Carole Fives






Avril 2010









Carole Fives vous n'échapperez pas à notre question rituelle lors d'une première interview sur plume-libre. Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour ! (je dis souvent bonjour pour me présenter !)



Vous avez une formation de plasticienne, et vous avez commencé à écrire sur vos toiles. L'envie d'écrire était-elle si forte ? Quel a été le déclic pour vous lancer dans l'écriture ?

Le déclic a été la difficulté à dire certaines choses avec le medium pictural.
Les mots sont d'abord venus sur la toile, directement, puis je suis passée au papier, c'était plus économique pour écrire un roman ;)



L'écriture est-elle pour vous une autre façon de créer ou est-elle juste un autre support complémentaire dans votre parcours créatif ?

L'écriture, pour moi, est clairement une autre façon de créer. Elle a ses propres contraintes qui suscitent une autre attitude, et d'autres espaces. 


Quel est votre regard sur l'art contemporain ?

Un regard passionné, sur la peinture et la vidéo notamment. J'admire l'œuvre de Marlène Dumas, de Luc Tuymans, Marc Desgranchamps, Charlotte Beaudry, Marc Molk, qui est aussi un ami... En revanche, je suis inquiète sur la vitesse des modes dans l'art, la peinture exige engagement et temps, il est très difficile d'être peintre en ce moment.


Votre premier ouvrage : Quand nous serons heureux est un recueil de nouvelles. Quelles ont été vos influences ? Pourquoi des nouvelles plutôt qu'un roman ?

Mes influences sont multiples, je lis énormément. Pour en citer quelques unes : les Microfictions de Jauffret, l'œuvre de Rodrigo Garcia, de Valérie Mréjen, mais aussi bien-sûr de Nathalie Sarraute.
Je n'ai pas le sentiment d'avoir écrit des nouvelles mais plutôt des monologues, qui se recoupent, au niveau des thématiques, des personnages.


Dans vos nouvelles, vous captez le quotidien au fil de portraits. Est ce donc pour livrer une satire de notre époque ?

Je n'ai pas eu cette volonté de livrer une satire de mon époque mais juste de décrire le quotidien des gens que je croisais.



Comment avez-vous choisi l'ordre de vos nouvelles ?

Avec mon éditeur, nous avons choisi de commencer par un plan large, Ploucville, qui parle de l'influence de la ville sur une personne, les textes suivants se resserrent autour des personnages. Peut-être que chacun d'eux, à sa façon, porte son propre Ploucille en soi...



Comment écrivez-vous ? Quelles sont vos sources d'inspiration et votre rythme d'écriture ?

J'écris quand j'en ressens le besoin, dans l'urgence le plus souvent. Même si l'urgence peut parfois durer des semaines...
Je m'inspire de mon quotidien, des choses que je ressens, de micro-impressions. Le temps de l'écriture, contrairement au temps de l'action, permet de poser ces micros-impressions, de leur donner leur place et parfois, l'on remarque de toutes petites intuitions sont essentielles. Il suffit de tirer le fil, de les laisser grandir, s'épanouir...
Je n'ai pas de rythme d'écriture défini. Mais j'essaie de m'en imposer un, plutôt le matin...


Dans Quand nous serons heureux vous critiquez vous-même votre recueil par la voix d'une de vos amies. Maintenant que le recueil est sorti et rencontre le succès, quelle critique feriez-vous de votre livre ?


La mise en abyme du dernier texte était une façon amusante pour moi d'exorciser les critiques que l'on me ferait. L'accueil que les lecteurs ont réservé à « Quand nous serons heureux » est un soulagement, et me permet d'aller de l'avant, dans l'écriture comme dans la vie.


« Amoureux solitaires dans une ville morte Amoureux imaginaires après tout qu'importe! Que nos vies aient l'air d'un film parfait... » ces paroles de Jacno et Elli Medeiros sont un bon résumé de votre recueil. C'était aussi le titre au départ de l'une de vos nouvelles. Le manque d'amour est présent dans presque chacune de vos nouvelles. Est-ce un fil rouge volontaire de votre part ou ce sont les nouvelles qui l'ont imposé d'eux même ?

Mes parents avaient ce 45 tours et j'ai été très surprise de retrouver la version originale, Lonely Lovers, interprétée par les Stinky toys, Elli et Jacno. Tout le recueil est dans cette chanson, Ploucville est une ville morte, et tous ses protagonistes sont des solitaires, d'où la juxtaposition de monologues. Le croisement des personnages dans l'avant-dernière nouvelle, Vernissage est très factice puisque chacun parle mais que personne ne lui répond.


Au fil de Quand nous serons heureux, on navigue entre contradictions, mensonges pour laisser place à une vérité qui diffère suivant les personnages. En fait tout ne serait-il qu'illusion ?

Toute littérature est mensonge, même si elle tente d'approcher une certaine vérité...



Vous venez de sortir votre premier roman jeunesse Zarra pouvez-vous-nous en dire quelques mots ?

Avec plaisir. «Zarra » paraîtra en collection Neuf, à l'école des loisirs. Il s'agit du regard que porte une fillette de 12 ans sur sa mère dépressive. Pour fuir une réalité un peu lourde, Axelle-Zarra s'identifie à une héroïne de fiction, Fantômette. Ce qui la transforme en petite justicière.
Il y a très peu d'ouvrages de littérature jeunesse qui traite de la dépression des parents, c'est une approche à la fois grave et humoristique.


Quels sont vos projets ?

Un roman. Des romans ! J'espère !


Quels sont vos derniers coups de cœur artistiques, littéraires, musicaux ou cinématographiques ?

Au cinéma, Hadewijch de Bruno Dumont.
Livre : Je suis complètement battue, Eleonore Mercier
Expo : Iris Levasseur, à la galerie Odile Ouizeman


Merci Carole Fives, nous vous laissons le mot de la fin.

Merci à vous, plume libre, et longue vie à votre enthousiasme et à votre site !


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