Guez Jérémie

GUEZ Jérémie - Du vide plein les yeux


Du vide plein les yeux





Coup de coeur






GUEZ Jérémie - Du vide plein les yeux

Résumé Editeur :

À 30 ans passés, Idir s’est improvisé détective privé après un malencontreux séjour en prison. Sa clientèle : des gros bonnets du CAC 40, qui lui confient leur linge sale. Son terrain d’enquêtes : les beaux quartiers de Paris et ses grands appartements sur plusieurs étages. Perdu dans le ghetto du gotha, où il doit retrouver le fils d’un patron de presse, Idir va risquer sa vie pour faire éclater la vérité. 

Du vide plein les yeux marque la fin de la trilogie de Jérémie Guez consacrée à Paris. Une trilogie qui n’a aucun héros en commun, mais une ambiance (et une patte) reconnaissable entre toutes. En effet, l’auteur de Paris la nuit continue de tracer son sillon noir avec cette nouvelle production. Ici, le polar lorgne directement sur le mythe de Bogard et des détectives privés, mais est, bien sûr, réactualisé et passé au style Guez.

Justement dès les premières phrases du roman, on retrouve ce fameux style. Il nous plonge avec ferveur dans cet univers qui lui est propre, fait de personnages taillés en quelques mots et qui prennent vie devant nos yeux. L’économie des pensées illustre toujours l’écriture de Guez, il possède une façon minimaliste de traduire de grandes émotions seulement avec quelques mots et pas de blabla inutile. Tout est suggéré, c’est au lecteur de faire le travail de compréhension, ce qui change un peu du “prêt à penser” qu’on nous sert un peu trop souvent.

L’intrigue emprunte à la mythologie du polar pour mieux la détourner et servir les propos de l’auteur. Elle est resserrée avec une certaine économie de personnage. Elle est paradoxalement plus complexe que les intrigues précédentes, mais aussi simple à suivre, car le lecteur se retrouve sur des chemins d’enquête qu’il connaît. Ce détournement du roman noir est toujours fait de manière subtile et le lecteur ne retient que la patte de l’auteur à travers des personnages toujours aussi savoureux.

Jérémie Guez aime bien bousculer ses personnages, surtout les personnages principaux. Il n’hésite pas à leur donner un peu d’espoir pour leur retirer tout de suite après avant de redonner de l’espoir et ainsi de suite.  Un vrai plaisir sadique. La vie abîme ces personnages qui tentent plus de survivre que de vivre au sein d’un univers où la gentillesse et la bonté sont des sentiments suspects. Reste la solidarité très forte entre, par exemple, Idir et son copain galérien Chérif.  Autrement dit, Jérémie Guez croit au sentiment fort, mais on n’est pas pour autant dans un épisode des Bisounours.

Reste qu’à la lecture de ce nouveau roman, on se demande quelle va être l’évolution de l’auteur Guez. Ce roman commence à comporter certaines pistes. L’humour est notamment encore plus présent que dans ses autres romans. Il est possible que cela se renforce encore. Le ton aussi est un peu plus clair. On n'est plus dans le noir foncé de Paris la Nuit, juste un noir bien bien grisonnant quand même, comme si l’auteur était enfin pris d’un peu d’optimisme. Bon cela reste, bien sûr, très relatif, nous ne sommes pas dans une bibliothèque rose non plus.

Jérémie Guez signe donc, ici, une magistrale conclusion à cette trilogie qui définitivement fera date de par le style et les histoires. Un roman noir qui vous prend et ne vous lâche plus.  Les trois romans formant un tout d’une cohérence rare d’autant plus qu’ils ont seulement comme particularité de se situer dans le même monde.  Un gros coup de coeur perso et comme le dit si bien Pennac “Vivement la suite”.

Du Vide Plein les Yeux, parution Novembre 2013 – Editions La Tengo
Parution octobre 2014, éditions J'ai Lu


 Du même auteur : Biographie, chronique, interview

                                                                                                  
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