L'origine du mal
Cold Spring aux États-Unis est le témoin de la plus grande catastrophe créée par l'homme : près de 500 millions de personnes sont terrassées par un virus mutant. Le continent américain est rayé de la carte, inhabitable. En réaction à cette tragédie, l'INGEN est crée afin de préserver la pureté du génome humain et interdire toute manipulation de celui-ci. Trente ans plus tard, Guillaume Beaumont, jeune surdoué est accepté à l'INGEN. Mais quand le premier meurtre survient, il comprend vite qu'il est tombé dans un inextricable panier de crabe.
"L'origine du mal" est le premier roman de Gilles Haumont, ce qui est surprenant quand on voit la technique avec laquelle il arrive à maîtriser son sujet de bout en bout. En plus, pour complexifier encore l'exercice, il se lance dans un thriller scientifique, genre ô combien périlleux. En ce qui concerne la partie "technique" du roman, l'auteur amène les connaissances nécessaires à la compréhension de manière simple et fluide. Pas question ici, d'avoir deux pages complètes sur comment faire une analyse génétique. Ce qui devrait rassurer les allergiques aux sciences.
En fait, il s'agit d'un roman hybride, composé d'une grosse part de mystère scientifique, d'une louche de meurtres à la sauce whodunit, d'un fond de roman d'aventures et d'une pincée de personnages mystérieux et atypiques. A commencer par la collaboratrice russe du héros, personnage très réussi par sa volonté de ne pas se livrer et à garder un coté obscur même après la fin du roman. Les personnages sont très travaillés, ce qui provoque un début de livre assez lent mais extrêmement intéressant. C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques du roman où chaque chapitre se tient comme une mini-nouvelle et provoque une irrésistible envie de poursuivre son chemin sur l'origine du mal.
L'auteur utilise le coté "fish out of water" du héros pour nous faire pénétrer dans les mystères de la génétique et c'est peut être la seule faiblesse (relative) du roman car le côté jeune prodige de la science est un peu écorné dans la mesure où le héros semble totalement débordé au début du roman. Mais pour aborder de tels sujets complexes, l'utilisation d'un candide est absolument nécessaire. Haumont brasse ici les thèmes et les influences : Grangé pour le coté tout se recoupe de l'intrigue, Crichton et Preston & Child pour la partie scientifique et bien sûr Christie pour la partie meurtre ("10 petits nègres" est d'ailleurs cité à plusieurs reprise).
En conclusion, il s'agit ici d'un des premiers romans les plus excitants de l'année 2008 qui laisse présager un auteur diablement prometteur. On attend, avec impatience, la suite.
L'Origine du mal, Parution avril 2008 Éditions Anne Carrière
Parution février 2009 Éditions Le livre de pocheDu même auteur : Biographie, chronique, interview
