Agnès Abécassis

 

Agnès Abecassis



Artiste complète. Femme de caractère, et pleine d'humour.
Mais que cache cette façade d'amuseur public? Qui est Agnès Abécassis?

     Alors là, même moi j'en sais rien...


D'où vous est venue l'envie d'écrire et surtout d'écrire sur ce sujet ? Une envie de régler des comptes?

   Non, quand je veux régler des comptes, j'envoie mes hommes de main se charger du sale boulot.
Je garde l'écriture pour le plaisir. Mon plaisir et celui, je l'espère, du lecteur.


En janvier 2005, vous arrivez par là où personne ne vous attend. Alors que l'on pouvait être timoré sur la réaction du public, il vous a suivi avec vos tribulations.... Et ce alors que le genre était inusité en France.
Y avait-il une demande du public à votre avis?

  Honnêtement, je l'ignore. Sans doute que le thème de mon premier roman, le divorce, a intrigué quelques personnes, et que le ton que j'ai employé pour en parler en a séduit d'autres. Mais ce n'était pas calculé de ma part. J'écris toujours de cette façon, en aimant tourner en dérision les évènements de la vie quotidienne.


Votre nom est souvent cité aux cotés de ceux de Nicole de Buron et de Helen Fielding. Deux styles assez différents l'un de l'autre, de laquelle de ces deux auteures vous sentez vous le plus proche?

   Très nettement de Nicole de Buron. Elle a une façon d'écrire joyeuse, ironique et bavarde qu'on ne trouve pas chez Helen Fielding, me semble-t-il.


On parle beaucoup en ce moment de cette littérature qu'on appelle « Chick Litt » Le style français est pourtant bien différent de ce que peuvent faire les anglo-saxon ou même les américains. A quoi attribuez vous cette nuance?
    Posez cette question à un auteur de Chick Litt (« littérature de poulettes »), moi je ne me reconnais pas dans ce genre là. Je me revendique comme un auteur de comédies, c'est à dire un genre qui s'adresse aux femmes, aux hommes, aux ados, aux grands-parents...

Traiter mes lecteurs masculins de poulettes...pfff...vous avez vu « les Oiseaux » d'Hitchcock ?


Justement, en parlant de ce style de livre. On peut ressentir une certaine réticence des éditeurs français à publier des auteurs francophone en ce domaine. Les traductions américaines se sont multipliées (et nous en parlons ici même) mais peu d'auteurs français apparaissent. Et ce malgré les adaptations cinématographiques.
Comment expliquez-vous cette réticence?

     J'avoue que n'étant pas éditrice, c'est un peu compliqué pour moi de répondre à ce genre de question...



Dans certains passages des Tribulations... on ressent un vécu certain, le montage d'un meuble (d'une marque commençant par Ik et finissant par éa...), la confrontation avec l'horrible cafard ou celle toute aussi inoubliable de la "nouvelle" amie de l'ex devant l'école. Vous parvenez à faire de ses moments de grand désarroi de formidables fous rires.
D'où vous vient ce sens de la dérision voir de l'autodérision?

   
De mon monumental manque de confiance en moi, j'imagine, que je parviens à dédramatiser en le tournant en dérision.


Cette chaîne de grands magasins suédois vous a-t-elle offert une formation? (Non pas que vous en ayez besoin, mais bon quand même)
     Cette chaîne de grands magasins suédois ne m'a même pas offert un boulon. J'ignore totalement d'ailleurs si ils ont jamais entendu parler des Tribulations


Dans votre premier ouvrage, l'humour y est constant. Pourtant, on reste concentré sur Déborah et ses copines. Les hommes y restent des faire-valoir à l'humour ambiant.
Dans le second, les hommes prennent une importance plus grande, et vous faites mouche. La partie poker est flagrante de vérité (et c'est un homme qui le dit!) Seriez-vous aussi un homme aussi pour nous connaître aussi bien?

    (Rires) Moi, un homme ? Ca va plaire à mon mari, tiens, d'apprendre qu'il est homo.
Oui, les hommes prennent plus de place dans ce roman précisément à cause des Tribulations. D'après les retours que j'ai eu sur mon site internet, www.agnesabecassis.com, ils ont été assez nombreux à me lire. J'ai donc souhaité me pencher un peu mieux sur leur cas dans Au secours, il veut m'épouser ! , histoire qu'ils s'y reconnaissent aussi, et pas seulement qu'ils reconnaissent leur femme, leur sœur ou leur ex.
Pour la scène de la partie de poker dont vous parlez, je l'ai écrite presque d'un trait. Quand mon mari l'a lue et qu'il s'est bidonné en essayant de se cacher derrière sa main, lui par ailleurs si critique et si impitoyable lorsqu'il découvre mes textes, j'ai su que j'étais tombée juste.


Qui n'a pas connu des vacances gâchées par une mauvaise organisation? Vous poussez le vice jusqu'à son paroxysme dans votre livre. On sent le vécu.
Parlez-nous donc de ces vacances ratées

     Que vous dire à ce sujet ?
J'aime beaucoup que l'on pointe, absolument persuadé d'avoir déniché « la » scène autobiographique, une scène que j'ai en réalité totalement inventée. Cela arrive souvent, puisqu'elles sont toutes plus ou moins imaginaires à des degrés divers. Là en l'occurrence, ce que je peux vous dire sur ce chapitre des vacances en Bretagne, c'est que la scène de l'entrée dans la nouvelle maison est, effectivement, tirée de faits réels, notés en même temps que je les vivais ! Bravo Sherlock

Déborah est une jalouse chronique (Défaut bien féminin, il faut l'admettre... ) Il suffit qu'Henry regarde une autre femme, ou une simple affiche pour que la crise éclate. Notamment la scène avec l'affiche de Milla Jovovich est hilarante et rappelle des souvenirs à tout le monde.
Et vous? jalouse chronique?

     Non monsieur. Les jalouses maladives sont des femmes normales à côté de moi.


En définitive, on connaît la réponse de votre personnage par rapport au mariage. Et la vôtre?
De laquelle de ces 2 citations vous sentez-vous la plus proche?

Un bon mariage serait celui d'une femme aveugle avec un mari sourd de Montaigne. Ou alors Un mariage heureux est une longue conversation qui semble toujours trop brève d'André Maurois?
     La seconde, définitivement. Il faut juste trouver le bon interlocuteur, et ne pas se contenter d'un doubleur son, d'un muet, ou d'un type qui vous postillonne au visage perpétuellement.



Vous faites partie de cette génération d'auteur qui a compris qu'un espace sur le net était important. Et le vôtre n'y est pas qu'une simple vitrine marchande mais une véritable part de vous.
Ce moyen de communication est important pour vous?

     Non, mon site n'est pas du tout une part de moi...je n'y expose rien de
personnel. C'est juste un outil pratique et ludique pour échanger avec mes lecteurs, parce que ce contact là est très important pour moi.


Vu que vous êtes scénariste aussi, une adaptation cinéma des tribulations... est-elle prévue?

     Ben je vais vous répondre comme Marc Levy : ce sera avec Spielberg ou rien.


Vos deniers coups de cœur?
     Mes coups de cœurs littéraires sont trop nombreux pour être énumérés. Ça va de la bande dessinée avec les cycles d'Aldébaran et Bételgeuse, de Léo, que j'ai dévorés récemment, à la littérature pour ados avec le Journal Intime de Georgia Nicholson, tout ce qui est marqué Goscinny dessus, en passant par des romans plus contemporains, des essais, des biographies et des thrillers, aussi.


Vous avez le mot de la fin
      Restons dans ce petit côté régression que j'aime bien. Comme disait Bugs Bunny : « That's all, folks. » 


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