Fabrice Pichon



Fabrice Pichon - Le Mémorial des anges

 

 

Bonjour Fabrice, pour commencer, pourriez-vous nous parler de vous ?
J’ai allégrement franchi les 40èmes rugissants il y a quelques années et je fonce vers les 50èmes hurlants. Mais en définitive j’attaque la seconde moitié de mon mandat en étant à l’aise dans mes baskets ( bottines, tiag’ …mais jamais de mocassins à pompons). 
Visionnaire, je suis Franc-Comtois, marié à une Bourguignonne depuis un quart de siècle (comme quoi le rapprochement des régions est possible), trois enfants dont deux ont développé de véritables talents artistiques (la troisième est encore trop jeune).

Vous avez fait des études de droit, est-ce que cela vous aide dans l’écriture de vos romans ?
De cette période, il me reste essentiellement une méthodologie pour comprendre les textes de lois et décisions de justice. La seule utilité pour mes romans, est de savoir où chercher pour éviter les erreurs grossières de procédure. 


Pourquoi être tombé dans le polar ?

Mon premier roman était l’histoire d’une vengeance. La vengeance d’un gamin que le monde des adultes arrache au cocon douillet de son enfance. Le polar s’est donc imposé sans que je me pose vraiment de question sur le genre d’écriture que j’allais privilégier. 
C’est certainement une des conséquences de mes lectures passées. En tous les cas je me sens bien dans ce genre au demeurant très vaste et éclectique.


Fabrice Pichon - Le Mémorial des angesLe Mémorial des anges est votre troisième roman (Vengeance sans visage et le Complexe du prisme) . Comment a-t-il vu le jour ?
A l’issue du « Complexe du Prisme », qui offre une fin laissée à la libre interprétation de chacun, j’ai reçu quelques menaces de lectrices…et j’ai compris à quel point le personnage de Marianne Bracq avait séduit son lectorat. La suite de ses aventures était donc une « obligation » morale. J’ai alors mis en veille le projet sur lequel je travaillais et je me suis attelé, avec plaisir, à la tâche.
J’attache une importance à ce que dans chaque histoire l’un des personnages récurrents ait un lien très proche avec l’enquête ou l’histoire. Ce fut donc ma base d’écriture : assigner à l’un des membres de l’équipe un rôle particulier au cœur de l’enquête. 

Ensuite, l’idée de l’histoire est née de la conjonction de deux discussions :
La première concernait un lieu de la banlieue dijonnaise où se retrouvent quelques hommes en mal de plaisirs charnels…ce qui me permettait de survoler quelques thèmes d’actualité et laissez planer un doute sur les habitudes de l’un des protagonistes.
La seconde, plus profonde, provient d’un échange avec une amie auteure sur les Instituts Médico Educatifs. J’ai constaté que ces lieux véhiculaient des images d’Épinal glauques à souhait….à des années-lumière d’une réalité que je côtoie (en tant que parent). J’avais juste envie de montrer que ce qui pouvait avoir été vrai hier ne l’était plus aujourd’hui.
Pour l’anecdote, les lieux qui sont décrits dans mes trois romans sont réels. J’ai fait deux exceptions : La première concernait la secte du « complexe du prisme » que j’ai localisé à St Raphael alors qu’elle est située à Fréjus. La seconde exception concerne L’IMP du Lys Blanc du « Mémorial de anges ». Cette entité est une pure fiction, mais je voulais la situer dans un lieu réel, occupé aujourd’hui par un ESAT ( tout comme dans le livre). Malheureusement, je n’ai pas eu l’autorisation d’utiliser le nom du domaine. Je comprends d’ailleurs cette décision et je la respecte car le thème de l’histoire était, pour les dirigeants de l’association, propice à créer des amalgames contre lesquels ils se battent : preuve que les images d’Epinal ont la vie dure.

Le commissaire Marianne Bracq est votre héroine récurrente. Comment a t-elle pris corps dans votre esprit ?
J’avais besoin de changer de personnage à la fin de « Vengeance sans visage ». 
Marianne Bracq est née de l’union de deux femmes (vous voyez, encore mon petit côté visionnaire ). Plus sérieusement, deux amies m’ont fortement inspiré ce personnage et j’ai mixé leur caractère, leur physique ( la mèche de l’une et le nez de l’autre), leur vie de famille aussi. J’ai un peu joué au docteur Frankenstein, mais avouez que ma créature est un peu plus sexy et sympathique non ? 
J’ai peut-être ajouté une pointe de fantasme et laissé s’exprimer un peu mon côté féminin pour donner une cohérence au personnage.


Quel est votre rapport avec vos lecteurs ?
Grâce aux lecteurs je vis des moments formidables et magiques. J’aime les rencontrer, échanger avec eux. En plus ils m’obligent à toujours progresser, à me dépasser. Ce sont comme des copains qu’on ne veut pas décevoir. 
Naturellement, ils flattent l’égo en faisant des retours de lecture positifs, mais ils sont également le meilleur antidote à la grosse tête : s’ils n’aiment pas, ils le diront avec autant de conviction.
Ils sont donc primordiaux pour moi et c’est une chance incroyable de pouvoir les rencontrer.


Qu’ont apporté les bloggueurs aux auteurs ces dernières années ?
Je considère qu’ils (que vous) sont (êtes) indispensables pour les auteurs. Je crois que grâce à leurs (vos) efforts et à leur (votre) passion ( parce qu’il faut bien parler de passion pour un grand nombre d’entre vous ), conjugués à ceux de quelques libraires, les auteurs des petites maisons d’édition ont la chance de pouvoir se faire connaître et/ou reconnaître. 
Dans mon cas, c’est grâce aux blogs qui se sont penchés sur mes livres que je suis sorti des frontières du régionalisme dans lequel on voulait m’enfermer (avec un certain mépris parfois) 
Je suis toujours admiratif des chroniques qu’il (que vous) mettez en ligne. Je suis même persuadé que les résumés des blogs font partie des meilleurs atouts pour un livre, parce que vous en parlez mieux que ne l’auraient fait la plupart des auteurs (moi y compris) 


Vous le dites vous même, le passé est un personnage à part entière. Comment vous y prenez-vous ?
« Nous sommes la somme de ce que nous avons été » est une phrase qui résume les meurtriers de mes trois premiers romans. Le passé est pour moi quelque chose de nécessaire. Pas pour faire dans le passéisme, mais pour mieux comprendre le présent et parfois mieux anticiper l’avenir. 
Alors naturellement, il prend une place dans mes histoires mais au lieu de jouer l’invité, il joue un rôle important.
A l’écriture, j’essaye d’avoir une vraie réflexion sur ce qui pousse mes personnages à commettre leurs méfaits. Pour cela je tente de leur construire un passé et d’y trouver des fêlures suffisantes pour qu’ils passent à l’acte.
Je me mets à leur place en me posant la question : « tu réagirais comment ? ». Mais comme il ne s’agit pas de moi, je prends systématiquement le contrepied de ce que je ferais.
Comme je veux que le lecteur comprenne les motivations des personnages au fur et à mesure de la progression de l’histoire et non pas servie au dernier chapitre), je dois vraiment intégrer cette notion du passé comme s’il s’agissait d’un personnage.


Quels sont vos projets ?
J’ai terminé l’histoire que j’avais interrompue pour me consacrer au mémorial. Cette fois-ci, j’ai souhaité quelque chose de radicalement différent de ce que j’avais fait. J’avais envie d’écrire une histoire plus sociale, plus sombre. Le rythme, l’écriture, la narration….tout est différent, mais les lieux ne sont plus identifiables car ils n’ont aucune importance dans l’histoire. 
Quant à son devenir….pour le moment je suis comme les auteurs en recherche d’un éditeur….en phase d’attente et le téléphone est mon meilleur (pire) ami (ennemi) …….mais promis je vous tiens au courant.
Sinon, je me livre à l’exercice délicat de l’écriture d’une nouvelle pour mon éditeur (éditions du citron bleu) qui s’inscrit dans le cadre d’un recueil pour fêter le 5ème anniversaire de la maison. 

Pour le reste, j’entasse quelques nouvelles idées. Je viens d’en avoir une il y a quelques heures et je crois que je tiens le sujet du prochain roman : il s’inspirera de faits réels s’étant déroulés à Toulon et une fois de plus le passé y trouvera toute sa place. Mais comme le personnage central sera proche dans son vécu d’une personne existante, il va falloir que je lui en touche deux mots…
Ensuite, j’espère faire revenir Marianne et son équipe dans de nouvelles aventures mais je n’ai pas encore trouvé le bon sujet pour eux.


Merci Fabrice, nous vous laissons le mot de la fin.

Merci Taylor, merci à vous tous qui vous êtes intéressés à mes histoires et qui me faites vivre des moments forts et inoubliables…..en espérant ne jamais avoir suffisamment d’encre dans mon stylo pour écrire le mot « fin » de notre aventure.

 

 Du même auteur sur Plume Libre : Biographie, chronique, interview

 

 

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