Jean-Marc Souvira

 

 
 
Jean-Marc Souvira

 

Bonjour Jean-Marc Souvira, que s’est-il passé dans votre vie professionnelle depuis notre dernière interview et rencontre qui datent de 2008 ?
    Depuis 2008 j’ai eu une activité professionnelle très chargée. En 2010 j’ai quitté l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains que je dirigeais depuis 2007 pour l’office central pour la répression de la grande délinquance financière. C’est un service particulièrement exposé qui se trouve au carrefour de presque toutes les affaires judiciaires sensibles. Son domaine d’activité peut se résumer à une simple phrase « l’enquête financière dans la lutte contre la criminalité organisée et le financement du terrorisme ». Une activité professionnelle particulièrement dense, mais qui ne m’a pas empêché de remplir mes carnets de notes pour mes romans. Et en septembre 2015 nouveau changement de service, ce qui est logique dans le cursus d’un commissaire de police, je suis maintenant à la Direction de la coopération internationale en poste dans une ambassade.


Les sirènes noires - Jean-Marc SouviraVotre nouveau roman, Les sirènes noires, vient de sortir chez Fleuve Noir, pouvez-vous nous le présenter ?
    Ce roman me tient particulièrement à cœur. J’ai voulu montrer aux lecteurs la réalité du fonctionnement d’un service de police judiciaire. Bien souvent dans les thrillers l’auteur montre l’affrontement entre un policier et un tueur très organisé. Dans Les sirènes noires, mon personnage principal, le commissaire Ludovic Mistral, chef de la brigade criminelle de Paris, que l’on a vu dans les deux romans précédents, est confronté non pas à un tueur qui a commis plusieurs crimes, mais à plusieurs affaires avec des tueurs différents. C’est la réalité ! En effet si les policiers pouvaient traiter une seule affaire à la fois ce serait plutôt confortable, ce qui est loin d’être le cas. Les sirènes noires montrent des intrigues multiples auxquelles doivent faire face des policiers qui n’auront de répit que lorsqu’elles seront résolues.

 

Cinq années séparent la sortie de vos derniers romans. Est-ce un choix de votre part ? Avez-vous eu plus de difficultés à écrire Les sirènes noires ?
    Effectivement cinq années séparent la sortie du dernier roman. Ce n’est pas un choix de ma part. Ce roman « tournait » dans ma tête depuis plusieurs années, en fait il a commencé à se manifester quand j’étais sur la répression de la traite des êtres humains. Mais pour diverses raisons, je n’ai eu ni le temps ni l’énergie pour écrire. Je n’ai pu le faire qu’à partir de décembre 2014. Et l’écriture a été facile, les histoires étaient bien ancrées, il n’y avait plus qu’à…

 

Les sirènes noires traite, entre autres, du trafic d’êtres humains à des fins de prostitution entre l’Afrique et la France. De par votre métier, vous avez dû en voir passer beaucoup des jeunes femmes comme Margaret…
    Des filles comme Margaret qui sont pulvérisées par les réseaux de proxénétisme, il y en a environ 60.000 qui viennent du Nigéria et se trouvent sur les trottoirs des grandes métropoles de l’Europe occidentale. Ces filles sont sous la coupe de réseaux puissants, violents, qui considèrent ces jeunes filles comme des marchandises qui rapportent de l’argent. Alors oui, des Margaret, prénom d’un de mes personnages du roman, j’en ai rencontré de nombreuses. J’ai souhaité dans une partie du roman raconter comment elles sont recrutées, transportées dans des conditions épouvantables vers l’Europe et ce qu’elles y subissent. Ce sont elles « les sirènes noires ».

 

Êtes-vous régulièrement confrontés aux pratiques « vaudous » des sorciers africains dans les affaires que vous êtes amenés à traiter ?
    Non bien sûr ! Les seules fois où j’ai été confronté à ces rites c’était pendant les enquêtes sur le proxénétisme africain et les autres enquêtes que les lecteurs découvriront dans Les sirènes noires. Difficile d’y croire au début, mais je crois que l’on n’a pas besoin d’y croire ou pas, cela existe, c’est un fait.

 

Pourquoi avoir fait le choix de mettre l’Afrique au cœur de votre intrigue ?
    Pour plusieurs raisons. Le trafic d’êtres humains entre l’Afrique et l’Europe repose sur des codes totalement différents de ceux pratiqués par les autres réseaux. L’Afrique s’appuie sur la magie, le vaudou. J’ai souhaité raconter aux lecteurs cette réalité très vivace en 2015. Je l’ai aussi rencontrée sur le terrain, en Afrique et c’est très impressionnant de voir comment ces croyances sont aussi fortes et vivaces. J’ai voulu aussi écrire un roman dont les intrigues faisaient des allers retours entre l’Afrique et Paris, avec des personnages africains, dont je me suis largement inspiré pour l’écriture.

 

En lisant vos romans, on ne peut s’empêcher de superposer votre image à celle de votre personnage principal, Ludovic Mistral. Y-a-t-il beaucoup de vous chez Ludovic Mistral ?
    Ludovic Mistral est assez proche de moi, peut-être trop pour que je puisse raconter complètement ses travers. On partage certains points lui et moi, Aix-en-Provence, la montagne Sainte-Victoire, très proche des policiers avec lesquels il travaille, il aimerait être plus souvent avec sa famille, les bandes dessinées de Corto Maltese, etc...

 

La musique et, en particulier, le jazz sont très présents dans la vie de Ludovic Mistral. Est-ce le cas également pour vous ? Quels musiciens, morceaux ont votre préférence ?
    Un autre point commun que nous partageons ! La musique m’accompagne très souvent dans la journée. Pendant que je réponds à cette interview écrite j’écoute un CD de Katie Melua. Et après le dernier CD de Léonard Cohen suivra. Miles Davis, Chet Baker font partie de mes interprètes favoris, mais aussi les voix féminines du jazz, Katie Melua, Mélodie Gardot, Diana Krall… J’ai aussi une affection pour Arno, les musiques de films d’Emir Kusturica, les groupes de rock mythiques etc. En fait j’ai un goût très éclectique.

 

Quels sont vos projets ? Reverra-t-on Mistral dans une prochaine aventure ?
    Je prépare le 4ème roman qui sera sans Mistral. Je reviendrai à mon personnage très certainement, mais auparavant j’ai envie d’écrire avec un autre ton.

 

Une fois encore, nous vous laissons le mot de la fin.
    Je remplis des carnets de notes dans le pays où je suis.
A bientôt.

 

  Du même auteur : Biographie, chronique, interview



Go to top