Oksana & Gil Prou

Tomyris et le labyrinthe de cristal - Oksana et Gil Prou




Tomyris et le labyrinthe de cristal

 







Tomyris et le labyrinthe de cristal - Oksana et Gil Prou

Résumé Éditeur :

VIe siècle avant J.C., Cyrus le Grand trace les contours d’un empire colossal qui s’étend de la Grèce à l’Inde.
Tomyris, la reine des Massagètes, est bien décidée à tenir tête au tyran et s’apprête à combattre la plus puissante armée du monde, celle que l’on surnomme « les Immortels »
Alors que le fracas des armes et les cris des agonisants se font entendre, la magie de l’Ouroboros est sur le point de s’éveiller et, sous les monts du Zagros, un secret enfoui depuis des millénaires pourrait bien régler le sort de la bataille…

 

Avant de commencer cette chronique, quelques petites précisions.  Déjà concernant le titre de ce roman ; malgré les apparences, Tomyris n’est pas l’héroïne même si c’est un personnage important. De plus, ce titre est à la fois très bien trouvé et assez maladroit, mais cela je vais m’en expliquer plus loin dans ces lignes.

Donc les auteurs de Katharsis s’essaient au roman historique et à la fantasy en même temps, car il faut savoir que Tomyris est un personnage historique et que la première partie du roman utilise la méthode du Ellroy de American Tabloid, à savoir mêler des personnages existants et d’autres purement fictifs. Un petit conseil, ne lisez pas encore l’article de Wikipédia sous peine de vous spoiler une partie du roman.

 

Nous avons déjà, ici, débattu des nombreuses qualités de ce duo d’écrivain mais comment s’en sont-ils sortis avec un mélange de roman historique et de fantasy. Fidèle à leurs habitudes, oubliez l’espoir de trouver un personnage s'appelant Marc ou Pierre, ici, on est plutôt sur du Ozzymandra, Kashtiliash, Yarlaganda ou bien encore Pharasme... Donc autant l’avouer, même s’ils sont coutumiers du fait, cela n’aide pas pour la lecture mais, en même temps, cela apporte une vraie originalité.

Attaquons maintenant le défaut majeur de ce roman, à savoir le nombre de personnages secondaires qui ne sont pas assez définis. En effet, il m’est arrivé de revenir au début du roman, où la présentation des compagnons d’Ozzymandra est faite, pour savoir de qui les auteurs parlaient. Bien sûr, cela n’est valable que pour certains compagnons, les personnages principaux étant, quant à eux, bien campés et bien définis. Mais cela reste un souci sur le roman.

Par contre, le personnage d’Ozzymandra, que l'on peut voir comme un double d’Oksana, est une vraie réussite. Mais, de par son caractère et sa plastique, ce personnage évoque naturellement la romancière comme si elle s’était projetée dans le destin de cet être de papier.  Et ceci est particulièrement pertinent quand on connaît la position des auteurs sur la place de la femme dans nos sociétés (je vous renvoie à la lecture des Métamorphoses d’Eros pour cela) car, clairement, dans ce roman, ce sont les héroïnes qui tiennent le haut du pavé. Et ceci est très rafraichissant, nous sommes très loin du héros bodybuildé qui écrase les méchants de sa force herculéenne, Ozzymandra et les autres personnages féminins du roman sont vraiment passionnants à suivre.

Concernant l'intrigue, j'avoue, à ma grande honte, qu'avant la lecture de ce roman, j'ignorais tout de l'histoire de Tomyris (enfin à part ce que les auteurs avaient déjà évoqué dans Les métamorphoses d'Eros) et j'ai trouvé cette partie absolument passionnante avec un vrai souffle épique. La description des préparatifs de guerre est vraiment bien menée et je ne me suis pas ennuyé un seul instant. Après, pour ne pas trop spoiler, disons que le roman peut être vu comme deux parties d'une aventure et cette cassure au milieu du récit est assez risquée en terme narratif, mais cela fonctionne grâce à l'attachement du lecteur pour le personnage d'Ozzymandra. Donc, pour revenir à ce que je disais au début de cette chronique, ce roman aurait pu s'appeler Tomyris/Le labyrinthe de cristal tant la coupure est nette. Cette seconde partie est plus dans la tradition des romans de quête chère à la fantasy et voit ici de magnifiques descriptions du monde où évolue ces personnages, donc, les plus allergiques d'entre nous aux descriptions risquent d'avoir plus de mal avec cette partie. Cependant, ce serait dommage de se priver de la fin du roman, palpitante à souhaits, qu'on aimerait bien voir en film.

 

Tomyris est, donc, encore une fois, un roman exigeant envers la lecture, il ne se laisse pas forcément approcher facilement, mais une fois rentré dedans c'est un vrai régal malgré quelques faiblesses ici ou là. Tomyris est donc à classer dans les très bons romans de cette année avec une vraie originalité et surtout un regard aiguisé sur cette période du passé qui éclaire cruellement les manques toujours présents dans nos sociétés : à savoir, la place de la femme dans notre monde actuel. Le jour, où nous, petits hommes, laisseront aux femmes les pleins pouvoirs, augurera enfin une possible nouvelle ère. C'est en cela que militent les auteurs et vu le monde qui nous entoure, il est difficile de les contredire sur ce point.

 

Tomyris et le labyrinthe de cristal, parution mai 2013. Éditions Midgard

 

 Du même auteur (Oksana) : Biographie, chronique, interview
Du même auteur (Gil Prou) : Biographie, chronique, interview
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