Nicole Provence






 Juillet 2007

 

 

A la fin de l'année 2006, nous avons lancé le vote des coups de cœur Plume Libre. Le choix de notre coup de coeur des coups de cœur nous a paru évident, indiscutable. Un jour, une "petite bonne femme", débordante d'énergie, d'une gentillesse et d'une simplicité incroyables, est arrivée sur notre forum. Elle écrit des romans policiers d'un genre un peu particulier. Des romans qui sentent la mousse des sous-bois, où l'on entend le chant d'un oiseau au détour d'un chemin. Des romans où la campagne, loin d'être bucolique, cache des âmes noires et meurtrières.

Il est maintenant grand temps de laisser la parole à Nicole Provence, auteure de L'Etang de la mariée, La Pierre du Diable et Sur les Traces du Quartanier.

 

Commençons par le commencement : Qui es-tu, Nicole ? Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ?
    Qui suis-je ? (rires) A cette question je réponds toujours « un Taureau ascendant Lion » pour me situer dans l'esprit de mon interlocuteur. Attention, je ne suis pas docile, je racle le terrain du sabot, je fonce et j'estoque ! Je ne recule pas ! Gare à vous ! Je m'accroche, sans doute parce que je n'avais que quarante jours quand j'ai pris l'avion pour quitter la France et aller habiter dans un pays de soleil, et que depuis, je n'ai jamais cessé de bouger, avec mon père et ensuite mon mari.

La stabilité, le repos, je ne connais pas. J'ai déménagé 19 fois en 25 ans, j'ai découvert des horizons différents, mais j'espère bien désormais me faire quelques bonnes racines quelque part.
Après de courtes études, j'ai travaillé comme «  petite main » la C A F A L, un travail ingrat, à ranger des dossiers par ordre alphabétique dans des tiroirs à longueur de journée. Je m'enfermais dans les toilettes pour lire les livres de poches qui engloutissaient le prix de mon repas de midi.
Puis ont commencé mes périples pour suivre mon époux dans sa vie professionnelle. Dame de compagnie, nounou, démarcheuse en publicités, surveillante de sécurité dans un grand magasin, vendeuse chez Décathlon où il fallait être «  à fond la forme » ou partir, ...J'ai accepté sans rechigner tout ce que je trouvais pour participer aux frais de construction de notre maison, sans hésiter à pousser des brouettes de ciment et de parpaings.. Bouger sans cesse rebute les employeurs, je n'ai donc fait que des petits boulots mais qui m'ont ouvert l'esprit et rendue capable de m'adapter à toutes les situations.
Comme vous le dites si bien, je suis une petite bonne femme sans rien d'extraordinaire qui, un jour, a décidé qu'il était temps de penser à elle, et de se lancer dans une passion qui la tenaillait depuis très longtemps. Ecrire. J'ai donné de bon cœur le maximum pour ma famille en pensant que c'était le plus important. Aujourd'hui, j'ai enfin compris qu'une femme a le droit de vivre ses rêves, ses envies, ses folies ( Ecrire, mon Dieu, mais tu n'y penses pas !. Tu n'y arriveras jamais !..) sans devoir se culpabiliser, sans en sacrifier aucun.. Je suis alors devenue une «  femme élastique » en tentant de conjuguer au plus que parfait la famille, la partie «  relations publiques » dont toute femme d'officier se doit d'accomplir, les travaux manuels dans le maison agrandie ( j'adore peindre, crépir, décorer, inventer), l'écriture et le jardinage, une autre de mes passions qui me dévore dès que le printemps montre son nez.

L'envie d'écrire ? ....Parce qu'un jour, pour mes neuf ans, mon cœur a palpité en lisant l'aventure du «  Petit berger des Andes » et qu'à travers cette histoire j'ai voyagé dans un pays de l'autre bout du Monde. J'ai alors découvert la magie de l'écriture, celle qui transporte, celle qui fait rêver. Puis sans doute par le récit des enquêtes que menait mon père, OPJ dans la Police. Je me suis lancée dans un premier polar à douze ans, que je n'ai jamais achevé mais qui m'a donné le goût de l'intrigue et le désir d'aller fouiller dans les sentiments de mes personnages. Pour chaque repas ou fêtes je gribouillais des petits poèmes satyriques sur mes amis, des petites nouvelles cocasses qui les réjouissaient et je racontais souvent mes souvenirs du Maroc ainsi que les mésaventures de ma vie de femme en gendarmerie. Un jour mon mari m'a dit « Mais au lieu de nous rabâcher toujours les mêmes histoires, pourquoi ne les écrirais-tu pas  »
Je l'ai pris au mot et je me suis lancée dans trois romans autobiographiques, pour me prouver que j'étais capable d'aller «  jusqu'au bout ! »
Ensuite, écrire fut un tel plaisir que je n'ai jamais plus cessé.

 

En dehors de l'écriture de tes romans, tu participes à de nombreux projets : classes d'écriture, salons, rencontres, conférences etc. Le contact avec tes lecteurs, et plus généralement les gens quels qu'ils soient, n'est-il pas ton véritable moteur ?
    On ne peut se tenir éloignée du public et espérer se faire connaître, se faire apprécier, ce qui n'est pas forcément facile quand on n'occupe pas les gondoles dans les grands magasins, les meilleures places en vitrines de librairies et que personne ne vous supplie de lui accorder une interview... Participer à un débat lors d'un salon, rencontrer des lecteurs dans les bibliothèques, participer à l'écriture d'une «  nouvelle polar » avec des écoliers est très gratifiant. C'est à chaque fois une approche avec un public différent et l'on donne le meilleur de nous-mêmes.
J'adore aller à la rencontre des lecteurs et des personnes en général. Mais lorsque j'écris, je m'enferme dans une bulle propice à l'éclosion de mes idées. Je ne peux exprimer librement mes sentiments, ressentir les pulsions de mes personnages que dans le silence et la solitude. Je campe dans mon bureau-grenier dès cinq heures du matin, zone interdite à tout le monde, je m'installe pour des heures d'écriture, je deviens sauvage, je n'y peux rien. Seuls quelques concertos de violons et violoncelles savent me dérider et m'émouvoir. Je dois rester en osmose, presque en télépathie avec chacun de mes héros, pour les découvrir, puis les comprendre et les faire vivre enfin. Harassant, mais exaltant !. Mais quand tout est achevé, j'ai besoin de respirer, de m'alléger, et la rencontre avec mes amis et des lecteurs m'apporte cette bouffée d'oxygène nécessaire à une renaissance. N'est-il pas curieux que j'écrive l'hiver et termine souvent le roman aux prémices du printemps ?
Alors oui, le contact avec les lecteurs est pour moi l'indispensable moteur pour épanouir et faire vibrer ma passion. Que serions nous sans lecteurs ? Leur appréciation si différente soit-elle des uns aux autres, leur belle confiance en mon écriture, leur plaisir qu'ils osent exprimer tout haut est le plus fort encouragement à continuer, à progresser. Je n'écris pas pour laisser un manuscrit dans un tiroir, j'écris pour partager. Partager, cela veut bien dire échanger, n'est-ce pas ?

 

Pourquoi avoir choisi la voie du roman de suspense pour t'exprimer, par rapport au roman historique ou contemporain par exemple ?
    Parce que c'est celle que je connais le mieux. Sans doute l'influence de mon milieu ambiant, un milieu « polar » auquel j'étais sans cesse confrontée, les arrestations, le récit journalier de délits, graves ou mineurs, des enquêtes qui empiétaient sur ma vie privée et que je ne pouvais ignorer et auxquelles il m'est arrivée de participer quand il n'y avait encore pas de gendarmes féminins. Sans doute aussi à cause de la passion et de l'acharnement que déployaient les enquêteurs pour résoudre leur affaire. J'étais au cœur de l'action sans l'avoir cherchée, alors j'ai pris la plume pour faire revivre ces moments. Mon imagination m'a permis d « inventer » des situations différentes de celles que j'entendais. Je ne recopie pas, je crée, seul véritable intérêt pour continuer à avoir envie d'écrire.
Peut-être aussi parce que les maisons d'éditions s'intéressent davantage aux romans «  qui se vendent », le Polar en particulier, un genre populaire. Je suis incapable d'écrire un roman historique, je n'ai jamais aimé apprendre l'Histoire et encore moins retenir les dates. J'ai toujours préféré la vivre comme un conte. Ecrire un roman ou un polar historique demande un travail de documentation phénoménal que je suis incapable de fournir. Je me réserve pour tout ce qui touche à la police scientifique. Je préfère me régaler des romans écrits par ceux qui savent le faire. Mais en ce qui concerne les romans contemporains, surtout ceux qui s'imprègnent de faits de société auxquels je suis très sensible, je n'abandonne pas ! J'aime écrire toutes sortes de romans et pas uniquement des polars, et j'en écris. J'espère trouver LA maison qui acceptera toutes mes écritures sans vouloir me ranger dans un genre unique.


Deux symboles sont très présents dans tes romans : les chats, d'une part, et la nature (et surtout les fleurs) d'autre part. Peux-tu nous expliquer le pourquoi de cette imagerie ?

    Je croyais à un cliché quand j'entendais parler du « Chat et de l'Ecrivain ». J'ai pu vérifier la réalité de cette attirance. Un sortilège les unit-il l'un à l'autre ? Sans doute ! Le chat (une chatte en l'occurrence, la deuxième depuis que j'écris) est la seule «  personne » que je supporte auprès de moi quand j'entre en écriture. Elle m'apaise, me remplit d'étranges sensations, nous nous parlons silencieusement. Je sais qu'elle devine mes sentiments, mes émois, un simple clignement d'œil et je me sens en présence amie.( Lire sa nouvelle sur Plume libre. Claudine et Cléo)

Alors, je suis incapable de ne pas associer la présence d'un chat dans mes romans, d'autant qu'ils suscitent souvent la sympathie, le mystère, ou la malédiction, formidable pour un suspens. Et puis après tout, mes personnages l'acceptent....alors pourquoi les en priver ?
Quant à la Nature, elle est omniprésente dans ma vie, je suis une fille de la Terre et je ne me sens bien qu'au milieu des arbres, des fleurs, des champs et des herbes folles. Rien de plus émouvant pour moi que de tenir la coque d'une tulipe entre mes mains, je sens la sève de la nature qui coule en moi comme dans le tronc des grands arbres, et je m'étonne sans cesse du miracle printanier renouvelé. C'est auprès d'elle que je développe mes idées, que je structure mes intrigues, que je peux me mettre dans la peau de mes personnages. Je plante mes décors, je photographie du regard, je respire et chaque odeur se retrouvera dans mes lignes pour mettre le lecteur «  en condition ».. Quand je me sens en panne, quand un passage m'obsède ou ne vient pas comme je le voudrais, je sors et je gravis ma colline, je m'enfonce dans les bois, j'écoute les bruits, les cris, la manifestation de cette vie qui ne se voit pas mais existe. Je me sens tout à coup fourmillante d'idées. Quelque chose explose en moi, j'ai trouvé...et je file vite dans mon bureau-grenier pour inscrire tout ce qui a jailli presque par miracle.

 

La Pierre du Diable / Sur les Traces du Quartanier

Ton mari a fait une carrière en gendarmerie, cela a-t-il influencé ton choix pour situer tes romans ?
   Absolument, parce que j'en connaissais l'ambiance, puis pour la documentation, même s'il est de plus en plus difficile de s'en procurer. Heureusement Internet m'aide beaucoup. Ensuite, parce que je peux demander aux gendarmes comment se déroule une enquête, des prélèvements, à qui les envoyer. Il me suffit de lire certains polars pour mesurer l'importance de connaître un milieu pour bien le décrire. Certaines fois mes cheveux se hérissent à la description de déroulements d'enquêtes, surtout pour les polars qui s'écrivent en milieu rural et font appel à l'intervention de la Gendarmerie. Mais, est-ce indispensable ? Le public ne connaît pas ces détails, seule l'action compte.

Pire dans les productions télévisées qui, elles, ne s'embarrassent pas de scrupules et mélangent allègrement dans une fiction Gendarmerie et Police.

L'uniforme des Gendarmes aurait-il moins de panache à l'écran ?

 

Est-ce pour réhabiliter en quelque sorte la gendarmerie, souvent ignorée par les auteurs au profit de la Police ?
     La Gendarmerie n'a pas besoin de moi pour se faire apprécier, et elle ne m'aide en aucune façon pour faire connaître mes romans. Je pense que malgré les progrès constatés depuis deux bonnes décennies, la misogynie est encore de rigueur.

J'ai cependant grand plaisir à mettre le travail des enquêteurs en lumière. Cela change des éternels commissariats. Peu d'auteurs s'intéressent aux gendarmes. Ils sont les anti-héros que ne recherchent pas spécialement les maisons d'éditions. On connaît les flics( de romans) dragueurs, drogués, violents, à la limite du «  bon côté » de la barrière », et même parfois psychologiquement atteints, perturbés par leurs fantasmes, avec une vie désarticulée, presque psychopathes eux-mêmes. C'est une formule qui exalte les lecteurs et se vend bien. Pourquoi pas ! Le monde actuel est en mal de violence et de voyeurisme. Les descriptions de crimes sanglants, de tortures, repaissent une catégorie de lecteurs et d'éditeurs. Chacun son choix, chacun sa passion, il faut trouver son plaisir dans la lecture... Je ne suis pas contre la violence dans un roman, je suis contre les descriptions scabreuses et terrifiantes, et la normalité qu'elles semblent conférer à l'homme.
Malheureusement pour les gens avides de sensations très fortes, les gendarmes sont des gens comme les autres. Ils vivent souvent sur le lieu de leur travail, en famille avec leurs camarades. Une brigade n'a pas l'ambiance déjantée de certains commissariats imaginaires que l'on trouve dans les polars urbains. Ils sont militaires et respectent une hiérarchie qui ne leur donne pas tout pouvoir sur le terrain, et l'écrivain se doit de la respecter, surtout quand il décrit la vie professionnelle de gendarmes d'une brigade de recherches. Ce qui ne les empêche pas d'être aussi, sinon, plus efficaces, que leur collègues policiers. Et je refuserai de les faire passer pour des détectives psychopathes et dévergondés uniquement pour plaire à un certain public. Ils sont très humains, à l'écoute du monde rural, et font très bien marcher leur matière grise sans avoir besoin pour cela de ressembler à des détraqués. Mais je remarque que de plus en plus souvent le contraire se produit dans les romans. Un phénomène de mode ?

 

Tes romans sont classifiés (même si nous n'aimons pas cette façon de cloisonner les styles) dans le "polar rural». Pourquoi avoir choisi d'écrire sur la campagne et ses petits villages? Que pensent tes voisins de se "retrouver" parfois dans tes romans ?
     On ne parle bien que de ce qu'on connaît. J'ai appris à découvrir la campagne, la vie rurale, l'ambiance particulière qui unit les habitants parce que leurs ancêtres y ont vécu ensemble et qu'ils connaissent la vérité sur certains drames du passé. Donc je la décris, je m'en sers de cadre et tout le monde s'y retrouve.
J'aime faire appel à la sensibilité des lecteurs, leur offrir un moment de paix et les plonger sans qu'ils s'y attendent dans la noirceur de certaines âmes. Quand un de mes romans sort, mes villageois se précipitent pour découvrir qui est au centre de l'intrigue, et j'ai beau affirmer que tout n'est que fiction, ils sourient en douce, persuadés du contraire. Ils «  reconnaissent » certains d'entre eux, je me dis alors que j'ai bien réussi car mes personnages imaginaires sont plus vivants que vrais !

 

Ne pense-tu pas que ce style de roman, plus « poétique », risque de te desservir dans le monde du polar où la mode est à la surenchère de la violence et du sanglant ?
     Certainement; mais tant pis. Je suis comme je suis et je ne vais pas tout renier pour plaire. Je m'adresse à un autre public et les éditeurs devraient s'en soucier davantage.. Je m'aperçois que les lecteurs y viennent de plus en plus. Je le constate sur les salons, quand ils me parlent de mes romans, et des polars à la campagne en général. Leurs souvenirs s'éveillent, ils évoquent les « histoires » que leur racontaient leurs grands parents, on ne s'y trompe pas. L'ouverture des frontières a réveillé en eux un certain chauvinisme que je plébiscite ouvertement. Ils se sentent bien sur leur terre et adorent que l'on mette leur région en valeur, d'autant que mes romans s'accompagnent toujours d'une grande sensibilité, de sentiments d'amour et de tendresse.
Ce genre intéresse de plus en plus les chaînes de production pour les téléfilms régionaux, et comme tout écrivain j'ai au cœur le secret désir de voir un de mes romans porté à l'écran.

 

Tes romans en appellent beaucoup aux sens : on respire, sent, écoute, voit (voire goûte) au fil des pages. Pourquoi faire partager un tel ressenti ?
    Pour moi c'est essentiel. Savoir transmettre. Je donne un peu de mon bonheur, de ma paix, j'offre à ceux qui n'ont pas la chance d'habiter à la campagne mon petit coin de paradis. La vie est trépidante, elle ne nous accorde pas beaucoup de répit, alors emmener mon lecteur dans mon monde est un cadeau que je veux lui faire.

 

Suivrons-nous d'autres aventures de l'Adjudant Di Nazzo et son équipe ?
     Si le public me suit et s'attache à mes héros, oui, même si dans les prochains je prendrai un peu de distance avec la campagne pour vous faire découvrir d'autres pays.

 

Qu'as-tu envie de dire à ceux qui n'ont pas lu La Pierre du Diable et Sur les Traces du Quartanier ?
     Il n'est jamais trop tard pour bien faire! Lisez-les et vous serez pardonnés( rires !)

 

Entre deux romans policiers, tu publies L'Etang de la Mariée, aux accents plus « fantastiques ». Pourquoi ce changement ?
     Ce n'est pas un changement, c'est autre chose, une autre facette de mon écriture. Pas de crimes, pas d'enquêtes, pas de cadavre mais un climat psychologique qui saisira le lecteur et le tiendra jusqu'à la fin...et même encore un peu après.


Ce roman joue pleinement sur la dualité de chaque personne, le reflet des âmes. Que voulais-tu montrer par là ?

     Qu'un double n'est pas forcément le parfait reflet de l'autre, que des jumeaux ne sont pas obligatoirement identiques, qu'ils ont une personnalité propre, des pulsions différentes, des rancoeurs et des souffrances que n'aura pas son sosie...n'en déplaisent à ceux qui versent dans le cliché de double identique en tout point. Le faire serait leur refuser leur droit à leur identité, les culpabiliser de ce qu'ils sont en n'étant pas conforme à l'autre, des êtres qui se ressemblent physiquement mais ont leur propre vie. D'ailleurs lors de son écriture le titre de ce roman était : « Le double imparfait ». J'ai dû changer, dommage, je trouvais qu'il correspondait mieux au texte.


Ecriras-tu d'autres romans « psychologiques » ?

     Oui, si j'en ai le temps, c'est une autre ambiance, je me sens plus libre et j'adore me faire peur.


Comment convaincrais-tu ceux qui n'ont pas lu ce roman de l'ouvrir ?

     Je titillerai leur curiosité en leur disant :
Penchez-vous au dessus de mon étang, et dites-moi si ce reflet est vraiment le vôtre.

 

Quels sont tes projets en cours ? Un nouveau roman va-t-il voir le jour ? Nous avons aussi entendu dire que tu avais un certain talent pour les contes pour enfants... Vas-tu poursuivre dans cette voie ?
     Je ne peux vivre sans projets, ce serait renoncer à vivre. J'attends une réponse pour deux romans, un polar qui cette fois flirtera avec le monde urbain et vous emportera hors des frontières de la France, et un roman noir à suspens régional. J'ai fait un break dans l'écriture, j'en avais besoin, mais mon imagination n'a pas pris de repos.
Pour faire plaisir à ma petite fille Cléa j'écris des contes de fées et de princesses, et des polars ados, mais quelques essais auprès d'éditeurs jeunesse m'ont découragée. Je continuerai donc uniquement pour quelques privilégiés. Et puis, on ne peut pas être bonne en tout !

 

Tu as en ce moment deux manuscrits en attente de publication. Alors que tu as déjà conquis un public, tu n'as pas encore trouvé d'éditeur. Y a-t-il une raison a cela ?
     Une parution dans une maison d'édition n'est pas forcément la garantie d'une seconde. Surtout si des désaccords surviennent au sujet d'un contrat.
J'ai essayé de me rapprocher des maisons d'éditions régionales, pensant que mes romans seraient mieux accueillis, des grandes et des petites. Certaines se sont retranchées dans le côté «  pas assez régional » ou «  pas assez polar ». Pour le roman polar, d'autres sont refroidies par la violence de mon dernier alors que nombres de romans foisonnent de crimes odieux. D'autres encore n'acceptent pas que deux histoires cohabitent, même si elles se complètent et se rejoignent.
Pour mon roman noir les histoires de sectes effrayent les éditions régionales, comme si le public n'était pas capable de lire autre chose que ce qu'on lui propose. Je ne comprends pas, mais sans doute sont-ils très restreints dans leur choix. Tant pis pour eux. Je me retourne donc vers d'autres maisons. J'attends celle qui appréciera mon écriture et ne négligera pas le fait qu'un fidèle public attend la suite.

 

Avant « La pierre du diable » tu as écrit « La dernier cuvée de Marianne » qui n'est plus édité à ce jour, penses-tu que nous aurons un jour la chance de pouvoir le lire ?
     J'aimerai beaucoup vous le présenter et j'y travaille. Il comporte les petites faiblesses et les inévitables maladresses de tout premier roman qui n'a pas subi l'épreuve d'une relecture par un professionnel.  .Et puis chose très importante, il est mon premier Di Nazzo ! Ceux qui l'ont lu en parlent toujours, d'autres me le réclament. J'ai récupéré mes droits sur ce roman. Je le proposerai à la maison qui m'accueillera avec mon prochain.

 

Tu as fait des séjours dans plusieurs pays le Maroc, l'Asie, la Turquie, l'Egypte, la Tunisie et récemment l'Irlande.... Un roman aura-t-il pour cadre l'un d'eux ?
    Mes romans prendront des ailes et survoleront les océans, d'autant qu'à chacun de mes séjours ou voyages je fais le plein d'images, de sensations et je collecte une documentation dans ce but. Toujours ce désir d'écrire «  du vrai » Je veux faire voyager mes lecteurs. J'ai des projets d'écriture concernant le Cambodge, l'Irlande, la Turquie est déjà passée au crible, le Maroc ? Peut-être....Aurai-je assez de temps ?

 

Qui sont tes auteurs ou romans coups de cœur ? Qui aimerais-tu nous conseiller ?
     Vous allez sans doute être très surpris, car je ne lis que très peu de polars, français ou étrangers. Sans doute pour n'avoir pas l'impression de «  copier » . J'ai mes idées, mes ambiances, ma façon d'écrire, je ne veux les devoir à personne. En revanche je me régale de ceux de mes amis de plumes qui excellent dans ce genre, pour ne citer qu'Andréa H Japp...mais vous connaissez tous les autres....
J'aime relire les écrivains démodés, ceux qui ne font pas la Une des magazines mais ont enchanté mes heures. Robert Merle, avec sa série Fortune de France, Barjavel pour son côté science fiction et réaliste à l'époque où on ne l'attendait pas, Guy des Cars pour ses excellents portraits de femmes, Bernard Clavel, surtout la série de «  La saison des loups », Henri Naudin et ses «  Lions diffamés et tant d'autres. Grâce aux « sélections du Reader's Digest » à l'époque ou j'avais peu de moyens   j'ai pu m'offrir des lectures très diversifiées. Je n'oublie pas les romans qui se déroulent au Moyen-âge, et là, nous sommes très gâtés, de Jeanne Bourin en passant par les polars aventures de Viviane Moore qui nous font respirer les embruns de l'océan, ainsi que ceux qui ressuscitent l'Egypte ancienne. Je me plonge quelque fois dans des romans de romancières anglo-saxonnes et américaines, pour leur côté romantique qui me convient, et verte campagne style « inspecteur Barnaby » de mes romans.
Un recueil de poésies françaises fait mes délices à temps perdu, avec un plaisir particulier pour un court poème de José Maria de Hérédia, Les conquérants ...sans doute l'âme d'un de mes lointains aïeuls qui se rappelle à mon bon souvenir, ainsi que nos poèmes d'écoliers qui semblent tombés dans l'oubli..
Lesquels vous conseiller? Pourquoi pas ceux que je viens de citer ?

 

Un message pour tes lecteurs ? Un autre pour tes « pas encore » lecteurs ?
     Aux premiers: Merci de m'avoir fait une si grande place dans vos lectures, de vous tenir à mes côtés dans mes bois et auprès de mes personnages. C'est pour vous qu'ils vivent.
Aux seconds:Qui tente rien, n'a rien. Ne perdez pas l'occasion de passer un agréable moment. Rejoignez-moi dans mes romans

 

Tu as le mot de la fin ...
   Je vous suis infiniment reconnaissante de m'avoir donné une si grande chance de m'exprimer, de pouvoir atteindre vos lecteurs à travers votre forum qui a la rare qualité de ne pas privilégier uniquement les auteurs « du devant des vitrines » en se faisant le devoir de donner à chacun une chance de se faire connaître. Merci pour ce grand travail exécuté avec tant d'ardeur et de gentillesse.
Des liens d'amitié se sont tissés entre les modérateurs de Plume libre et moi....Je vous embrasse donc tous bien amicalement

 

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