Carayon Christian

 

 
 
Christian Carayon

 

 

Bonjour Christian Carayon, pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de Plume Libre ?
    J'ai 46 ans et j'ai toujours adoré imaginer des histoires. Je me suis décidé à aller au bout des choses en les couchant sur le papier. Mon premier roman a été publié en 2012 et c'est ainsi que l'aventure a commencé.

Un souffle, une ombre - Christian CarayonVotre roman, Un souffle, une ombre vient de sortir chez Fleuve Editions, pouvez-vous nous le présenter ?
    Il s'agit, à mes yeux, d'un roman noir qui se situe à la frontière du genre, sans policier ni tueur en série. Si je devais le résumer, je dirais que c'est l'histoire d'un homme qui est en train de tomber et qui se retourne sur son passé pour voir en face ce qui le pousse vers l'abîme. Et dans ce passé, il y a un triple meurtre atroce qui l'a traumatisé alors qu'il était enfant...

Où avez-vous trouvé l’inspiration pour toute cette histoire ?
    J'avais envie de parler de choses que je connais: une région, une époque, un métier. L'aspect policier de mon histoire m'a donné le fil conducteur permettant le tissage entre ces différents éléments. Mais la véritable source d'inspiration m'est venue des paysages qui servent de cadre au roman.

Comment est né votre personnage principal, Marc-Edouard Peiresoles ?
    Difficile de répondre à cette question. Disons qu'il est mon avatar. Il me ressemble par certains côtés mais, du moins je l'espère, pas par d'autres. Il est à la fois acteur et spectateur de ce qu'il vit. Un peu comme un écrivain.

Marc-Edouard est professeur d’histoire, tout comme vous... Peut-on y voir un parallèle ?
    Il est professeur en université ce qui n'a jamais été mon cas. L'un des thèmes du roman étant le poids de la mémoire et du passé, il m'a paru évident d'en faire un historien.

La narration de votre roman est particulière, une écriture à la première personne, de nombreux flashback... Pourquoi ce choix ?
    Le choix d'écrire à la première personne, ce que je n'avais jamais fait, s'est rapidement imposé. Je voulais que l'on reste avec Marc-Edouard, qu'on s'immisce dans ses pensées, dans ses peurs et qu'on découvre ses failles. Je ne pouvais raconter cette histoire qu'en me plaçant à hauteur d'homme, pas au-dessus. Les flashback sont les siens ou ceux qu'il imagine.

Le décor de votre roman apporte une atmosphère angoissante. Comment avez-vous travaillé les descriptions qui donnent cette ambiance ?
    J'ai écrit avec des images très précises en tête. Les lieux existent vraiment même si j'ai modifié leurs noms. Ils ont façonné mon histoire, ils en sont presque le personnage principal. Du coup, il me fallait à la fois me montrer précis à certains endroits tout en laissant une certaine liberté au lecteur pour combler les vides et imaginer le reste.

La peur collective mais surtout individuelle est au centre de votre roman. Pourquoi avoir décidé d’écrire sur ce sujet ?
     La peur est-elle une bonne ou une mauvaise chose? Je suis parti de cette question. Elle prouve un attachement, un réflexion tout en créant des entraves et de l'obscurité. Marc-Edouard cherche avant tout à donner un visage à ses peurs pour pouvoir les regarder en face, à défaut de les faire disparaître.

Un souffle, une ombre est votre troisième livre. Pouvez-vous nous parler de vos précédents romans ?
Le diable sur les épaules et Les naufragés hurleurs sont deux polars historiques se situant dans les années 1920. Le héros est un ancien criminologue traumatisé par la Grande Guerre qui se retrouve à enquêter sur des morts mystérieuses dans un petit village isolé pour le premier puis sur une île bretonne pour le second.

Comment se déroule votre processus d’écriture ? Avez-vous en tête les principaux rebondissements, y compris la fin, dès le début ou évoluent-ils au fur et à mesure de la phase d’écriture ?
    Je modifie ma façon d'écrire et de construire en fonction du roman dans lequel je me lance. Pour "Un souffle, une ombre", j'ai bâti une trame très précise, un scénario détaillé et déjà découpé en chapitres. J'avais besoin d'un cadre solide afin de ne pas m'égarer - et égarer les lecteurs - quand le passé et le présent se mélangent. Mais j'apprécie également que mes personnages prennent le pouvoir et m'imposent de les suivre sur des chemins que je n'avais pas prévus. Ce qui a été le cas des deux romans précédents.

Etes-vous vous-même un lecteur ? Quels sont vos références et/ou vos derniers coups de cœur ?
    Je lis moins ces dernières années, malheureusement. Mes références partent un peu dans toutes les directions: Sébastien Japrisot, James Ellroy, David Peace, Alain-Fournier, Donna Tartt, Céline... Dernièrement, je me suis emballé pour "Rouge ou noir" de David Peace, "Faillir être flingué" de Céline Minard ou "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee. Tout en étant hypnotisé par l'enquête de Gitta Sereny sur les crimes commis par Mary Bell dans "Une si jolie petite fille", un livre inclassable... donc inoubliable. Et aussi attristé de voir comment James Ellroy se saborde dans son dernier roman.

Quels sont vos projets ?
    Je suis en train de terminer l'écriture de mon quatrième roman, sombre, très sombre... Toujours l'histoire d'un homme qui tombe ou plutôt qui est tombé. Une sorte de western contemporain situé dans un lieu oublié de tous... Encore un paysage qui fait et défait les êtres.

Merci beaucoup Christian Carayon, nous vous laissons le mot de la fin.
    Je n'ai toujours pas réalisé ce qui m'arrive depuis quelques mois. Donc je suis loin de m'imaginer avoir le dernier mot...

 

  Du même auteur : Biographie, chronique, interview

 

 

Go to top