Caryl Férey







Février 2009

 



 

Bonjour Caryl Férey, la première question est un petit rituel sur Plume libre.  Qui est Caryl Férey ?
Un homme libre.

Votre premier manuscrit, roman : conte de fée ou parcours du combattant pour l ‘édition ?
Parcours du combattant. Ca ne me dérange pas, je ne suis pas mou.

Le terme « écrivain-voyageur » est souvent accolé à votre nom.  D'où vous est venue cette envie de voyager et est-ce vos voyages qui vous ont donné envie d'écrire ?
Je n'aime pas être statique, les pieds dans le mazout. J'aime l'air et le mouvement. Le voyage y participe. Ecrivains-voyageurs, c'est un truc d'éditeur...

Vous semblez notamment avoir un lien très fort avec la Nouvelle Zélande où se déroule l'action de vos romans « Utu » et « Haka ».  Y avez-vous vécu et qu'est-ce qui vous a donné envie de baser l'action de ces romans dans ce pays ?
J'y ai vécu lors du tour du monde que j'ai fait, à vingt ans. Forcément, ça marque.

Même question pour l'Afrique du Sud et votre dernier roman « Zulu » ?
Un ami journaliste s'est installé là-bas quand Mandela a été élu ; j'y suis allé et j'ai trouvé tous les ingrédients pour un roman noir. Malheureusement.

Ces deux pays ont tous deux la particularité d'avoir une histoire très chargée notamment au niveau de la reconnaissance / des conflits des différentes ethnies...   Est-ce un sujet qui vous tient à cœur ?
Oui. On fait de l'ethno centrisme alors que les autres, c'est aussi une autre façon de nous voir.

Dans vos romans il y a toujours une réflexion sociale, politique, ethnique...Quel est, en instantané, votre regard sur l'évolution du monde actuel ?
Je ne suis pas persuadé que l'humanité passe le siècle. Bush en moins, on est délesté de quelques kilos de merde. Il en reste des tonnes.

Vos romans présentent souvent un univers très noir, sombre, violent presque désespéré notamment au travers de vos personnages tels que Fitzgerald, Osborne ou encore Neuman qui sont particulièrement torturés.  Pourquoi ce choix ?
Il me faut des personnages forts pour appréhender le monde... et ce qui leur arrive !

On a l'impression d'assister à une surenchère de violence et de scènes « gores » dans les romans noirs/thrillers ces dernières années.  Qu'en pensez-vous ?
Je ne m'inscris pas là-dedans. Je n'ai aucune fascination pour la violence. Si mes livres sont violents, c'est le reflet du monde. J'espère surtout avoir des personnages humains, avec de l'amour à revendre.

Comment est né le personnage de McCash, cet « anti-héros » qui à la base n'a rien pour plaire et qui pourtant nous a tous fait succombé ?   Peut-on espérer le revoir un jour dans de nouvelles aventures ?
Je m'inspire d'un ami borgne très proche de Mc Cash (...) S'il tient le coup, Mc Cash aura de nouvelles aventures. C'est notre deal !

Vous avez également écrit des romans jeunesse.  Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans ce domaine ?
Pour amuser ma fille et acheter à manger.

Y a-t-il une différence au moment d'écrire un livre jeunesse et un livre adulte ou encore pour la radio, comme c'est votre cas ?
Le roman adulte me demande une énergie longue (3 à 4 ans), en jeunesse c'est trois semaines. Rien à voir. La radio est une affaire de rythme, de dialogue, ça va très vite et c'est passionnant quand on me laisse inviter des musiciens.

Sur Plume Libre, nous avons commencé à découvrir vos romans il y a un peu plus d'1 an seulement.   Nous vous connaissions tous de nom mais avons eu du mal à franchir le pas et pourtant nous avons tous eu la même réaction au contact de votre écriture: pourquoi avons-nous attendu autant ?   Comment l'expliquez-vous, pensez-vous que cela doit dû à un manque de médiatisation par rapport à d'autres auteurs ?
Je ne suis pas à vendre et ne tiens à faire aucune démarche en ce sens. Si des gens curieux tombent sur mes livres, tant mieux. Je n'écris pas pour plaire. J'ai le luxe de vivre de ma plume, je ne demande rien d'autre.

Vous êtes souvent présent aux différents salons du polar organisés en France (Sang d'encre, les Quais du polar, Montigny...).   Le contact avec les lecteurs est-il important pour vous ?   Y a-il un salon que vous affectionnez plus particulièrement ?
Les salons sont la seule occasion de rencontrer les lecteurs. C'est souvent enrichissant. Les salons que nous préférons sont ceux où il y a du bon vin, des filles et du rock n'roll. 

Prix Sang d'Encre 2005, prix Michel Lebrun 2005 et prix SNCF du polar 2006, le Grand Prix de la Littérature Policière 2008 vous collectionnez les récompenses. Quel regard portez vous sur cette reconnaissance de votre œuvre ? Ces distinctions ont-elles changées votre écriture ?
Manquerait plus que ça ! Non, ça fait plaisir, l'éditeur nous trouve super, mais c'est tout. Si on se croit arrivé quelque part, on est mort.

Depuis cet été, un blog de l'association "Les habits noirs" dont vous êtes membre est disponible sur le net.  Pouvez-vous nous en dire plus sur cette association, ses actions ?
Le but de l'asso c'est de secouer le cocotier, le ronron, de créer un évènement à Paris autour du Noir mais avec aussi de la musique, du slam-rap, peinture, cinéma, etc. JB POUY et Marc Villard sont instigateurs du truc. C'est l'occasion de boire ensemble,  de se câliner la gueule - on s'aime beaucoup dans le roman noir.

Que pensez-vous d'ailleurs de l'importance d'internet dans notre vie de tous les jours et notamment des sites et forums de lecteurs comme Plume Libre ou autres ?
J'y passe beaucoup trop de temps !

Comment se déroule votre processus d'écriture ?  Avez-vous en tête l'intrigue de vos livres dès le début ou évolue-t-elle au fur et à mesure ?  Avez-vous des petits rituels pendant que vous écrivez ?  La musique, par exemple ?
Je sais grosso modo où je vais mais je veux garder la fraîcheur de la découverte des personnages. Autrement c'est en musique, très fort et tout le temps : transe garantie.

A la lecture de vos livres on sent une part de poésie dans les mots et les expressions choisies. D'où vous vient ce style, cette façon d'écrire ? Avez-vous pris des cours d'écriture ? Cela vient-il de vos influences littéraires ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
La lecture. Des auteurs comme René Char m'influencent autant qu'Ellroy. J'aime les mots, la langue, les jeux sans fin qu'ils permettent.

Etes-vous vous-même lecteur ?  Quels sont les livres qui vous ont le plus marqué et vos derniers coups de cœur ?
Je suis d'abord un gros lecteur. Préparant mon prochain roman en Argentine, je ne lis que des horreurs depuis des mois. J'aime entre autre Miguel Bennasayag. Un homme très fin que j'espère rencontrer.

On trouve plusieurs influences musicales au cours de vos histoires, on pense aux Clash , à Noir Désir , à Jeff Buckley ... mais quel est votre bande son idéale pour accompagner vos romans ?
Vous venez de les énumérer. Je rajoute « Zone Libre », le groupe de Serge Teyssot-gay (Noir désir) dont l'album « angle mort » sort en février avec Casey et Hamé (la Rumeur) au rap-chant. Une pure tuerie.

Et en matière de musique ou de cinéma, vos derniers coups de cœur ?
« Les proies » de Clint Eastwood (fin 70) J'aime le cinéma amerloque de cette époque.

Quels sont vos projet ?   A quand le prochain roman de Caryl Férey ?
Un Poulpe sort en mars avec ma co-auteur radio, l'excellente Sophie Couronne. L'Argentine, c'est pour 2011 ou 12. J'écris aussi le scénario de Zulu pour le cinéma.

Vous avez le mot de la fin

Vivre libre ou mourir.


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