Bertrand Crapez

 

 
Bertrand Crapez
 

Bonjour Bertrand Crapez, la première question est un petit rituel sur Plume Libre, pouvez-vous vous présenter ?
    Bonjour ! J'ai 44 ans, marié, deux enfants, un chat. Cela fait 20 ans que j'enseigne le français en lycée et en collège. Mais j'ai aussi, ou j'ai eu, d'autres occupations : auteur,  musicien, scénariste, dévoreur de séries télé, joueur de MMORPG, lecteur...


L'héritier du roi Arthur - Bertrand CrapezProfesseur de français, L'héritier du roi Arthur est votre premier roman, qu'est-ce qui vous a poussé dans cette aventure ? Et pourquoi avoir fait le choix de la fantasy ?

    L'idée de cette saga m'est venue par hasard quand mon fils, qui avait 7 ans à l'époque, refusait de lire autre chose que des romans de fantasy cheap, la série «Beast Quest». Je trouvais ça vraiment pauvre en rebondissements et répétitif. Je pestais un peu, en tant que père et prof je voulais qu'il s'ouvre à d'autres choses. Alors je me suis souvenu de Tolkien qui avait d'abord imaginé Bilbo pour ses enfants et je me suis dit : «Pourquoi pas moi?» . Plus modestement, je voulais juste faire une petite histoire sympa pour mon fils et lui faire découvrir le monde arthurien, alors j'ai bricolé un pitch classique (qui formera par la suite le point de départ de la trilogie) : Galaad trahit Arthur et un jeune héros va défendre le royaume. En deux semaines c'était plié, j'avais mon récit de chevaliers en une vingtaine de pages. Il a beaucoup aimé le lire, mais moi j'étais frustré, j'avais un sentiment d'inachevé. J'ai compris que j'avais en main quelque chose de bien plus prometteur. Je voulais plus que tout écrire mon propre récit arthurien pour les ados et les adultes, avec tout ce que j'aimais et qui me faisait vibrer en tant que lecteur. Et ce qui n'était au départ qu'un amusement facile est devenu une aventure qui dure depuis plusieurs années maintenant. Tel un chevalier, j'ai trouvé ma propre quête...


Votre série, Chroniques des prophéties oubliées, est publiée aux Édition Zinedi. Comment s’est passée la recherche d’un éditeur ?

    Moi qui ne suis pas très patient, ce fut un calvaire. Il m’a fallu trois ans avant de signer chez un éditeur. Ce fut plus long d’en trouver un que d'écrire le tome 1! J'ai fait des dizaines et des dizaines d'envoi, en version papier et en numérique. Un éditeur connu s'est montré intéressé et puis finalement non, un autre m'a dit oui mais a mis la clé sous la porte avant de signer quoi que ce soit, et enfin Mme Germain des Editions Zinedi m'a appelé un jour et me dit: «Je viens de lire votre manuscrit. Je ne publie pas de fantasy, je fais plutôt du roman historique, du policier, du récit de vie... Mais votre texte m'a vraiment plu. Peu importe le genre, votre histoire est vraiment forte, j'ai été dedans tout de suite. Ma maison d'édition n'est pas la plus connue, mais elle est ancienne et sérieuse. Rejoignez-vous!». J'ai accepté sans hésiter, et depuis je n'ai jamais eu à regretter cette décision, oh non! Cette éditrice, je lui dois énormément.


Dans les Chroniques des prophéties oubliées, vous faites intervenir une multitude de héros légendaires venant de tous les horizons, comment vous est venue cette idée ?

     Contrairement à ce qu'on pourrait croire, je ne fais pas une trilogie tournée uniquement sur le monde arthurien, ou uniquement sur les Vikings, ou les légendes germaniques, ou les mythes égyptiens etc... Non, j’avais envie de créer un monde «pan-mythologique», pour montrer les fils ténus et pourtant réels qui sous-tendent tous ces récits que j'affectionne  particulièrement. D'où qu'ils soient, les mythes servent à rassurer les hommes et à expliquer leur environnement. L’univers que j'ai imaginé est né sur les cendres de ces mondes anciens qui ne doivent pas être oubliés par les lecteurs d'aujourd'hui! J'ai donc pris le meilleur des sources mythologiques connues pour obtenir une histoire riche et cohérente.


Vous vous « attaquez » à des monuments comme le Roi Arthur, la fée Morgane … N'avez-vous pas été intimidé de redonner vie à ces personnages ?

    Je devrais dire oui à cette question, mais ce serait mentir. Donc, Non. Quand on refait vivre des légendes de cet acabit, l'enjeu est trop important, on sait que tout le monde vous attendra au tournant si votre projet manque d'ambition et déprécie cet héritage au lieu de l'enrichir. Il ne faut donc pas se mentir et jouer au faux modeste: comme disait le  beau-frère de Yoda, la timidité conduit à la prudence, la prudence mène à la sagesse, et la sagesse à la fuite. Et fuir, ce n'est pas faire honneur au Roi Arthur et aux autres, cqfd!  C'est peut-être de l'inconscience, moi je préfère y voir une foi sereine dans la réussite. Si on doute, alors il faut viser moins haut ou faire pousser des navets. Mais si on sent dans ses tripes qu'on est capable d'aller au bout d'un projet aussi ambitieux, alors pas le choix il faut y aller, sinon on risque d'être hanté toute sa vie par des regrets. J’avais conscience de devenir le chef d'orchestre d'un groupe prestigieux composé de ténors exigeants. Mais je savais aussi que j'étais capable de diriger ces personnages et de les faire travailler ensemble. Écrire, c'est un acte orgueilleux aussi, il ne faut pas se mentir. La seule chose que j'ai réellement redoutée, au début, c'était que mes propres personnages, inventés de toutes pièces, ne soient pas à la hauteur de ces célébrités. Mais finalement, tout s'est bien passé, le mélange s'est fait sans problème: Dargo, Kadfael, Adélice, Dorylas, Björken... n'ont rien à envier à leurs illustres prédécesseurs. Ils évoluent tous ensemble, sur un même pied d'égalité. La nouvelle génération fait honneur, à mon avis, à l'héritage arthurien.



On a écrit un nombre incalculable de livres sur Arthur, comment avez-vous abordé l'écriture de votre série ?

     Il y a eu beaucoup d’œuvres sur Arthur, ce mythe a plus de mille ans! Être un auteur arthurien, c'est une sacrée responsabilité. La matière de Bretagne n'appartient à personne mais on ne peut pas faire n'importe quoi. Étudiant, j'avais adoré la littérature médiévale, cet univers m'est donc familier. Quoi qu'il en soit, spécialistes ou non, nous sommes tous les dépositaires de cette culture, mais qu'en faire? La mettre sous cloche comme le font certains auteurs contemporains trop scolaires à mes yeux et qui ne font que réécrire à l'envi les mêmes textes sacrés, avec déférence et retenue? Trop peu pour moi! Quand ma décision a été prise, j'ai tout de suite su ce que je voulais: faire retrouver aux lecteurs le goût de l'exaltation héroïque en gardant le moteur des légendes anciennes, mais en changeant toute la carrosserie. Et pour cela il existe un genre idéal: l'heroic fantasy (les puristes parleront d'epic fantasy, mais ne chipotons pas...). Je rêvais d’un vrai récit d'aventures avec de nombreux rebondissements, des cliffhangers qui nous mettent les nerfs à vif, une histoire forte visuellement, tout en évitant les longues descriptions. Je rêvais de faire un page-turner qui prenne quand même le temps de poser des questions difficiles. Je voulais entendre rire au milieu de la tempête. Voilà comment j'ai abordé l'écriture de cette série: ma tête était pleine de défis contradictoires, et j'étais surexcité à l'idée de les relever.

Mon objectif était d’apporter, avec L'Héritier du roi Arthur, ma pierre à l'édifice arthurien et lui rendre le plus bel hommage qui soit en lui faisant gagner le cœur de nouveaux adeptes. La volonté de produire quelque chose de nouveau, voilà comment j'ai abordé cette histoire. Le royaume de Logres existe encore aujourd'hui car au fil des siècles il y a eu des auteurs qui ont osé changer des choses, inventer de nouveaux personnages, enrichir les récits. Merlin, Galaad, la Table ronde, le Graal... tout cela n'est apparu qu'au fur et à mesure.



Vous présentez plusieurs personnages sous un jour différent, souvent à l'opposé de ce qui avait été écrit sur eux jusqu'à présent, pourquoi ce choix ?

    Je préfère nuancer. Beaucoup de mes personnages sont conformes à l'idée qu'on se fait d'eux depuis le Moyen-Age: Yvain, Perceval, Arthur, Merlin, Morgane etc... sont tels que nous les a transmis la littérature classique (sage, courageux, trouble, téméraire...). Par exemple, quand je parle de la mauvaise action de Perceval envers une jeune femme dans sa jeunesse (ce qui va entraîner son fils dans de sacrées péripéties), cette faute, je ne l'ai pas inventée, elle nous vient tout droit de Chrétien de Troyes dans Le Conte du graal. Je n'ai fait que poursuivre l'idée en l'étoffant un peu. Pour d’autres, j'ai dû creuser dans leur background pour dégager des pistes nouvelles et inexplorées, comme l'origine démoniaque de Merlin qui offre la possibilité d'aventures vers les Enfers. En ce qui concerne le terrible Galaad, je n'ai fait que reprendre le personnage de la Quête du Saint-Graal, un roman du 13eme s. que j'ai étudié en long et en large à la fac (et que j'ai détesté d’ailleurs). Galaad est un chevalier créé par les clercs chrétiens pour supplanter les héros issus des traditions païennes. C'est un chevalier pur, parfait, sans aspérité, sans chaleur et qui rêve d'absolu... Il a en lui les germes d'un Anakin Skywalker qui basculera du côté obscur. Mon Galaad n'est pas l'opposé du Galaad classique, il en est juste une extension possible: chez moi, il veut le pouvoir pour créer un empire basé sur l'ordre et la discipline. Et s'il doit pour cela se débarrasser de ceux qui se trouvent sur son chemin, cela ne lui pose aucun problème. Le roi Arthur en fera les frais dès le début. J'ai juste imaginé un Galaad un peu plus orgueilleux que l'original, et le résultat est logique: il devient un tyran puissant et dangereux.


L'héritier de l'Atlantide - Bertrand CrapezDans le second tome, L'Héritier de l'Atlantide, vous invitez quelques habitants d'Ásgard, comment s'est passée leur intégration avec les autres habitants de vos pages ?


Attention, spoil, tous aux abris!

    Le panthéon viking dans son ensemble ne pouvait débouler comme une furie dans les Terres de l'Ouest, le rapport de force aurait été trop déséquilibré. L'arrivée d'Asgard devait se faire en douceur et que cela nourrisse réellement le récit de L'Héritier de l'Atlantide. C'est pourquoi seuls Odin et Loki apparaissent dans le tome 2, et de manière furtive, dans l'ombre (pour Loki), ou déguisé en ce qui concerne Odin (sous les traits du fameux Harbard, tiré des Edda, vagabond bien connu des amateurs de la série télé Vikings). Ces deux-là ne jouent pas (encore) de grands rôles... patience.



Au vu des nombreux personnages, on se doute que vous avez effectué un très gros travail de recherche, comment travaillez-vous à ce sujet ?

    C’est l'aspect le plus agréable de mon travail. Les recherches ne se font pas au hasard. Je suis très organisé, avant d’écrire je monte une foule de dossiers techniques et chacun possède un document récapitulatif qui indique de quoi j'aurai peut-être besoin. Pour le tome 1 les recherches furent relativement rapides, j'avais déjà en tête la plupart des éléments nécessaires. Je n'ai eu qu'à me replonger dans quelques livres pour le plaisir ou confirmer des incertitudes. Par contre pour le tome 2 ce n’était pas la même chose. Dire qu'on va se balader chez les Vikings puis du côté du désert égyptien, c'est facile à écrire sur son mur à post-it (oui, j'avais un mur à post-it pour noter plein de choses en plus de mes dossiers numériques). Le problème c'est qu'il ne suffit pas d'avoir vu la série Vikings ou les films La Momie pour se sentir prêt, et non. Quand il faut de la vraie connaissance, alors pas le choix: on potasse des livres, on consulte des sites, on regarde des reportages... Cela m'a permis d’emmagasiner énormément d’informations (pour les Vikings, le spécialiste que j'ai le plus apprécié est Régis Boyer). On remplit des pages de notes, même si, au final, on n'en garde qu'une infime partie pour l'histoire. Mon objectif n'est pas de faire du «wikipédia narratif», je ne suis pas un auteur-encyclopédiste, mes lecteurs découvrent des récits légendaires, de grands personnages littéraires, et s'ils enrichissent leur culture générale, tant mieux, mais hors de question pour moi de jouer au prof qui étale sa science. Je veux instruire ET divertir, les deux objectifs sont indissociables.


Un tome 3 est en préparation, pourrait-on avoir une ou deux petites informations sur ce qui nous attend ? (c'est bientôt Noël, on peut rêver … )
    Petite rectification: le tome 3 (L'Héritier d'Asgard) est terminé depuis un mois! Enfin, quand je dis terminé, il va y avoir le ballet des navettes d'ici quelque temps entre la correctrice et moi-même. Puis il faudra une couverture, une 4eme de couverture, une carte, une mise en page soignée, un dossier-presse, un dossier pédagogique pour les écoles... Bref, il y a encore du travail pour l'éditeur. La sortie se fera en octobre prochain qui est «mois de l'imaginaire».

Maintenant, que dire du tome 3 sans méchamment spoiler? D'abord, ceux qui n'ont pas lu le tome 2, fermez les yeux ou passez directement à la question suivante, c'est un conseil d'ami. Quant aux autres... vous avez compris que je prends un malin plaisir à toujours aller là où l'on ne m'attend pas. Surprendre et faire voyager, c'est un peu ma marque de fabrique. Or vous pensez que pour le 3 on ne vous y prendra plus, que cette fois vous avez pigé le truc  (j'ignore quel truc vous pensez avoir compris, et de toute manière vous vous trompez sûrement, j'y ai veillé). Vous savez néanmoins qu'on va filer sur Midgard pour suivre Loki. Oui, mais comment? Et qui dit Nidavellir et Midgard dit Yggdrasil, certes... (1er indice, flou, mais indice quand même). Et dans quels nouveaux terreaux mythologiques j'ai bien pu aller farfouiller cette fois pour en extirper la substantifique moëlle et l'intégrer dans la trilogie? (2eme indice, encore plus flou...)
Et pour le dernier indice (là il est facile), sachez que certains lecteurs  ont vu d'un mauvais œil qu'Adélice soit moins présente dans L'Héritier de l'Atlantide, et que ses pouvoirs féeriques aient disparu. Vous pensiez sérieusement que j'allais me débarrasser d'un personnage aussi précieux que cette fée-espionne devenue reine? Me passer d'Adélice alors que Loki entre dans la danse? Il faut parfois reculer pour mieux sauter...


En commençant l’écriture de votre série, aviez-vous déjà en tête les différents rebondissements, y compris la fin, ou vous laissez-vous porter par l’écriture / les personnages au fur et à mesure ?
    Écrire une trilogie de près de 1000 pages en tout, c'est loin d’être un long fleuve tranquille: en général, plus ça a l'air simple et fluide, plus l'auteur en a bavé dans la solitude de son bureau. « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage... »  ce n'est pas une légende.
Après avoir écrit l'histoire pour mon fils (qui s'appelait «Chevaliers et fées»), j'ai tout repris à zéro. Cela m'a pris des semaines avant d'écrire la 1ere ligne de récit. Il m'a d'abord fallu organiser et préparer le travail.
J'ai pensé toute la structure de la trilogie jusqu'à la fin, étape par étape, personnage par personnage. J'ai conçu mes bases de travail comme on monte un dossier pour une série télé: fiches-personnages, pitch pour chaque roman (3) , pour chaque grande partie (9 en tout), pour  chaque chapitre (plus d'une centaine), listing des cliffhangers, plans des lieux dessinés à la main avec fléchage etc... Pour les personnages principaux, ils ont eu droit  à des fiches détaillées sur leur physique, leur caractère, leur voix, leur manière de parler, leur façon de marcher ou de se battre (le plus abouti de tous fut Dargo pour qui j'ai fait des enregistrements sonores avec une grosse voix de nain à la Tolkien, juste pour être sûr que ses répliques sonnent bien à l'oreille). Mon objectif était d'avoir une écriture cinématographique.
Mais attention, si j'aime que tout soit balisé et clair, mes plans laissent toujours une place possible pour l'inattendu, afin que mon imaginaire en cours de route ne soit pas trop bridé.  De bonnes idées jaillissent souvent quand on écrit, il ne faut pas forcément les rejeter car aucune place n'a été prévue pour elles.  

Proposer des page turner avec une histoire solide, faire du divertissement en apparence facile avec une profondeur réelle, c'est un boulot de dingue. Pour le tome 3, je suis allé jusqu’à créer une maquette géante d'une bataille dans mon garage avec des legos pour les décors, des post it pour les centaines de personnages présents et pendant des jours je suis resté là à prendre des notes, à faire des essais, encore et encore, pour être sûr que la partition serait équilibrée, que le rythme des aventures serait juste. Je prenais des photos, j'enregistrais mes commentaires pour être certain de rien rater...


De tous ces personnages de légendes, lequel préférez-vous et pourquoi ?
    Il y en a beaucoup qui font écho en moi. Les méchants surtout, ou du moins les troubles, ceux qui fautent et parfois se rachètent, ou du moins essaient. La fameuse rédemption... Si je devais n'en choisir qu'un, alors ce serait Merlin. Pas le brave enchanteur de Disney, débonnaire et attachant, mais le Merlin mystérieux du Moyen-Age, doté d'une puissance qu'on devine infinie et qui pourrait faire de mauvais choix. Il n'est pas un héros central, rien n'est jamais sûr pour lui, on ne lui a pas assigné un camp à l'avance. Il doute, il conseille, il guide, il s'isole. Il prophétise sans être compris. Humain, trop humain au fond. Gandalf, l'avatar de Merlin chez Tolkien, offre aussi une variante qui me fascine énormément, évidemment...


L’humour a une place bien marquée dans vos romans, est-ce un de vos traits de caractère qui ressort ? ;)
    J'ai la prétention de croire que j'ai de l'humour, au grand dam de ma famille qui subit tous les jours mes blagues souvent qualifiées de pourries. Plus sérieusement, quand j'étais môme j'ai biberonné aux Astérix, à Gaston Lagaffe... et plus tard les récits de Tolkien, les films des Monthy Python (Sacré Graal!), la saga du Donjon de Naheulbeuk (et le Naheulband!) ou encore l'incroyable série arthurienne  d'A. Astier m'ont aidé à comprendre que le monde était déjà trop triste et sérieux pour ne pas tenter de le dérider un peu. C’est ce que je tente de faire, à mon modeste niveau.

L'humour est donc présent dans mes trois tomes, c'est vrai. Mais attention, c'est une arme délicate à manier et le dosage doit être précis. Tous les personnages ne peuvent pas faire rire. Par exemple, j'ai d'emblée exclu la moindre note d'humour chez les méchants, quels qu'ils soient. Rire avec eux ou rire d'eux, ce serait les rendre un peu moins inquétants. Hors de question ! Par contre une réplique drôle dans un moment de grande tension aide le lecteur à relativiser si c'est nécessaire. Mais le risque est de cantonner un personnage dans sa posture de clown. Là aussi j'ai joué sur les codes du genre avec Dargo, le nain ivrogne et bourru. On est persuadé pendant longtemps qu'il n'est qu'un personnage sans réelle envergure, et c'est un tort. Il a de réelles qualités insoupçonnées, même de lui.


Êtes-vous vous-même lecteur et quels sont vos livres de chevet et vos derniers coups de cœur ?
    Mes derniers coups de cœur ? Facile ! En fantasy adulte, Sénéchal de G. Da Rosa (Mnemos). Juste énorme. Moriarty de Kim Newman (Bragelonne). Glaçant à souhait. Et un petit livre philosophico-mythologico-rigolo : Les extraordinaires aventures du géant Atlas de Denis Baronnet (Acte Sud junior). Une vraie pépite.

Mon livre de chevet ? Toujours le même depuis des années : Les Liaisons dangereuses de C. de Laclos. Mon maître-bâtisseur en structure narrative. Ce livre est simplement parfait.


Qu’avez-vous envie de dire aux lecteurs qui n’ont pas encore lu votre roman ?
    Amis lecteurs, si vous aimez les romans d'aventures, pleins de dragons, de romance et de fureur, dans ce cas vous devriez allez voir le site de Zinedi, à la section « Héritier du roi Arthur ».  Vous y trouverez des extraits illustrés, les retours presse… ça pourrait vous intéresser (et mes livres se trouvent dans toutes les librairies de France, de Belgique, de Suisse...).

Et comme je suis joueur dans l'âme, sachez que j'ai caché dans le corpus des 3 tomes des easter eggs comme disent les Américains, des trésors cachés au milieu de l'histoire. Ce sont des références à d'autres livres, à des films, des chansons. Comme c'est dissimulé dans le texte on ne fait pas attention si  on ne connaît pas. Les réponses se trouvent  aussi sur le site de l'éditeur. Cela ne coûte rien, on ne gagne rien. Par contre, on s'amuse à déjouer les pièges de l'auteur si on est assez fort...


Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux, dédicaces, salons avec votre lectorat, est-ce important pour vous d’en être proche ?
    Oui, très important! Pour plusieurs raisons.

Au début, j'étais un simple électron dans la galaxie littéraire (aujourd'hui je suis un atome, donc il y a un net progrès, héhéhé...), et mon éditeur Zinedi n'avait pas de chargé de com pour moi dans les Hauts-de-France. Il y avait tout à faire. Alors j'ai pris mon bâton de pèlerin, et j’ai frappé à chaque porte de salon, de librairie, de blog... J'ai découvert que promouvoir ses livres c'était un travail à part entière, mais j'ai surtout compris que j'adore ça parce que je rencontre des tas de gens différents et passionnants.
Les lecteurs aiment parler de livres, de séries, de BD, de films, et ça tombe bien car moi j'adore échanger sut tout ce qui ressemble de près ou de loin à une histoire (j'ai aussi été scénariste et chroniqueur de séries télé il y a quelques années...). J'ai besoin de rencontrer les lecteurs parce partager des moments de complicité littéraire avec des inconnus, cela fait que nous ne sommes plus totalement des inconnus après cela. C'est peut-être bête à dire, mais ça fait du bien à mon humanité d'être proche des autres.


Quels sont vos projets ?
    L’année qui vient va être chargée. En 2018 j’ai deux sorties de livre prévues :

* en octobre le tome 3 L’Héritier d’Asgard va clore la trilogie (et ça va envoyer du lourd, du très lourd!)
* en février sortie de 1,2,3…Zombies ! aux éditions Livr’S, un éditeur belge très dynamique tourné vers les littératures de l’imaginaire. La sortie officielle aura lieu au salon du livre de Bruxelles. C’est un roman de post-apo à la fois effrayant et méchamment drôle, la couverture est magnifique ! Cette fois j’écris pour les adultes, je me permets plus de libertés et je parle de choses sérieuses avec un regard décalé et acerbe sur notre monde actuel. L’humour est encore très présent, mais cette fois il est noir et grinçant. Les vrais monstres sont déjà parmi nous car… c’est nous !

D'autre part je suis en contact avec différents éditeurs pour un livre fantastique jeunesse terminé (et que j’espère voir devenir une série), c’est l’histoire d’une équipe constituée d’ados sympas, d’un ange et d’un démon qui vivent des aventures forcément un peu magiques…

Et enfin j’ai bon espoir d’écrire un roman qui me tient à cœur, un polar fantastique sombre qui se passe en France, avec en toile de fond la Guerre d’Algérie et les services secrets français. Tous les documents préparatoires sont déjà montés, et une fois encore les travaux de recherche ont été passionnants.


Merci Bertrand Crapez, nous vous laissons le mot de la fin.

    C’est moi qui vous remercie de laisser la parole à des auteurs encore peu connus comme moi. Et plus généralement, je veux dire un grand MERCI aux lecteurs qui me font confiance depuis le début, mais aussi aux libraires et aux organisateurs de salon (je pense en particulier  à ceux d’Atrebatia, le magnifique festival de l’imaginaire d’Arras).

 
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