ombre à la lumière, avec des gens comme on en connaît tous. Au-delà de tous les pitchs qui sont toujours réducteurs, avec ce livre, j’ai d’abord essayé de faire une histoire qui fasse rire les gens et qui les touche comme je peux l’être en observant mes semblables, jeunes ou moins jeunes.


Comment vous est venue l’idée de ce roman ?
J’ai toujours éprouvé une grande tendresse pour mes aînés. Suite à une anecdote que je raconte dans les remerciements du livre, ils m’ont toujours touché et en grandissant, je me suis aperçu que leur regard, leur expérience sur la vie était le plus souvent sous-utilisée. C’est dommage. On a tout à apprendre de ceux qui ont déjà fait le chemin sur lequel nous avançons tous. De plus, je ne crois pas que l’âge change ce que l’on est. Certains jeunes sont déjà des vieux cons et certain vieux seront toujours des enfants. Si l’âge ne change rien à ce que l’on est, il change beaucoup à ce que l’on peut. Un jeune a beau avoir d’excellentes idées, on ne le laissera pas forcément les mettre en pratique, alors que certains vieux ne devraient jamais bénéficier du crédit qu’on leur accorde souvent par principe... Tout cela pour dire que je ne crois pas aux images toutes faites. Depuis longtemps, j’avais envie de mélanger des gens de tous les âges, en échappant aux conventions de leurs apparences mais en restant fidèle aux sentiments.


Le personnage d’Andrew Blake nous a beaucoup fait penser à vous (avec un peu plus d’années que vous :)), maintenant vous pouvez nous dire la vérité : en fait vous ne faites qu’une seule et même personne ?
Je n’ai pas de regard sur ce que je suis, mais je serais très heureux si je pouvais vraiment lui ressembler. Un auteur est toujours un peu dans chacun de ses personnages. J’étais un peu Julie, un peu Ric, un peu Scott et Jenni, je me retrouve aussi dans Philippe, le régisseur du domaine que va rencontrer Andrew. En fait, je suis multi-schizophrène !


Le fait qu’Andrew Blake, chef d’entreprise en Angleterre, décide subitement de changer de vie et de devenir majordome en France, peut paraître surprenant. Comment est née l’idée de cette situation ?
Beaucoup de gens rêvent de changer de vie. Certains le veulent parce qu’ils ne sont pas bien dans leur présent, et ceux-là ne savent pas forcément ce qu’ils souhaitent changer. Ils veulent surtout fuir. D’autres quittent ce qu’ils ont pour aller là où ils veulent vraiment. Ceux-là ont un but. Je crois que tôt ou tard, chacun traverse au moins une de ces situations. Je suis toujours ému par ce qui rend les gens malheureux et je les trouve magnifiques lorsqu’ils osent réagir. Pour moi, l’idée de changer de vie n’est pas surprenante. Il faut pouvoir en être capable pour espérer trouver le bonheur. Ceux qui trouvent le bonheur pile là où ils se trouvent sont soit des grands sages, soit des sacrés chanceux… Mais le plus souvent, c’est une denrée qui exige une véritable odyssée. C’est ce qui va arriver humainement à Andrew dans le livre.


Si vous deviez changer de vie, qu’aimeriez-vous faire ?
Chaque jour, je me bats pour que ma vie ne soit pas un compromis. Autant vous l’avouer tout de suite : c’est un échec ! Comme tout le monde, je fais des compromis et j’ai mangé beaucoup de chapeaux ! Mais j’ai quand même réussi à m’entourer de gens que j’aime, et changer de vie n’a pas de sens pour moi tant que celle que je mène me permet de rester près d’eux.


Vos personnages sont toujours très attachants.  Comment naissent-ils et comment faites-vous pour les rendre si réels aux yeux du lecteur ?
Merci de les voir ainsi. Je n’aborde jamais les personnages par la description mais par l’émotion d’une situation qu’ils traversent et dont les lecteurs peuvent se sentir proches. Comme dans la vie ! Vous ne rencontrez jamais quelqu’un en lisant d’abord une fiche signalétique sur lui. Vous le voyez faire quelque chose, vous le croisez, vous échangez. C’est ma porte d’entrée. Que des gens s’y reconnaissent me bouleverse.


Comme celle de votre précédent roman, la couverture de « Complètement cramé ! »  est tout simplement excellente. Comment est née l’idée d’utiliser un chat dans une situation « périlleuse » ?
La couverture de « Demain j’arrête ! » m’a porté chance. Beaucoup de gens sont venus au livre à cause de ce pauvre chat à bonnet. Après coup, tout le monde m’a expliqué pourquoi j’avais eu une bonne idée. Il y a toujours beaucoup de monde pour expliquer après coup… Pour « Complètement cramé ! », je souhaitais que le visuel soit drôle en lui-même et qu’il y ait une filiation, une sorte d’identité graphique qui pourrait clairement indiquer aux lecteurs potentiels qu’il s’agissait du même esprit même si l’histoire est très différente. On a fait la photo de la gazinière et de la casserole à la maison, avec ma femme et mes enfants. Et ensuite, on a fait un casting de chats ! Quand on a découvert celui-là, il avait une bonne tête de vainqueur !


Un an après sa sortie, « Demain j’arrête ! » est toujours un très grand succès auprès des lecteurs. Vous attendiez-vous à un tel engouement, et avez-vous constaté un changement de lectorat par rapport à vos thrillers ?
Je ne rêvais pas du succès, mais que le livre soit lu. « Demain j’arrête ! » a changé mon rapport aux lecteurs et aux libraires. Le rapport est beaucoup plus chaleureux, beaucoup plus humain, et cela me convient complètement. Les échanges avec les lectrices surtout, de tous les âges, me renvoient à des valeurs et à des sentiments qui constituent pour moi le meilleur de la vie. Il est impossible d’anticiper ou d’imaginer ce genre de chose avant de le vivre. Je ne m’étais pas dit que j’allais pleurer d’émotion presque tous les jours devant ma boîte mail ! Ce qu’il y a de marrant, c’est que beaucoup de lecteurs de thrillers m’ont suivi dans la comédie, et que ceux qui m’ont découvert par la comédie s’aventurent dans le thriller. J’aime beaucoup l’idée d’amener les gens à surmonter les barrières qu’ils se sont fixées.


Quels sont vos projets ?
Une comédie pour l’automne 2013, en cours d’écriture. C’est un vrai bonheur. Je me réjouis déjà de pouvoir la partager avec les lecteurs.
Un thriller pour l’été 2014, une autre comédie pour l’automne 2014, plus deux-trois surprises par-dessus tout ça. Le public est en train de me libérer, ça donne envie de tout donner.


Merci beaucoup, Gilles Legardinier, une fois de plus nous vous laissons le mot de la fin.

Merci à vous. Vous comme moi travaillons à proposer des choses aux gens. Je trouve joli de le faire ensemble. À la prochaine !
 

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