Victor Dixen

Victor Dixen





Novembre 2013

 

 

 

 

 

Victor Dixen

 

 

Bonjour Victor Dixen ! La première question est un petit rituel de présentation ... Pouvez-vous nous en dire plus sur vous et sur votre parcours ?
Je suis l’auteur de 5 livres. Les 4 premiers constituent la tétralogie Le cas Jack Spark, et le 5ème est Animale, La malédiction de Boucle d’Or. Toutes ces histoires se nourrissent de mes voyages, des pays où j’ai habité, des rêves dont je me souviens.


Depuis quand écrivez-vous ? Quelles sont vos sources d'inspiration, en général ?
J’ai toujours eu l’envie de raconter des histoires, et c’est ainsi, naturellement, que j’en suis venu à la forme romanesque. Ma première source d’inspiration est sans aucun doute la nuit, ses secrets, ses dangers et ses enchantements.

 

Est-ce un choix de votre part d'écrire des histoires pour ados et jeunes adultes ?
Oui, c’est un choix car il s’agit d’un âge charnière où l’on prend des décisions qui nous engageront pour toute notre vie. Il me semble que la question du choix est cruciale à l’adolescence, ainsi que la question de l’identité – savoir qui on est, choisir qui on veut être, et trouver la force de se battre pour cela.

 

La littérature de l'imaginaire est votre domaine de prédilection ou vous n'êtes pas arrêté sur un genre en particulier ?
Pour moi la littérature n’a pas de frontières fixes. Certes, certains genres ont des codes, mais il s’agit davantage de pactes entre l’auteur et le lecteur, qui peuvent être modulés, adaptés, détournés. Je suis convaincu que ce sont toujours les histoires qui gagnent, au final : une bonne histoire transcende les genres et captive tous les publics. Je le constate en tant que lecteur qui aime naviguer entre des univers très différents, et j’essaye de me fixer cet objectif en tant qu’auteur.

 

Qu'aimez-vous lire ? Vos auteurs préférés ? S'il y avait une oeuvre que vous auriez aimé écrire, ce serait laquelle ?
Comme je le disais, j’aime lire de tout, à partir du moment où il y a une histoire forte. Certains auteurs ont une facilité déconcertante à m’embarquer avec eux. Par exemple ceux dont j’ai parlé sur Actualitté Histoires Sans Fin (Tolkien, Le Fanu, Chandernagor, Pullman , Flaubert).  Il manque beaucoup de noms à cette liste, comme ceux de Lovecraft ou de Poe. Une œuvre que j’aurais aimé écrire ? Celle que je poursuis sans la connaître encore !


Avez-vous des amis auteurs à nous conseiller ?
L’avantage de la littérature, c’est qu’elle crée un sentiment de proximité avec les auteurs au-delà de l’espace et du temps. Certains peuvent devenir des amis même si vous ne les avez jamais rencontrés, car ils vous font rêver, ils vous consolent, ils vous inspirent. Il y en a qui sont très doués pour créer immédiatement une intimité, comme par exemple Montaigne, qui est vraiment l’archétype du bon copain.
Ceci dit, la vie d’auteur permet aussi de rencontrer des confrères dans le même espace-temps, de nourrir des amitiés et des admirations en chair et en os ! ☺ Pierre Bordage est un conteur fantastique et généreux. Il a touché juste en me recommandant ses Fables de l’Humpur, fables de La Fontaine hallucinées dans un contexte post-apocalyptique, que j’ai dévorées. Justine Niogret a une voix, un rythme hypnotiques qui ne peuvent laisser indifférent. Mélanie Fazi est une orfèvre de la nouvelle gothique. Charlotte Bousquet a un sens aigu de la mise en scène, tissant des ambiances à la fois oniriques et réalistes. Timothée de Fombelle marie à merveille humour, légèreté et tension dramatique dans des récits lumineux. Il y en a encore tant d’autres que j’ai beaucoup de plaisir à lire, et à retrouver dans les festivals : Erik L’Homme, Carina Rozenfeld, Eli Anderson

 

Animale - Victor DixenPour Animale, comment vous est venue l'idée d'adapter/ de s'inspirer de Boucle d'or et les 3 ours ?
L’idée est venue d’un rêve centré sur une chaumière perdue au cœur d’une forêt profonde, dont je m’approchais sans jamais parvenir à l’atteindre. Le lien avec le conte de Boucle d’Or s’est fait à mon réveil. Je l’ai aussitôt relu, et je me suis rendu compte qu’il n’avait pas de fin. La jeune fille saute par la fenêtre et disparaît purement et simplement. Je me suis fixé une tâche : retrouver la trace de Boucle d’Or !


Pourquoi cette période de l'histoire ? Etait-ce pour coïncider parfaitement avec la publication originale de Boucle d'or (1837) ?
J’ai toujours eu un intérêt pour l’histoire et plus particulièrement pour ses coulisses, ses zones d’ombre, ses non-dits. En menant mon enquête sur la rédaction du conte originel de Boucle d’Or, je me suis plongé dans cette période que je n’avais pas encore explorée à travers mes romans : l’Empire napoléonien, son apogée et sa chute. Une période clé dans l’histoire de France, mais aussi dans l’histoire du monde, pleine de passion, de fureur et de secrets. Mon envie d’écrire s’en est trouvée décuplée !


Comment vous êtes vous documenté et quelles ont été vos sources d'inspiration, vos références historiques ?
J’ai surtout relu les classiques, les événements vus par les témoins de l’époque, ou par la génération qui a juste suivi, qui s’est réveillée au lendemain du rêve napoléonien avec la gueule de bois. En particulier, Châteaubriand et Hugo. J’ai aussi consulté de nombreux livres d’histoire pour les éléments de civilisation, pour les dates, pour la géographie de cette Europe en pleine ébullition.


Alors que l'oeuvre originelle est un conte pour enfants et petits enfants, à quelle tranche d'âge pensiez-vous vous adresser principalement avec Animale ?
J’ai l’espoir secret, quand j’écris, de m’adresser à tous les lecteurs avides d’histoires. Les adolescents et jeunes adultes se retrouvent sans doute plus facilement dans des personnages qui ont leur âge, mais il suffit de se souvenir que l’on a été ado pour apprécier un livre jeunesse il me semble.


En donnant une aura si forte à votre héroïne principale, Blonde, n'aviez-vous pas peur d'effacer les autres personnages de l'histoire ?

Animale, c’est avant tout l’histoire d’un personnage, d’un destin, d’un combat. Pendant un an, j’ai vécu aux côtés de Blonde, j’ai partagé ses doutes, ses terreurs et ses espoirs. Pour moi, elle est comme un soleil d’abord voilé, qui peu à peu va déchirer les nuages et entraîner autour d’elle tout un système solaire de personnages. Je ne pense pas qu’elle les efface : je pense qu’elle les éclaire, et parfois qu’elle les brûle. C’est aussi cela, le sens de sa blondeur fantastique.


La fin, même si elle apporte sa conclusion, laisse cependant espérer une suite... est-ce prévu ? Si oui, combien de tomes pensez-vous écrire ?

Permettez-moi de garder le secret… pour l’instant ;-)


La lecture d'Animale m'a fait penser à une autre lecture que j'avais beaucoup aimé : Enchantement d'Orson Scott Card, qui lui est inspiré du conte de La belle au bois dormant. Le connaissez-vous ? J'ai eu le sentiment de me retrouver à la même époque, avec la même atmosphère de légendes nordiques... Vous êtes-vous également inspiré de ces légendes venues du Nord ?
Je ne connais pas ce livre, mais vous me donnez envie de le lire, surtout s’il est lui aussi inspirée des légendes du Nord qui depuis toujours me fascinent. Les mythes scandinaves sont très particuliers, avec ce mélange de fatalisme et d’esprit de combat qui leur confère une beauté farouche. Cela transparaît à travers le temps dans les œuvres de nombreux auteurs scandinaves, comme chez Andersen.


D’ailleurs, il y a actuellement un fort engouement pour re-visiter les contes classiques. Cinder de Marissa Meyer, Loup y es-tu ? d’Henri Courtade, Il était une fois d’Eloïsa James… ou encore la série TV Once upon a time. Que pensez-vous de ce nouveau phénomène ?
Les contes font partie de nous : ils font partie de notre civilisation, et ils font partie de notre histoire intime à chacun. Je pense qu’ils resurgiront toujours sous de nouvelles formes, à travers de nouvelles voix. Sans doute leur faveur actuelle répond-elle à la fois à un besoin de familier dans une période incertaine, et à un besoin de surprise, d’inattendu, de danger. Paradoxaux, les contes ? Bien sûr !


Pouvez-vous nous parler un peu de Jack Spark, votre autre série ?
A la différence d’Animale, Le cas Jack Spark se situe dans un cadre contemporain : c’est l’histoire d’un ado newyorkais qui est envoyé dans un camp de vacance médicalisé au fin fond des montagnes Rocheuses, soi-disant pour soigner ses insomnies chroniques. Mais comme Animale, cette série plonge dans les profondeurs de l’histoire et des contes, à travers une quête de vérité qui est aussi une lutte pour la survie. Suspense, frayeur, émerveillement : ce sont les ingrédients que j’ai voulu mettre dans la recette.


A-t-il la même "cible" de lecteurs qu'Animale ? Et combien de tomes sont prévus ici ?
Le cas Jack Spark est une série en 4 tomes, ou plus exactement 3 tomes + 1 car le dernier tome raconte une histoire autonome. Je connais beaucoup de lecteurs qui ont suivi les pas de Jack et ceux de Blonde, dans cet ordre ou dans l’autre !


Merci beaucoup Victor Dixen, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci à Plume Libre pour m’avoir invité.
Pour les lecteurs et internautes qui souhaiteraient continuer cet échange, je signale que j’aurai le plaisir de participer à un chat organisé par le site LIVRADDICT le 24 novembre à 14h.

A bientôt, sur un écran, dans un festival, ou dans les pages d’un roman !

 

 

Du même auteur : Biographie, chronique, interview

 

Go to top