Le grand Santini
Résumé éditeur :
Caroline du Sud, 1962. Le colonel Bull Meechan dirige sa famille comme son escadron de pilotes de chasse. As de l'aviation américaine, marine exemplaire, colosse pétri de morale catholique et de principes d'ordre, Bull (" taureau ") entend qu'on lui obéisse au doigt et à l'œil. Une attitude indispensable par rapport à ses subordonnés, mais désastreuse quand il s'agit de ses proches... Son épouse, Lilian, une femme pleine de charme et de grâce, passionnée de littérature, est partagée entre l'amertume et l'admiration du héros. D'une main de fer dans un gant de velours, elle essaye de protéger ses quatre enfants des excès paternels. Quant à Ben, le fils aîné, il n'a plus qu'une année à partager avec les siens, avant de s'envoler pour ses études universitaires. Pour devenir un homme, il va devoir affronter le Père...Pat Conroy, ce nom vous dit peut-être quelque chose... Mais quoi ? On se souvient mieux d'un autre de ses livres, Le Prince des marais, roman magistral porté à l'écran par Barbara Streisand, et là vous me dites « Haaaa.... Oui, il me semble que ça me dit quelque chose ». (ceci étant dit, ne vous fiez pas au film, le livre est 1000 fois mieux).
Les livres de Pat Conroy sont justes, touchants, poignants ... Il parle de ce qu'il connait. Dans ce livre-ci, du Sud des Etats-Unis, de la vie des familles déménageant au gré des affectations d'un père, pilote de chasse, qui mène sa famille comme il commande ses hommes. D'une mère aimante, mais résignée, devant la volonté de son époux, comme pouvaient l'être les femmes des années 60.
Bull Meecham est pilote de chasse, son palmarès est impressionnant et sa réputation presque légendaire, c'est l'un des meilleurs et il est tout naturel pour lui, que son fils aîné, Ben, suive ses traces.
Le grand Santini, nom de guerre de Bull, règne sur sa maisonnée comme sur ses troupes, d'une main de fer, sans gant de velours, il fait preuve d'autorité et de rigueur bien trop militaire pour sa femme Lilian, femme raffinée et douce, et pour ses quatre enfants.
Tous les ans, la famille déménage suivant les différentes affectations du colonel. Tous les ans, les enfants Meecham doivent se faire de nouveaux amis, découvrir une nouvelle école et tout ça, sans rien dire.
Même si Bull Meecham est un élément clé de ce roman, le personnage principal reste Ben, ce jeune garçon de 17 ans, qui tente d'affirmer une personnalité qu'il a lui-même du mal à trouver. Il trouvera l'attention dont il a besoin, non pas chez son père, mais en la personne de son directeur d'école. L'affrontement entre le père et le fils est donc inévitable et même si l'un comme l'autre le cherchent, l'attendent, l'espèrent, et même si Bull nous apparait comme la brute épaisse qu'on a plaisir à détester, ces deux là s'aiment énormément, mais ne savent pas comment se le dire.
Ce livre est tout simplement excellent, une histoire fabuleuse, impressionnante par la sincérité qui s'en dégage. Pour une fois, quelqu'un ose dépeindre une famille où tout ne va pas bien. Pat Conroy donne un sérieux coup de griffe dans l'image de ce père trop souvent absent, ce père qui ne vit que pour son pays. Il entrouvre une porte qui laisse voir que la vie d'une famille de militaire n'est pas aussi rose que ce que peuvent en dire les autorités.
Malgré un succès indéniable, chaque nouvelle parution se fait dans la plus grande discrétion, preuve en est s'il en faut, qu'il n'a pas besoin d'un tapage médiatique, son seul talent suffit.
Que ce soit « Le grand Santini », « Le prince des marais ou « Beach Music », je ne peux que vous conseiller de découvrir cet auteur.
Ses personnages sont criants de vérité, l'ambiance de ses livres est parfaitement rendue, vous passerez du rire aux larmes, à un sentiment de révolte, en quelques pages seulement. Certains dialogues sont tout simplement savoureux, les moments, rares, de tendresse infinie, qui viennent s'immiscer dans le récit, montrent que même un « yankee » un peu bourru peut, lui aussi, éprouver des sentiments.
J'ajouterais juste que j'ai lu ce livre pour la première fois il y a plus ou moins 15 ans et que j'ai eu le même plaisir, voir plus, à redécouvrir cette histoire et le style de Pat Conroy.Le grand Santini, réédition juin 2008 éditions Belfond
Parution juin 2009 éditions Pocket
Du même auteur Biographie, chronique, interview
