Jeff Lindsay

 

 

Jeff Lindsay

 



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Bonjour Jeff Lindsay, La 1ere question est un petit rituel sur Plume Libre . Pouvez-vous nous dire qui est Jeff Lindsay ?
C'est ce gars qui aimerait plutôt ne pas avoir à travailler pour vivre, donc à la place, il lit, écrit des histoires et va à la pêche.

Comment vous est venu l'envie d'écrire ?
En fait, c'est l'écriture qui s'est imposée à moi.  J'ai publié mon premier poème à 6 ans dans un recueil de poèmes d'enfants.   Puis au cours de ma vie, tout ce que j'ai tenté de faire me ramenait à l'écriture.   J'ai été acteur, et le metteur en scène me disait : nous avons besoin d'une nouvelle pièce, tu veux l'écrire ?  Et j'ai fait des comédies.  Mes amis ont continué à me demander d'écrire pour eux.  Et ainsi de suite, tout ce que j'ai entrepris m'a toujours ramené à l'écriture jusqu'au jour où je me suis dit OK, je le sais maintenant, je suis un écrivain.


Unir l'humour à des scènes de crimes plutôt "choquantes": une association qui, en principe, ne va pas ensemble, mais qui pourtant, se mélange parfaitement dans Dexter. Pourquoi avez-vous adopté ce ton ?

Tout d'abord, c'est ce que j'aime.  Même si c'est très difficile d'arriver à choquer sérieusement de nos jours.  Je l'ai poussé à son paroxysme.  
Ensuite, je ne peux pas m'en empêcher.  Si vous avez vraiment un « don » pour l'humour (et c'est presque comme un défaut), vous ne pouvez pas « l'éteindre ou l'allumer » comme vous le souhaitez.   Cela apparaît dans tout ce que vous faites.


Pour canaliser les pulsions de Dexter, Harry (son père adoptif) lui a appris à tuer ceux qui méritent vraiment... "Quitte à tuer autant tuer utile !" Dexter devient une sorte de justicier, nous y  avons tous pensé un jour, comment vous est venu l'idée d'un tel personnage? Comment  «Dexter» est-il né?

Je faisais un discours lors d'un déjeuner d'hommes d'affaire et je les ai observé parler la bouche pleine et s'échanger des sourires et des poignées de main hypocrites et là il m'est apparu que les meurtres en série ne sont pas TOUJOURS une mauvaise chose....    J'ai commencé à prendre des notes sur la nappe et je suis rentré chez moi avec une ligne directrice pour mon premier roman.


Comment faites-vous pour pour vous mettre dans la peau de Dexter ?
Comme un acteur.  Mais c'est difficile de s'y émerger trop longtemps.   Donc à la fin de la journée, j'ai besoin de m'asseoir, de caresser mon chien, boire un verre de vin, lire un conte de fée à mes enfants.  Bref, de me détendre et de redevenir normal tout simplement.


Comment choisissez-vous les noms de vos personnages ?

Je ne sais pas, ils me viennent comme ça.  Je trouve un nom et je teste sa sonorité.


Dexter est drôle, intelligent et fondamentalement honnête. Le lecteur sent nécessairement de la sympathie pour ce personnage qui n'en est pas moins un tueur en série. Comment expliquez-vous cela?
La nécessité d'une justice sans fausses accusations?
Parce ce qu'il est drôle, intelligent et fondamentalement honnête.   Il aime les enfants, il est prévenant avec sa fiancée et c'est un collègue idéal.  Si de temps en temps, il « disjoncte » et tue quelqu'un ; et bien personne n'est parfait !


Le rôle de Harry et son code sont très importants dans l'histoire de Dexter, qui agit principalement en respectant les règles établies au cours de son «apprentissage». Pensez-vous que la nature d'un tueur en série, si elle est détectée assez tôt, peut être canalisée que ce soit du bon comme du mauvais côté?
Wow.  Vous m'avez promis des questions en anglais et je ne suis pas sûr de comprendre mais je pense que c'est un concours de circonstance unique qui a fait Dexter.   C'est plausible et c'est un cocktail qui peut nous y conduire.


Comment ressentez-vous cet engouement du public (lecteurs et des téléspectateurs) pour Dexter?

Ça m'inquiète.   Je ne sors plus beaucoup.


Les États- Unis sont un grand pays, pourquoi avoir choisi Miami et la Floride comme "scène de crime ? 
C'est la ville où j'ai grandi et où j' habite toujours !


Que voulez-vous dire aux lecteurs qui ne connaissent pas encore vos livres?
Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ?   Allez, dépêchez-vous d'aller acheter mes livres !


Quels sont vos projets, qu'adviendra-t il de Dexter ? 
Dexter continuera tant que les lecteurs suivront.   Et un jour, quand je serais horriblement riche et très fatigué, je me retirerai sur une petite île quelque part pour cultiver des papayes et élever des chats gris.



Le troisième livre (Les démons de Dexter) nous montre un autre Dexter, à la recherche du «passager noir» et beaucoup plus concerné par l'enseignement d'Astor et Cody. Quel rôle auront-ils dans le prochain?
Dexter a promis de leur apprendre « le code de Harry », il doit donc tenir sa promesse.   Lors de l'écriture de ce troisième volet, à la moitié du livre à un moment particulièrement difficile, j'ai eu l'idée délirante de tuer Dexter et de laisser Cody prendre le contrôle du business familial.    Peut-être que cela finira par arriver un jour. 


Enfant, Dexter a connu des choses qui ont fait de lui un assassin méthodique. Astor et Cody sont aussi des enfants qui ont vu ce qu'ils n'auraient pas dû. Pensez-vous que c'est l'enfance qui fait de nous les adultes que nous sommes?

Jusqu'à un certain point, oui.   C'est ce que révèlent les différentes recherches sur le sujet.
Une personne particulièrement monstrueuse a sans doute été traumatisée dans son enfance.  Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille céder à tous les caprices de votre enfant par crainte qu'il ne devienne un monstre.


La disparition du passager noir en révèle un peu plus sur la personnalité de Dexter. Sans vouloir en dire trop ... Comment avez-vous eu l'idée du roi Salomon ?
Je me suis rappelé avoir lu quelque chose à son sujet dans la Bible, j'ai donc été vérifié.  Sacré boulot ; chaque peuple dans l'Histoire a reconnu que les démons étaient réels.   Avez-vous remarqué que nous utilisons tous la Bible pour prouver ce en quoi nous voulons croire, jusqu'à ce qu'elle nous contredise ?


Habituellement, nous trouvons un peu de l'auteur dans son personnage principal. Qu'avez-vous en commun avec Dexter ? Une fascination pour le maniement du scalpel, un goût immodéré pour les chemises hawaïennes...: o) ?

Je collectionne les affreuses chemises hawaïennes.   Et bien entendu, tout comme Dexter, je me sens comme un marginal.     
Lorsque vous écrivez sur un héros comme Dexter, qu'est ce qui est le plus difficile quand on écrit une série sur le même personnage ?
Trouver la juste mesure pour rendre mes romans reconnaissables pour les lecteurs qui les apprécient tout en étant suffisamment différents pour ne pas les ennuyer - et m'ennuyer.
Que pensez-vous du sucés de la série télévisée Dexter ?
L'adaptation est géniale.    Le succès est vraiment troublant. Qu'est-ce qui ne va pas chez nous ?
Avez-vous étroitement participé à ce projet ?
Non.   J'ai juste parlé avec certains producteurs, acteurs, scénaristes mais je n'ai pas à me plaindre du résultat.
Que pensez-vous de Michael C. Hall en Dexter ?
Michael est un excellent acteur qui fait un boulot fantastique.
En France nous n'avons pas encore eu la chance de découvrir la saison 2. que pouvez-vous nous dire à son sujet ? 
Elle est excellente - mais vous devriez lire davantage mes livres pour l'apprécier à sa juste valeur.

Allez-vous continuer à écrire Dexter à vie ?
Tant que je serais payé !. Ce n'est pas juste un sentiment intéressé - je travaille pour vivre.  J'ai des factures à payer et un enfant à l'université, ce qui est très onéreux dans ce pays. Si plus personne ne me rémunère pour Dexter, je devrais trouver autre chose.



Vous êtes musicien, écoutez-vous de la musique pendant que vous écrivez ? Si oui quel style ?
Effectivement la musique m'accompagne quoique je fasse.  


Quel musique conseillez-vous pour la lecture de Dexter ?

Pour les passages les plus "terrifiants" de Dexter, je vous conseille Phillip Glass.  Quand Dexter roule sur l'autoroute, la musique cubaine appelée « son ».

 

Quels sont vos livres et vos auteurs favoris ? Musiques ? Films ?  
J'aime les romans historiques - Patrick O'Brian est le meilleur.  
J'ai des goûts très éclectiques tant pour la musique - j'aime le hard rock, l'opéra, Polo Montanez, les Beatles, Green Day, Elgar... que pour le cinéma - Kurosawa, Jacques Tati,  Retour vers le Futur, Le Parrain, Casablanca - tout ce qui est bien fait.
Je pense que les toutes premières minutes d'un morceau de musique ou d'un film devraient annoncer : « Voilà ce que je suis et ce que je veux faire ».  Et ensuite, nous pourrions seulement les juger sur « A-t-il réussi à faire ce qu'il voulait ? » et non pas sur nos attentes personnelles. 


Merci Jeff Lindsay, vous avez le mot de la fin.

Les personnes qui aiment réellement Dexter doivent comprendre que l'écriture est un travail difficile.  Je ne pense pas pouvoir continuer sans quelques bouteilles de Château Laffite Rotschild, j'ai une préférence pour l'année 1963.  Mon éditeur me les fera suivre...

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